Chapitre 2

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Chapitre 2: Mon très cher frère, Tobbyan Delkov

Plus tard, lorsque nous sommes rentrés chez nous, mes parents m'ont félicitée chaleureusement puis sont allés fêter la nouvelle dans le petit salon. Je suis montée jusqu'à la chambre de mon frère. Il était sur son balcon et regardait les étoiles, particulièrement lumineuses ce soir-là.

« - T'es pas content, Tobby ?

- C'est pas ça, je me demandais juste... Mais j'ai bien l'impression d'être le seul à penser comme moi... Il rit légèrement après avoir dit cette phrase. Il n'avait que dix ans à ce moment-là, mais c'était comme s'il réfléchissait à la façon d'un adulte, par moment.

- Tu penses à quoi ?

- Est-ce que tu es contente parce que tu vas être pupille ?

- Bah oui, c'est super d'avoir ce titre. (la question me parut stupide)

- Tu sais à qui on le décerne normalement ?

- Aux personnes méritantes.

- Je ne veux pas être méchant Lili (c'était mon surnom), c'est juste que je trouve ça bizarre qu'on te donne ton titre juste parce que tu as un physique particulier... Toi, Marlie Delkov, tu n'as encore rien fait dans ta vie qui soit méritant... Tu es née avec un pouvoir qui t'a donné une belle apparence. Et c'est tout. En plus, je ne sais pas si tu as remarqué mais à aucun moment ils ne t'ont demandé ton avis... C'est comme si tu étais un objet et je trouve ça horrible.

- Tu veux dire que je ne devrais pas l'avoir ? Je comprends rien, Tobby. Pourquoi je ne dois pas l'avoir ? Si l'impératrice me le donne, où est le problème ? C'est dans les règles, non ? Et l'impératrice m'a parlé, elle ne m'a pas ignorée, alors, je ne suis pas un objet... Je crois bien que tu dis n'importe quoi ce soir... tu es malade ? Tu veux que j'aille le dire à Père ?

Il avait paru très triste de ma réponse, on voyait dans son regard qu'il se sentait seul.

- Non t'inquiète pas, Lili, peut-être que tu comprendras plus tard, enfin si tu te souviens de cette conversation... Allez, va te coucher, tu tombes de sommeil... »

Mon esprit d'enfant ne comprenait pas vraiment ce que disait Tobbyan. J'étais allée me coucher et, lendemain, il était redevenu comme d'habitude.

Huit ans s'étaient écoulés depuis.

Comme promis par l'impératrice, on fit rassembler la cour la semaine suivant notre discussion et on annonça mon élévation au rang de pupille. Des centaines d'yeux s'étaient alors mis à briller de convoitise. Seules deux paires brillaient d'un autre éclat, celles de mes parents, dans lesquelles on voyait de la satisfaction et de la fierté. On aménagea une chambre dans le grand palais en mon honneur, tous mes effets personnels y avaient été déplacés. Mon quotidien fût alors grandiose. Tout était incroyable dans ce lieu où je vivais. La salle des doléances était magnifique, les murs étaient incrustés de pierreries et décorés de fresques toutes plus recherchées les unes que les autres. Des gens de tous les coins de l'Empire venaient pour demander quelque chose à la couronne ou pour la prévenir d'un problème afin qu'il soit résolu. Bien entendu, tous ne pouvaient pas être réglés... Cela dépendait du bon-vouloir de ces Majestés. Si elles trouvaient que la demande était veine ou futile, ils l'ignoraient, naturellement. Chaque matinée sauf le dimanche se déroulait une succession d'audiences de doléances. Je me devais d'assister à chacune d'elle afin de montrer aux gens à quel point leur patrie pouvait créée des êtres magnifiques, en tout cas, c'était les dires de l'impératrice. Et c'était vrai que la plupart était impressionné par mon apparence. L'impératrice aimait vanter la blancheur de mes cheveux, la pureté de ma peau et la beauté de mes yeux à qui voulait bien l'entendre. Bien sûr, ses interlocuteurs préférés pour parler de moi était les invités de marque, comme les autres dirigeants de ce monde, par exemple. Ils arrivaient de tous les horizons pour essayer de développer des relations amicales avec l'Empire, ainsi que des relations commerciales. En effet, notre pays comptait de nombreuses ressources, en eau, en denrées alimentaires, et bien sûr, en pierres précieuses. C'est pour cela que le couple royal -conseillé par ses ministres ! - avait le luxe de refuser des demandes s'il le souhaitait. Comme les habitants de mon pays, ces personnes-là non plus ne pouvait cacher leur ébahissement devant moi, pour le plus grand plaisir de ma bienfaitrice. Ma vie s'était ainsi écoulée dans un luxe permanent entre mes cours pour toutes les matières, les audiences, les entrevues importantes et les fêtes somptueuses organisées pour toutes sortes d'événements. Je voyais mes parents environ une fois par mois, ou plus s'il y avait des soirées. Nos discussions tournaient toujours autour de mon attitude et mon comportement, et pour mon plus grand bonheur, ils n'avaient souvent rien à y redire !

Cependant, je ne voyais que rarement mon frère, mais à chaque fois qu'une rencontre était organisée, il était plus grand et paraissait toujours plus mature et curieux du monde qui l'entourait. Il pouvait me parler de n'importe quoi tant il connaissait des choses, mais il était surtout calé en régimes politiques. Sa plus grosse déception était bien entendu de ne pas pouvoir voyager, chose que je ne comprenais pas vraiment... Tout était parfait à Nariel ! Nous ne manquions de rien, même les fermiers étaient heureux d'après ce qu'on m'avait dit. C'est pour cela que les différents empereurs ne voyaient pas l'utilité d'accorder le droit de sortie aux habitants depuis des générations, puisque personne ne sortirait ! Personne sauf mon frère apparemment... Il me disait qu'il était triste du fait que nous ne nous voyions pas souvent; il ne comprenait pas pourquoi on se voyait si peu et moi non plus. Un mystère de plus détenu par les adultes. J'étais particulièrement heureuse d'être aux côtés de l'impératrice chaque jour, elle me racontait des tas de choses sur le pouvoir, la cours, ses activités, ... Elle était toujours comme émerveillée de me voir, ce qui me rendait très fière. L'empereur était un peu moins amical à mon égard mais ça ne me dérangeait pas tant que ça. Et les jours s'écoulèrent ainsi, tous aussi beaux, pendant huit ans.

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