Chapitre 9

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Chapitre 9: Chaos

Je voyais tout se dérouler au ralenti. L'impératrice qui m'exhorte à aller voir le médecin immédiatement. Le buste penché en arrière, le nez retroussé, je la dégoûtais apparemment...Elle me guide tout de même vers le palais, jusqu'à l'infirmerie. Le docteur, Mme Giabelli, qui regarde la coupure puis me fixe. Dans les yeux. « Je suis désolée » dit-elle. Comment ça ? Alors je suis vraiment malade ?

Alors je vais mourir ?

« -Je vais mourir ?

- Elle s'est déclenchée tard chez toi, mais tu connais les faits... Rien ne permet d'être optimiste... Il n'y a pas de traitement. »

Et nous sommes trois statues dans la pièce. Quatre avec le silence. L'envie de pleurer me prend. Comment en une journée ai-je pus passer du statut d'heureuse jeune aristo (avec un frère aux idées pas nettes, certes) à mourante ?

Cissia, la maladie qui coupe comme des ciseaux. La maladie qui décime les enfants.

J'ai à peine conscience qu'on me raccompagne dans ma chambre, tout est flou autour de moi. Ah, le docteur m'a fait un bandage à la main.

Je m'assois devant ma coiffeuse.

Alors c'est ça. C'est tout.

Cheveux blancs, peau pâle, yeux bleus.

Dans 2 ans je ne serai plus là. Je serai dans une tombe.

Que vont dire mes parents ?

Et Tobbyan ?

J'avais l'impression d'être vide de toute énergie.

Et l'impératrice dans tout ça ? Que pensait-elle ?

Une servante ouvre la porte et me dit que tout le programme de l'après-midi est annulé, que je suis libre de faire ce que je veux.

Ce que je veux, vraiment ? Retourner dans le passé, ça en fait partie ? Non, bien sûr. Plus rien ne sera comme avant, je m'en doute bien... Alors je vois mon lit, mes pensées sont trop confuses, tout est tellement compliqué... Je m'allonge et je dors. Qu'ai-je d'autre à faire après tout ? Je n'ai pas de rêve, pas de choses que j'ai particulièrement envie de faire. Je suis vide, vide, vide et pourtant.... Avant, j'avais réellement l'impression de vivre.

C'est un majordome qui me réveille dans la soirée. Je dormais habillée donc mes vêtements sont un peu froissés. Je me lève et marche sans conviction. L'homme me guide à travers le grand palais. Peu à peu, je vois où il veut m'emmener.

La salle du trône. Des trônes plutôt.

Ce n'est pas étonnant, je suppose qu'ils vont prendre des mesures par rapport à mon cas.

La double porte s'ouvre devant moi. Je vois mes deux souverains assis dans leurs trônes, au fond de la salle. Magnifiques, comme à leur habitude. Au moins une chose qui ne change pas. Je ressens un mélange d'angoisse et de peur. Que vont-ils me dire ? Est-ce que ma famille a été mise au courant ?

Je marche sur le tapis de velours rouge. Pas à pas, dans le silence, je me rapproche des trônes. Ça y est, je suis devant le petit escalier qui mène à l'estrade. Je fais une révérence simple, de loin, étant donné la distance qui nous sépare.

Enfin, je relève la tête, m'attendant à trouver de la compassions dans les deux visages impériaux.

Un frisson glacial me parcourt l'échine, chose très rare pour moi.

Je lis du mépris dans leurs regards. Du dégoût même dans les yeux de l'impératrice.

« - Marlie, des choses doivent être faites concernant votre cas, dit-elle d'une voix froide.

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