Chapitre 33

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Chapitre 33

Je ne voyais plus rien, je ne sentais plus rien.

Mais j'entendais encore... Comme si ma conscience avait l'oreille collée contre la porte de la réalité. A travers un nuage de coton, je pouvais comprendre ce que les gens disaient.

De loin, très loin, j'entendais Rendal crier mon nom, plusieurs fois. J'entendais aussi le bruit des balles qui s'écrasaient contre le mur apparu en quelques minutes.

Les bruits des armes s'éloignant, je supposais donc que quelqu'un me trainait vers l'arrière, vers nos médecins. Je distinguai quelques mots importants comme « malade », « épuisée » ou encore « pronostic vital ».

Puis, me sachant entre de bonnes mains, pour le meilleur ou pour le pire, mon esprit c'est complétement fermé au monde extérieur.

Pendant une durée intemporelle, ni longue, ni courte, je n'avais conscience de rien.

Je ne me savais même pas évanouie.

Pourtant, après ce grand trou noir, je me sentis revenir. Doucement, je sortais de kilomètres de brumes, revenant peu à peu vers la conscience.

Je voyais de la lumière à travers mes lourdes paupières. J'entendais des gens discuter autour de moi.

Des médecins apparemment, vu le nombre de termes médicaux employés à la minute.

Avec difficulté, je battais des cils et ma pupille fut agressée par la lumière vive qui baignait dans la chambre. L'inconfort m'arracha un petit grognement, que les médecins entendirent immédiatement.

3 visages inconnus étaient penchés sur moi, avec une petite lueur de curiosité et de soulagement dans le regard.

- Ça y est, vous êtes réveillée ! chuchota presque le premier médecin, un homme d'une cinquantaine d'années au tempes grisonnantes. Comment vous sentez-vous ?

J'avais la bouche pâteuse et la langue molle. Comme si je n'avais pas parlé depuis des jours.

- Je..., ma propre voix me surpris. Elle était rauque et grave. J'ai la tête lourde, et... j'ai l'impression que mon corps a changé.

Et c'était vrai. Je n'avais mal nulle part, ni aux ventres, ni aux jambes, ni aux bras, qui n'avaient pourtant pas été épargnés par Cissia. Mais je me sentais différente, comme s'il manquait quelque chose.

En pensant à la maladie, mes autres souvenirs affluèrent dans mon esprit. La guerre, la bataille, le mur. Le trou noir.

- Depuis combien de temps est-ce que je dors ? Et la guerre ? demandais-je rapidement.

- Ça va faire 3 mois que vous êtes inconscientes, me répondit une médecin d'une trentaine d'années.

3 mois ? A peine avait-elle prononcé ces mots que j'ouvrai des yeux ronds comme des soucoupes ? 3 mois ? C'était énorme ?

Elle reprit :

Nous avons gagné la guerre Officier Lorenheim. Ne vous inquiétez pas pour cela. Concentrez-vous sur votre santé.

- 3 mois ? J'ai mis 3 mois à me réveiller ? Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Attendez, ne vous agitez pas trop, vous venez juste de vous réveiller.... S'inquiéta le premier médecin. En toute honnêteté, nous ne comprenons toujours pas ce qui vous est arrivé. Ou plutôt, nous avons pu suivre votre état, mais nous ne savons pas comment tout cela est possible.

Génial. J'étais avec un médecin qui aimait faire un petit effet lors de ses annonces. Il prenait délibérément son temps pour me raconter mon histoire, quelle ironie.

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