Chapitre 4

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Chapitre 4: Très chère maman.

Le petit salon était au rez-de-chaussée, pile en dessous de ma chambre. Après un petit détour par celle-ci (pour choisir des ballerines vert pâle), je toquai doucement à la porte de la pièce. « Entrez, très chère » m'invita une voix étouffée par la cloison.

J'abaissai la poignée en métal pour m'introduire dans une pièce pleine de charme. Le petit salon était un endroit exigu mais incroyablement accueillant. Contre les murs orange étaient collés des sofas en cuir, tous plus moelleux les uns que les autres, ainsi que des étagères remplies de livres et d'objets en tous genres, des bibelots aussi bien que des pièces rares. Le tout créait une atmosphère propice à la détente et aux confidences. Cette pièce était généralement réservée aux adultes et c'était rare que les enfants y soient convoqués. Mon père, Gérom Delkov, la considérait comme son espace de relaxation préféré.

Ma mère, Céleste Delkov, était assise sur le sofa du fond, sa robe pourpre s'étalant autour d'elle comme une corolle de fleur. Ses cheveux blonds cendrés étaient relevés en un chignon compliqué, fait de tous types de tresses. Cette coiffure permettait de dégager son visage, révélant ses yeux marrons noisettes dont avait hérité mon frère, ses sourcils arqués, son nez droit et sa bouche pulpeuse.

La table basse devant elle était ensevelie sous des livres et des feuilles, couvertes d'écritures manuscrites.

« -Ah, mon enfant ! Avez-vous vu cette parade somptueuse ? L'impératrice était d'une beauté incroyable ! J'ai vu qu'elle vous a fait signe, quel honneur pour notre famille ! Sa majesté est si généreuse de vous laisser quelques temps parmi nous.

-Oui, mère, j'en suis très heureuse.

-Nous avons tellement de chance que vous soyez une pupille de la nation ! Nos ancêtres seraient fier de vous ! Enfin, je me répète et je vous ai déjà dit tout cela un nombre incalculable de fois... Je vous ai fait venir pour vous dire que, durant la semaine que vous passerez ici, une préceptrice vous fera cours le matin, de 9 heure à 12 heures. Il ne faudrait pas que l'impératrice pense que vos parents ne vous éduquent pas bien, même pendant cette semaine de vacances !

-Mais, mère, je suis déjà des cours particuliers au grand palais ! Pourquoi en ai-je besoin durant une si courte pause ?

-Pour l'image, ma fille, voyons ! Vous êtes pupille, votre réputation ne doit en rien entacher celle du couple impérial ! Je pensais que vous aviez conscience de cela...

-Bi-bien sûr, mère, ne vous trompez point, je me rends tout à fait compte de ma position ! (je me sentais venir des sueurs froides à l'idée que ma mère et surtout la famille impériale soit déçue de moi). Je suivrai les cours avec assiduité.

-Ah, vous m'en voyez rassurée, votre père sera ravi de cette réponse. Et bien, c'était tout ce que j'avais à vous dire, ma chère, vous pouvez vaquer à vos occupations.

-Bien, mère. »

C'était drôle comment Tobbyan et moi avions pris l'habitude de changer de type de langage en fonction de la personne avec qui on parlait. Respectueux et poli avec les adultes, détendu avec les jeunes avec qui nous étions proche. Malgré cette pensée amusante, je repartis complètement dépitée de cette entrevue... Des cours, encore ? Mais le pire, c'était cette impression que j'étais une sotte et que ma mère s'en rendait un peu plus compte à chaque fois qu'elle me parlait. Pourtant, je faisais tout pour les impressionner, elle et mon père, mais ce n'était jamais assez. Il y avait toujours un moment ou je me ridiculisais d'une façon ou d'une autre. Devenir pupille m'avait bien aidée à monter très haut dans leur estime, mais après...

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