Chapitre 30
Si la guerre avait un seul et unique avantage, c'était de monopoliser l'esprit. J'étais bloquée dans un présent perpétuel, qui me permettait de reporter mon deuil.
La douleur et les pleurs seraient pour plus tard.
Du moins c'est ce que ma conscience se disait et espérait. Malheureusement, mon corps avait réagi autrement à la nouvelle. En quelques jours, mon état de santé s'était dégradé à une vitesse folle, la maladie Cissia prenant l'avantage. Ce qui aurait dû prendre des années à arriver se produisait en seulement quelques jours. En plus des lésions qui se formaient sur mon corps, les lésions internes étaient de plus en plus importantes et douloureuses, malgré les calmants des docteurs.
Rien ne guérissait Cissia.
Je le savais plus que quiconque, puisque j'étais censée être le remède, mais que je mourrais à petit feu.
Je passais mon temps à changer mes bandages sur mes bras, mes jambes, mon ventre, et à cracher du sang.
Des activités passionnantes.
Je me sentais mourir, et je savais ce qui avait déclenché tout ça. Ma santé était un rappel quotidien de ce que je voulais oublier.
Le plus compliqué était de cacher tout cela. Je ne devais pas montrer aux autres ma maladie, surtout pas à mes soldats. Ceux qui ne pouvaient pas rentrer chez eux pendant la semaine de permission étaient restés avec moi dans une ville encore protégée, assez loin du front pour être sans danger. Nous vivions dans un petit hôtel réquisitionné pour les soldats, un endroit où nous pouvions vivre une vie normale pour un court laps de temps.
Douche chaude, nourriture mangeable, lit douillet.
Le paradis.
Un paradis entrecoupé de visites médicales. En toute honnêteté, avant cet événement, j'oubliais presque ma maladie. Je n'y pensais plus, puisqu'elle ne se manifestait pas. La piqure de rappel était brutale et efficace.
Malgré la tournure des événements, l'armée ne pouvait pas se passer de moi. Je faisais partie intégrante des combats à venir et ma présence était, semble-t-il, indispensable. Je reçus donc plusieurs lettres officielles de nos stratèges, s'inquiétant de ma santé, mais me disant que je devais retourner au front.
Je comprenais parfaitement cette décision, elle était plus que logique. Cissia était une maladie actuellement incurable, donc que je sois au front ou à l'arrière, cela ne changerait rien à mon état médical. Alors, autant m'envoyer combattre et me rendre utile au plan d'ensemble.
Avant la fin de la permission de mon unité, j'ai été rappelée au QG pour que la stratégie me soit présentée. En arrivant sur place, je découvris plusieurs autres véhicules militaires stationnés, plus que lors de ma dernière visite.
En sortant de la voiture, je vis sur ma droite une silhouette que je connaissais bien, puisque je l'avais vu pendant 3 ans. C'était Célia, la chef d'unité qui m'avait formée avec Thaïs, Conan et Jack dans la base militaire abandonnée de la montagne. Elle aussi me remarqua, et je lui adressai un petit signe de la tête avec un sourire en coin, elle fit de même et entra dans la tente. Nous n'étions pas censées nous connaître, donc nous ne pouvions pas faire plus que ça. Mais savoir qu'elle était en vie, et qu'elle semblait bien se porter me faisait chaud au cœur. Une bonne nouvelle était toujours agréable à recevoir.
Si mes souvenirs étaient bons, son unité était sur le même front que celui de Rendal et Madame... Au vu de la position importante de Célia et du nombre de voitures, on nous avait probablement réuni pour mener une attaque d'envergure, avec plusieurs Détenteurs.
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Effet domino
FantasyMarlie est née avec un pouvoir, celui de la glace. Elle fait partie des détenteurs, de rares personnes qui, comme elle, sont différents. Très jeune, elle obtient une position de rêve dans sa société aristocratique, grâce à l'impératrice qui la prend...