Chapitre 32

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Chapitre 32

Moi aussi, je me mis à courir, pour m'interposer entre les deux. Dans une sorte de distorsion temporelle, comme il en arrive souvent dans les moments importants, j'eu le loisir d'observer les traits de l'assaillant. Son visage était ridé, mais ses yeux d'un noir encre montraient une détermination sans faille.

Je plaquai ma main, protégée par un écrin de glace, sur son bras tranchant et gelait immédiatement la partie droite de son corps. Mais Beleor était très rapide, et fort, malgré son âge, si bien qu'il se dégagea de mon emprise et parvint à reculer de quelques pas, à cloche-pied. Je me précipitai alors vers lui, il fallait le neutraliser tant qu'il était en position de faiblesse. Il fit un mouvement ample de son bras gauche -ou plutôt de sa lame gauche- pour me tenir à distance, mais je déviais le coup de mon propre bras, équipé d'un gantelet de glace.

De ma main gauche, je pus alors le toucher au torse, ce qui le transforma instantanément en statue de glace.

Au moment même où je me retournai vers Rendal, celle-ci se prit des balles perdues dans l'estomac et le bras gauche. Heureusement, seul le bras était touché, puisque son gilet pare-balle avait amorti l'autre balle -mais la douleur, elle, était bien réelle.

Je me précipitai vers elle pour l'aider.

- T'en fais pas Kaylen, tout va bien... Je vais me faire un garrot et voilà.

- Tant mieux, tu peux continuer ? lui criai-je par-dessus le bruit

- Oui, mais l'autre s'est échappée. C'est de ma faute, j'ai été distraite par Baleor, je ne l'ai vu s'approché. Et elle en a profité pour s'échapper...

Même sans moi, ses réflexes auraient pu la sauver, elle était incroyablement réactive.

Toutefois, je n'eu pas le temps de m'émerveiller une nouvelle fois sur les capacités de Rendal.

Face, à nous, paraissant aussi nombreux qu'au début de la bataille, l'armée adverse avançait inexorablement vers nos lignes, nous dominant en nombre comme en artillerie.

Et les renforts n'étaient toujours pas là.

Depuis que je savais contrôler ma Capacité, depuis que Madame m'avait prise sous son aile, je me considérais comme une combattante douée.

Puissante.

Je savais de quoi j'étais capable, et je savais que je pouvais faire mal, très mal à l'ennemi.

Pourtant, face à ce qui nous arrivait, je me sentais petite, submergée.

Comment avaient-ils fait pour amener autant de soldats au même endroit sans que nous nous en rendions compte ? Comment était-il possible qu'une véritable armée et non pas quelques bataillons soient en face de nous ?

Pourquoi nos repéreurs n'avaient-ils rien vu ?

Mais toutes ces questions ne servaient à rien. Elles affluaient dans ma tête à une vitesse folle, sans pour autant m'aider à trouver une solution.

Rendal, toujours à côté de moi, avait une expression grave sur le visage. Ses longues tresses noires étaient couvertes de terre et de sang, sa blessure au bras saignait abondamment et elle paraissait épuisée. Elle comme moi étions dans un mauvais état. Simplement pour essayer de nous défendre et de protéger nos troupes, nous devions utiliser nos Capacités à un rythme effréné et énergivore.

Nous avions désespérément besoin de renforts.

Pour retarder l'avancée ennemie, je créai une sorte de patinoire géante, sur laquelle ils glissaient et tombaient. J'arrivai à geler ceux qui étaient immobiles assez longtemps, mais ceux qui bougeaient rapidement n'était pas bloqués dans la bogue de glace...

Effet dominoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant