Chapitre 8

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Chapitre 8: Chamboulements

...

Comment dire...

Ma tête implosait. Voilà, c'est ça. Tobbyan venait clairement de révéler qu'il était un dissident.

Un traître.

Je n'avais jamais voulu accepter que mon frère soit différent de moi. Je pouvais aisément me rendre compte du danger qu'il représentait pour la réputation de notre famille. Un aristocrate ne supportant pas les valeurs de l'Empire et voulant s'enfuir ? La couronne aurait tôt fait de l'emprisonner ou pire, de le condamner à mort...ça ne m'étonnait pas que mes parents réduisent nos rencontres au strict minimum !

Pourquoi était-il à ce point en colère contre notre patrie ? Il avait une excellente situation, une belle demeure, pourquoi cherchait-il les problèmes ?

La liberté.

C'était pourtant si simple de bien se conduire et d'avoir une vie tranquille ! Il était prêt à risquer sa propre mort pour quoi ? Juste pour voyager? sérieusement ? C'était une si petite privation en comparaison de tout ce que nous possédions ! Tout cela n'était absolument pas simple à gérer. Je regardais, perdue, cette lettre qui pouvait conduire mon frère à l'échafaud.

Que faire ?

Le dénoncer ? À quoi cela servirait-il ? Personne ne pourrait le raisonner et mes parents seraient furieux de se voir ainsi compromis... Et puis, je l'aimais, ce traître de frère... Jamais je ne pourrais le vendre aux bourreaux, je le sentais au fond de moi. Le regard perdu dans le vague, j'observais passivement ces rues, ces maisons que j'avais vues tant de fois. Toutes étaient belles, avec des façades de marbre, d'argent, de belles pierres ou d'or parfois. Le quartier des riches.

Tu es bloquée dans une cage dorée, mais regarde dehors et tu verras la pauvreté.

En effet, des femmes, des hommes et des enfants en haillons se tenaient ça et là, dans l'ombre des belles bâtisses comme s'ils se cachaient du soleil. Comme s'ils avaient peur.

Combien de fois étais-je passée devant eux sans les remarquer ?

Toute ma vie, je crois bien. J'avais mal au cœur en imaginant leurs vies. On ne voyait jamais ces pauvres lors des parades et des fêtes, les policiers les tenaient probablement à l'écart...

Et moi, on pourrait me nommer la reine des autruches !

Je n'avais fait que semblant de ne m'apercevoir de rien depuis tout ce temps, pour m'épargner une vérité douloureuse. C'est comme si avoir lu la lettre me faisait voir les choses différemment, comme si on ouvrait brusquement des volets que je m'étais évertuée à garder fermés.

Ma décision était assez facile à prendre.

Je déchirai soigneusement la lettre, en quatre puis en huit puis en minuscules petits bouts. On ne pouvait plus deviner ce qui avait été écrit.

J'ouvris alors la fenêtre et laissai s'envoler un à un ces minuscules confettis.

La foi inébranlable que j'avais en la famille impériale avait été un peu secouée... Mais je n'étais pas comme Tobbyan. Je ne désirais pas la fin de l'empire, je pensais sincèrement que l'impératrice et l'empereur étaient de bonnes personnes. Il fallait juste leur indiquer les problèmes de leurs sujets, ils n'avaient sûrement pas eu le temps de voir tout cela à cause de leur emploi du temps chargé.

J'aime Nariel, c'est mon pays.

Et, de ma position, je pouvais agir assez aisément pour changer les choses...

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