Chapitre XVIII

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Point de vue de Louise-Victoire

La lettre que je reçus de Marie-Félicie me fit comme un poignard dans le cœur, toute la tristesse que mon amie avait couché sur le papier ne me laissait pas indifférente et me rendait triste à mon tour. J'aurais aimé faire tant pour elle, et je me promis d'essayer de faire de mon mieux et par tous les moyens qui étaient à ma disposition.

J'étais aussi fort déçue de la réaction de madame de Maupertuis, même si j'aurais dû m'y attendre. Je ne savais que faire exactement mais je savais que je n'allais pas baisser les bras. J'allais faire comme Marie-Félicie m'avait demandé, et organiser leur rencontre en ville. J'espérais tant que cela ne serait pas leur dernière entrevue. Par ailleurs, je pris un étonnant plaisir à jouer les entremetteuses.

Le soir même j'écrivis une lettre à Alexandre pour l'informer de la situation.

Bonjour Alexandre, 

J'espère que vous allez bien et que tout se passe pour le mieux à l'académie.

J'aimerais, croyez-moi, venir avec de plus belles nouvelles, mais je me dois de vous prévenir de quelque chose. C'est triste à écrire, si seulement je pouvais vous le dire en face... Il se trouve que Marie-Félicie m'a fait parvenir une bien sombre lettre, où elle me dit que sa mère ne vous approuve point et ne souhaite point vous voir uni avec sa fille. Elle n'a, il ne me semble pas, utilisé ses termes précis, mais voilà la situation en quelques mots.

Sachez que je suis fort désolée, si fort que vous ne pouvez l'imaginez. Mon souhait le plus cher est de vous voir tous deux heureux et cette situation ne rend pas les choses plus faciles. Je suis sincèrement navrée. Alexandre, si je pouvais lui parler, à sa mère, pour lui conter comment vous êtes vaillant et bon !

Enfin, ne perdez point espoir, je suis sûre que nous trouverons une solution. Il le faut. Marie-Félicie m'a chargée d'organiser un rendez-vous avec vous, serait-ce possible de faire comme la dernière fois ? Je l'amènerai chez le tailleur ou quelque chose comme cela et ensuite vous irez vous baladez. La semaine prochaine vous irait ? Marie-Félicie semblait pressée de vous revoir.

A bientôt 

Votre très chère sœur, Louise-Victoire

En rangeant la lettre de Marie-Félicie dans mon secrétaire je la relus une dernière fois et me rendis misérablement compte que celle-ci me pressait, je venais de le comprendre, de ne pas révéler à Alexandre les raisons de leur rendez-vous. Quelle sotte je faisais ! Oh j'espérai qu'elle ne m'en voudrait pas trop, j'étais tellement tête en l'air. Il fallait dire que j'avais beaucoup de choses qui me causaient des tracas ces derniers temps ... avec les probables fiançailles d'Elisabeth, je serais la prochaine sur la liste. Cette pensée me tordait l'estomac.




Point de vue de Alexandre

Avant le déjeuner on m'apporta une lettre avec le poinçon de ma famille. C'était Louise-Victoire. La lettre lue, je fus empli d'un désespoir soudain. J'aurais pu dire que j'en voulais à Madame de Maupertuis. Enormément. Je la détestais presque sur le moment. Mais au fond, cette situation ne m'étonnait pas. Je n'étais point éberlué quant à cette annonce, comme si je m'y attendais un peu, comme si ces craintes étaient déjà en moi... Je n'étais point à la hauteur, je n'étais pas ce qu'elle recherchait pour sa fille. Mais j'aurais tant aimé l'être...

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