Chapitre XIX

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Point de vue de Marie-Félicie

J'entendis une douce mélodie se jouer dans ma tête. Un air que ma boîte à musique gardait au plus profond d'elle-même. Cette boîte à musique, je l'avais toujours associé à Père. À ce moment intime où, apprenant la grossesse de ma mère, il était revenu au plus vite sur son fougueux étalon.
Mère avait raconté cet épisode bouleversant de sa vie, une seule et unique fois. De comment il était arrivé, si soudainement, un soir d'hiver, créant chez elle un sursaut d'émotions.

*Flashback*

L'officier avait ouvert la grande porte du manoir et s'était précipité pour soulever et faire tourner la jeune femme brune dans ses bras. Elle en était toute chamboulée. Un doux rougissement s'était emparé de ses joues et elle demandait à son mari d'être reposée à terre. Aussitôt fait, il l'avait rapproché de son torse et écrasé ses lèvres sur les siennes. Un doux gémissement s'était échappé d'entre ses lèvres.

« Catherine, ma précieuse femme~ Est-ce vrai ce que vous me dites dans cette lettre? Est-ce vrai que vous portez la vie dans votre ventre? »

Ses doigts étaient emmêlés à ses cheveux bruns et lâchés. Ils les faisaient tournoyer pendant que, la jeune femme, rougissante encore, secouait doucement la tête de bas en haut, avant d'enfouir son oreille et sa main contre le cœur de son cher époux.

« Si vous saviez depuis combien de temps j'espérais vous revoir.. »

Un soupir long franchit la barrière de sa bouche. Elle releva ses yeux vers lui. Ses yeux d'où allaient s'échapper des perles salées. Et un sourire naquit au coin de ses lèvres.

« Le médecin est passé la semaine dernière et me l'a confirmé. Je vous ai écrit à la suite de cette visite, mais je pensais que vous étiez trop occupé po-..

- Catherine~ Ma chérie~ Jamais ô grand jamais je n'aurai manqué de revenir vous féliciter pour cette merveilleuse nouvelle.. Je tiens à vous.. Je vous aime tant!

- Jean-Baptiste~ Je vous aime également~ »

*Fin du flashback*

Une larme coula sur ma joue rebondie. Jamais je ne connaîtrai la véritable chaleur d'un amour partagé. Moi, la fille de printemps. Née en avril. Et en ce matin printanier, sachant que j'allais rejoindre Louise-Victoire et plus tard, Alexandre; je décidai de m'habiller avec une robe blanche. Le blanc représentait la pureté, l'innocence, la virginité et ce sont des qualités que je n'aurais bientôt plus.

Je m'étirai longuement et sortis de mon lit. J'enfilai mes pantoufles ainsi qu'un large peignoir pour pouvoir descendre en bas. Là, je retrouvai Mère qui me regarda d'un air abasourdi.

« Marie-Félicie, êtes-vous sûre que vous avez bien dormi? Je vous trouve un peu pâlichonne..
- Peut-être que je le suis? En revanche, ces deux jours passés chez la famille De Clery vont me faire du bien. J'ai hâte que Louise-Victoire vienne me chercher! »

Mère se rembrunit.

« Ne vous réjouissez pas trop vite, car une fois que vous serez fiancée, je vous surveillerai de bien plus près. »

Je baissai les yeux et hochai la tête machinalement. Mère avait accepté puisqu'elle savait qu'Alexandre était à l'académie, loin, très loin de sa famille. Et elle me pressait toujours autant avec mes prétendants pour me choisir un futur fiancé, bientôt futur mari.
Je pris mon petit-déjeuner et je remontai, avec Henriette, faire ma malle pour le séjour chez les De Cléry. Je choisis une belle robe rose pour le lendemain et j'emportai aussi ma robe de nuit.

« Henriette, veuillez aussi ajouter mon nécessaire de toilette ainsi que ma brosse à cheveux.
- Oui Mademoiselle. »

Une fois habillée et coiffée, je mis mon chapeau et pris mon châle. Une voiture m'attendait et un domestique y chargea ma malle.

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