Chapitre IV

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Point de vue de Louise-Victoire

« Bonjour Mademoiselle, il est l'heure ! »

Je marmonnai et me retournai paresseusement dans mes couvertures, réveillée par la voix de la domestique qui écartait les tentures de mon lit.

« Mhhn encore quelques petites minutes s'il vous plaît... »

Soudain je me souvins que j'avais prévu de me lever tôt pour avoir un peu de temps libre avant les leçons du matin, alors je sautai vite du lit. Je passai les premières couches de vêtements et allai vers la commode où je me lavai le visage dans la petite vasque en faïence. La domestique m'aida à défaire mes tresses et peignit mes cheveux, puis elle les coiffa pendant que je réfléchissais à la robe que j'allais porter aujourd'hui. Il avait l'air de faire beau temps, j'entendais les oiseaux chanter d'ici.

J'enfilai la robe taupe que la domestique m'aida à nouer, et je laçai mes chaussures de cuir.

Quand je fus prête, j'allai attendre Sophie-Charlotte près de sa chambre. Avant, nous étions dans la même chambre. Mais depuis que Joséphine était partie chez son mari, Sophie-Charlotte avait pris sa place dans la chambre d'Elisabeth. Toutes deux s'entendaient à merveille malgré les sept ans qui les séparaient. Ma jumelle était très admirative de notre ainée, et désirait beaucoup lui ressembler. Elle prenait exemple sur elle et essayait de se comporter comme une demoiselle et non comme une enfant. Enfin... la plupart du temps. Parce que je restais sa jumelle et nous passions beaucoup de temps ensemble, nous faisions nos cours ensemble et nous jouions ensemble. Elisabeth, elle, ne jouait plus, elle était trop âgée pour cela.

Partager sa chambre avec Sophie-Charlotte, cela avait des avantages. Moi j'aimais bien quand on s'aidait pour s'habiller ou se coiffer. Mais je faisais malheureusement beaucoup de cauchemars, ainsi maintenant je ne la réveillais plus en pleine nuit avec mes cris.

Dès que Sophie-Charlotte arriva, je l'entraînai dehors pour aller courir dans le jardin.

L'air du matin était frais. Je serrai mon châle sur mes épaules. C'était si joli, les fleurs étaient encore couvertes de rosée.

Je remarquai soudain un trèfle à quatre feuilles près de la fontaine. Il était planté là, comme s'il m'attendait. Je le pris avant de revenir vers la maison.

Notre gouvernante nous attendait à neuf heures dans le salon jaune pour commencer les leçons. Nous ne devions pas être en retard.

Je passai le matin à apprendre l'histoire, l'écriture et le calcul, et l'après-midi Flavie nous fît faire de l'aquarelle et des travaux d'aiguille. Je n'étais pas douée avec l'aquarelle, bien que je trouvasse cela très amusant.

Le soir, après avoir joué un peu de pianoforte et de harpe dans le grand salon, je montai dans ma chambre et trouvai une lettre sur mon lit.

« Qu'est-ce donc ? demandai-je, surprise

Habituellement, lorsque je recevais du courrier, c'était Mère qui me l'apportait puisqu'elle le lisait au préalable.

- Je ne sais point, mademoiselle, mais je n'avais jamais vu ce sceau auparavant sur vos correspondances, alors je me suis permise de vous l'apporter directement. J'ai pensé que ça devait être spécial. Elle est arrivée cette après-midi, lorsque votre Mère était de sortie, j'espère qu'elle ne sera pas fâchée que je ne lui aie pas montré en premier ...

- Merci infiniment. C'est parfait, dis-je, ravie

- Bon, je vous laisse je vais chercher de l'eau pour votre toilette. »

Je m'empressai de lire la lettre. Elle venait de Marie-Félicie ! Elle nous invitait dans son manoir ! Oh, j'espérais tant que Père et Mère accepteraient ! De toute façon, il était impoli de refuser une invitation et je pensai qu'ils ne prendraient pas le risque de passer pour des gens de mauvais goût.

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