Chapitre 7

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Chapitre 7: Lettre

Le lendemain, je ne voulais clairement pas me réveiller. Me dire que je devais me lever dans un monde de mystères et de cachotteries ne m'enchantait absolument pas ! Après avoir été habillée par mes femmes de chambre, je descendis rapidement prendre le petit déjeuner.

Comme d'habitude Tobbyan et moi ne furent pas invités à prendre part à la conversation. Ce repas se finit en vitesse. Mes bagages étaient déjà dans notre voiture, il ne me restait plus qu'à partir.

Je fis un dernier tour dans ma chambre, je n'allais pas la revoir avant longtemps... Dans l'encadrement de ma porte se tenait une jeune servante.

C'était la première fois que je la voyais, elle devait donc être une nouvelle. Elle me fixa et me pris les mains « De la part de monsieur Tobbyan... Vous ne devrez l'ouvrir que lorsque vous serez seule. » Sa voix n'était qu'un chuchotement. Elle partit aussi vite qu'elle était arrivée, ses cheveux bruns flottants en cascade derrière elle.

Elle m'avait laissé une lettre, posée dans mes mains. Tant de précautions pour une simple lettre! Ça devait vraiment être important, je la cachais donc vivement dans ma poche de pantalon.

Mes parents me dire au revoir avec un bonheur assez évident; ils étaient tout le temps heureux quand j'étais au Grand palais. Ma mère me complimenta sur mon choix de pantalon, excellente qualité, qui s'accordait avec ma chemise et ma veste.

Mon frère, enfin, me salua. Je pouvais lire dans ses yeux qu'il voulait que je lise la lettre. Je montai en fin dans la voiture, le chauffeur démarra et je pus sortir la lettre (une vitre teintée me séparait du conducteur).

Mes mains n'arrêtaient pas de trembler tant j'appréhendais ce que j'allais lire...

Marlie,

Parfois il y a des choses qu'on ne peut dire en personne, les murs ont des oreilles comme le dit si bien Père. La jeune femme qui t'a remis cette lettre est une personne de confiance, je sais qu'elle ne dira rien à nos parents.

Sache que je suis surveillé, d'où l'intervention pile au bon moment de père la dernière fois.

Reprenons où nous en étions.

Marlie, tous les enfants naissant à Nariel sont élevés dans le culte de la famille impériale. Ils sont les dieux du peuple, des êtres incroyables, nés pour diriger l'Empire, dans des corps banals d'êtres humains. Demande-toi à quoi l'on pense quand on voit tout cela de l'extérieur. Pour moi, ça fait longtemps que l'illusion ne fonctionne plus...

Je trouve que ce pays ne tourne pas rond. Globalement, c'est ça que je voudrais te faire comprendre. J'ai essayé plusieurs fois par le passé de te dire ce que je pensais, mais tu as été très bien éduquée par nos parents, tu aimes ce pays comme s'il était ton enfant et tu ne vois pas ses défauts. C'est drôle, non ? Nous avons reçu la même éducation toi et moi, et pourtant nous n'avons absolument pas les mêmes valeurs. Je voudrais courir, mais toi, ton seul désir est de fermer les yeux et dormir... Belle image, je trouve. Ta situation est confortable et te conviens, tu as l'impression qu'il ne te manque de rien, pourtant tu ne possèdes pas le plus important : la liberté.

Nariel est pourri à la racine, j'espère qu'un jour tu t'en rendras compte. Tu es bloquée dans une cage dorée, mais regarde dehors et tu verras la pauvreté.

Libre à toi de me considérer comme un traître, de ne plus me parler. Si tu avais l'intention d'utiliser cette missive contre moi, sache que quelqu'un qui m'est favorable la détruira. Par contre, si tu es neutre ou de mon avis, préviens-moi.

Je suis tout de même heureux que tu saches enfin mon opinion...

Ton frère qui t'aime,

Tobby

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