Chapitre 14

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Chapitre 14: Cadeau empoisonné

Bien que cela ne fasse qu'une semaine depuis ma dernière "visite" au palais, j'avais l'impression qu'un siècle s'était écoulé. Et surtout, jamais auparavant la peur ne me tenaillait le ventre en passant les grandes portes.

Ce n'était pas normal que nous soyons convoqués. Encore moins après un tel discours. Mes parents se lançaient des regards étonnés, mais, au fur et à mesure que nous nous enfoncions dans les couloirs de l'immense bâtiment, ils se composaient un visage impassible, une parfaite expression de sérénité se dessinant sur leurs traits. Ils étaient maîtres dans cette discipline, la crème de la crème des manipulateurs. Les portes, les salles et les salons défilaient autour de nous, et, enfin, nous atteignîmes la salle des trônes. Mais étonnamment, nous ne fîmes que traverser celle-ci. Où allions-nous ? C'était de plus en plus étrange... Nous nous arrêtâmes finalement devant le Salon des Ministres. Habituellement, les décisions importantes pour l'Empire étaient discutées, débattues et prises ici. Si on nous menait là, ça ne voulait dire qu'une chose... L'affaire était assez grave pour réunir les Dix ministres et le couple impérial. Rien pour me rassurer. Le majordome poussa d'un geste maîtrisé les deux battants de chêne sculptés. La table ovale en marbre, le lustre en diamant et douze paires d'yeux nous accueillirent. J'examinais rapidement les personnalités rassemblées dans cette pièce : cinq hommes et cinq femmes, la parité parfaite. Tous les âges et plusieurs ethnies étaient représentés ici. Au bout de l'immense tables siégeaient l'empereur et l'impératrice. Après une révérence rapide, nous nous assîmes dans les sièges prévus pour nous, pour enfin découvrir les raisons de notre venue.

"- Vous nous voyez ravis de vous recevoir aujourd'hui, monsieur, madame et mademoiselle Delkov, vous imaginez bien que, si nous vous recevons dans ce lieu prestigieux, ce n'est pas pour rien...

C'est une femme dans la quarantaine qui venait de s'exprimer. Mon père prit alors la parole.

- Oui, nos déductions sont toutes arrivées jusqu'à ce point... Mais nous n'avons pas pu élucider la raison de notre venue, surtout après l'événement qui vient de se produire... Pouvez-vous nous éclairer ?

L'impératrice me fixa alors, son regard me transperçant de part en part.

- Nous avons pensé à... une compensation concernant l'incident de cette nuit. (Sa voix claire raisonna dans la salle gelée malgré les quinze personnes présentes) Nous ne voulons rien donner de trop important à la République, mais nous pourrions leur faire croire l'inverse... en faisant un don... humain. En leur offrant quelqu'un ayant une position forte dans notre société. Ils auraient voulu qu'on leur donne des armes, des vivres ou même une part de territoire. Mais nous allons faire bien mieux que ça. Nous avons réfléchi et cette possibilité est la meilleure pour tout le monde, vous allez voir dans quelques minutes. Nous allons leur faire un cadeau empoisonné !

- Mais de quoi voulez-vous parler ?

Ma voix est glaciale. Même si je commence à comprendre où elle veut en venir, je ne veux pas le croire... C'est abominable, tout simplement. Je vois que mes parents commencent à être mal à l'aise sur leurs sièges, ils ont dû comprendre eux aussi...Mais pas sûr qu'ils essaient de me défendre, les intérêts de pouvoirs sont trop importants pour eux... L'impératrice continue sur sa lancée macabre.

- Nous pensons que nous pourrions... non, nous allons faire un sacrifice.

- Mais comment pouvez-vous penser que le don d'une simple personne puisse arrêter la tempête qui se prépare ! interrompit mon père, Jamais ils ne voudront d'un tel accord, cela ne leur est pas assez profitable...

J'avoue que j'étais plutôt étonnée que mon père intervienne, il n'avait pas pour habitude de contredire les gens importants...

- Oh, mais vous savez, nous n'allons pas leur envoyer une simple personne comme vous dites...

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