Chapitre 23

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Chapitre 23 : Le temps passe.

3 ans plus tard.

Se pencher, courir, sauter, esquiver une altère qui tombe du plafond, sauter à nouveau pour éviter une chaise qui va me faucher, essayer de regarder partout à la fois. Enfin, je la repère au milieu de tout ce qui flotte dans l'air. Elle n'a plus le loisir de lire pendant les combats maintenant, même elle est obligée de se concentrer pour freiner mon avancée.

Ah, je la perds de vue. Tsss ... malgré ses 76 ans, elle est aussi vive qu'une enfant. Si elle s'est cachée à nouveau, c'est probablement pour me surprendre par derrière et me clouer au sol. Elle l'a fait un nombre incalculable de fois. Simple mais efficace. A partir du moment où Madame touche quelque chose (ou quelqu'un !), elle contrôle sa gravité.

Tant pis, je continue mon parcours pour atteindre le drapeau rouge qui flotte à une quinzaine de mètres de moi. Lorsque je l'aurai attrapé, la partie sera finie et j'aurai gagné. Plus facile à dire qu'à faire. J'ai chaud, je transpire et je sens mon souffle se raccourcir à chaque nouvelle goulée d'air que je prends. Il n'y a pas à dire, même si mon corps est habitué à l'exercice physique, je n'aime toujours pas ça... Je cours encore quelques mètres avant de me jeter violemment sur le côté pour ne pas faire écraser par une machine de musculation. Zut, je viens de m'éloigner de l'objectif. Je tape du pied au sol, créant ainsi une piste de glace devant moi tout en envoyant valser une table qui s'approchait un peu trop près de moi à mon goût.

Vite, il faut que je me dépêche. Chaque seconde de plus qui s'écoule est à mon désavantage. Tout le gymnase est un environnement hostile, chaque objet est dans une Bulle de gravité qui peut éclater à tout instant.

Il y a trois ans, lorsque j'ai commencé les séances, je me prenais au moins quinze chaises dans la tête avant de réussir à faire trois pas. Je n'avais même pas le temps de créer un mur de glace que, déjà, une table me tombait dessus. Puis, bien sûr, Madame arrivait, m'effleurait et tout était fini. J'étais clouée au sol, ne pouvant plus bouger le petit doigt et sentant mon propre corps fusionner avec le linoleum. Maintenant, je pouvais presque toutes les esquiver. Presque.

Après avoir repoussé d'un coup de pied une énième altère, je me jette sur la piste de glace et glisse sur une dizaine de mètres. Soudain, je sens du mouvement sur ma droite. Je n'ai pas le temps de voir ce que c'est, mais je sais que je ne pourrai pas l'éviter. Tout en continuant de glisser sur le ventre, je crée une sorte de bouclier sur mon bras droit. C'est un disque transparent, d'une vingtaine de centimètres d'épaisseur, qui s'étale de part et d'autre de mon bras. Cette fois-ci, c'est un poids de dix kilos, en forme de boule, qui me fait l'honneur de détruire mon magnifique bouclier. Je vois Madame au loin, un bras tendu vers l'avant, et je comprends immédiatement que c'est elle qui l'a lancé. Et elle l'a lancé fort. La glace vole en éclats, mais j'ai ralenti la course du poids qui tombe à peine un mètre plus loin. Si Madame a pris la peine de lancer elle-même un objet, c'est que je suis proche du but. En effet, à quinze mètres au-dessus de moi flotte le drapeau, le seul truc inanimé à ne pas bouger dans le gymnase (au moins une règle à mon avantage). Je plaque mes mains au sol et commence à construire un escalier de glace. Il n'a pas besoin d'être parfait, juste fonctionnel.

Madame se rapproche de moi en faisant de grands bonds, si bien qu'en deux « pas », elle est à mes côtés. Mes mains encore collées au sol, je lui envoie un coup de pied et lui fauche les jambes. Elle tombe à la renverse au moment où je finis l'escalier. Vite, vite, vite. Je monte quatre à quatre les marches, mais Madame s'est déjà relevée et se prépare à sauter. Si elle était une personne normale, ce genre de saut la propulserait à trente centimètres du sol à peine. Cependant, elle n'était pas normale. En une milliseconde, elle se retrouve à ma hauteur (donc treize mètres au-dessus du sol) et ... me donne une pichenette sur le front.

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