Chapitre XV

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Point de vue de Marie-Félicie

Lorsque je dansais avec des jeunes gens qui étaient des futurs héritiers de titres de noblesse et de manoirs ça et là, je ne pu m'empêcher de chercher des yeux les deux seules personnes chères à mon cœur ; Alexandre et Louise-Victoire. Je dansai beaucoup de quadrilles mais à mon grand désespoir, ils étaient tellement loin de moi.

Les quadrilles étaient généralement des danses dansées à deux couples, soit quatre personnes. Il fallait sautiller, se déplacer sur le côté, en pas chassés. C'était une des premières danse que j'avais apprise avec Henriette. Une des seules que je pourrais faire les yeux fermés, tellement je connaissais les pas. Il y avait quatre mouvement : le pantalon, l'été, la poule et la pastourelle. Il fallait saluer le cavalier en souriant puis se saisir des doigts gantés du monsieur. Légèrement. Puis, enchaînement de pas, sourire encore, révérence toujours et cela durant un temps assez long. Des fois, on pouvait augmenter les personnes pour danser le quadrille et se retrouver à quatre ou huit couples. J'aimais beaucoup le quadrille car on échangeait nos partenaires, même si, au final on revenait avec le cavalier du début.

J'avais en revanche un carnet de bal qui se remplissait vite car Mère m'avait déjà présenté à différents jeunes hommes qui m'avaient demandé de leur réserver une danse, mais dans mes rêves les plus intimes, je n'en désirait qu'un seul. Celui dont je portais le bracelet.

Mes pas ne furent assurés que pour le quadrille, la mazurka étant une danse que je ne connaissait pas. Elle était toute nouvelle dans les bals m'avait certifié Mère. Cependant, j'étais plus à l'aise avec la valse parce que je laissais mon cavalier me guider. D'ailleurs, c'est ce que je dansais actuellement avec un homme assez vieux, au ventre rebondi, au crâne légèrement dégarni. J'essayai de ne pas le regarder car lui me regardait et j'avais l'impression que j'étais un plat dont il aurait voulu se délecter. Jamais je n'avais ressenti ça avant. J'avais l'impression d'être une petite souris entourée de prédateurs, tellement de nombreux regards traînaient sur moi. J'en étais terriblement mal à l'aise.

Quand la danse fut finie, j'allai rejoindre Mère qui me tendis un rafraîchissement. Je trempai mes lèvres rouges au bord du verre et je me rafraîchis de la boisson à la pomme. Je soupirai en redescendant le verre et je croisai le doux regard d'Alexandre de Cléry. Mes lèvres s'étirèrent et mon cœur accéléra. Je reposai le verre précipitamment et Mère le remarqua. J'espérai qu'elle ne m'en tiendrait pas rigueur. L'élégant nous salua et demanda l'autorisation à Mère pour m'emmener valser. Je m'éventai car je sentais le rouge me monter aux joues quand ma mère acquiesça. Je lui laissai mon éventail, mon pochon et elle les posa à côté de mon châle. Elle me fit signe d'aller sur la piste et quand Alexandre me pris la main pour m'entraîner sur le carrelage en damier noir et blanc, je me retournai et envoyai un baiser à Mère pour la remercier.

Mon regard se perdit dans ses profonds yeux marrons et je m'appliquai à poser mes doigts où il fallait ; sur son bras et sur ses doigts gantés. Quand je sentis sa main venir s'échouer dans le bas de mon dos, je frémis et ris doucement. Nous nous élançâmes sur le côté droit au son de la musique.

« Il me tardait de danser avec vous mon cher et élégant Alexandre.. Comme si j'avais attendu ce moment depuis la lecture de votre courrier. »

Je lui souris et je ne trichai pas avec lui. J'étais moi-même et je pouvais me laisser aller, tout en restant dans les convenances d'une jeune fille dont c'est le premier bal. Je me laissai enivrer par son doux regard posé sur moi. J'en vins à penser de ce que j'éprouvai pour lui. Est-ce de l'amour? Ou une certaine admiration, vu qu'il souhaitait s'engager sur un bateau pour parcourir les mers.

J'essayai de suivre ses pas, mais je m'aperçus qu'il était tendu. Alors, qu'importe la tenue à avoir pour une jeune fille de mon rang, je lui caressai tendrement son bras de mes doigts fins. J'essayai que seul lui le remarque et pas les autres couples. Seulement, chacun s'occupait à danser et nous étions seuls, dans notre bulle. Aussi, je lui souris en lui faisant remarquer.

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