LE TOURNANT DE MA VIE

CHAPITRE 8 : PREMIER JOUR DE TOURNAGE

Le réveil sonne, j'ouvre les yeux le premier. Le fait de ne pas dormir beaucoup ne me dérange en rien, en plus, c'est la première fois depuis plusieurs semaines que je suis dans un sommeil profond, ce qui m'a permis malgré ma courte nuit de bien me reposer. Contrairement à mon ami qui est toujours dans le pays des contes de fées. Dryss n'a pas eu son quota d'heure de sommeil et le bruit du réveil ne l'atteint même pas, il est profondément endormi contre mon torse. Je lutte contre la souffrance de mon bras engourdi qui lui sert d'oreiller. Je tourne ma tête et vois son visage pâle confortablement installé contre mon corps. Je souris immédiatement. Il a vraiment un visage d'ange. Je repense à notre soirée jeu, ce qui étend un sourire niais sur mon visage, je dois avoir l'air bête. Puis, est venu le moment des aveux qui me crispe de nouveau. Je secoue la tête de gauche à droite pour chasser ces pensées négatives de ma cervelle. Enfin, je me mets à avoir un rictus et les joues qui s'échauffent en repensant aux sensations étranges qui m'avaient traversé le corps juste avant de m'endormir mais également lorsque j'étais allongé sur son corps. D'ailleurs qu'est-ce qu'il m'a pris de m'installer comme ça sur lui ? Quand je l'ai pris dans mes bras, j'avais ce soulagement d'une envergure incroyable me prendre aux tripes. La proximité qu'on avait m'avais donné des bouffées de chaleur intense qui faisaient accélérer mon cœur à toute allure. Puis, étrangement, je n'arrivais pas à décoller les yeux des siens. Nous étions tellement proches l'un de l'autre que je pouvais sentir sa respiration s'écraser sur ma peau. Ça m'en a donné des frissons. Progressivement, des papillons s'étaient installés dans les profondeurs de mes entrailles. Ce doit être nos retrouvailles qui me font ressentir toutes ces choses étranges. Après tout, nous nous sommes perdues de vue depuis cinq longues années. J'observe mon acolyte toujours endormi. Je ne comprends pas ce qu'il se passe, mais une chose est sûre, c'est que j'ai retrouvé mon ami et que je ne souhaite plus le perdre. JAMAIS !

Je jette un œil à mon portable et me rends compte que vingt minutes s'étaient déjà écoulées depuis la sonnerie du réveil. Déjà ! Je caresse les cheveux de mon colocataire tout en chuchotant son prénom. J'essaie d'être très délicat et tendre dans mes gestes. Je sais que d'être réveillé brutalement est juste horrible. Au passage, merci Dryss, car je me remémore cette fameuse fois où il avait horriblement joué de la trompette pour me réveiller par vengeance. Mais en vain. Il faut passer au niveau supérieur, car c'est une vraie marmotte en hibernation. Je le secoue légèrement.

- Dryss, lève-toi ! Il nous reste une demi-heure pour nous préparer et rejoindre Jessy !

Ha ! Enfin ! Il ouvre difficilement ses yeux tout en s'étirant. Je le redis, mais on dirait chiot ouvrant pour la première fois les yeux. Il est tellement craquant ! Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Daël reprends-toi ! Tu parles de ton pote-là ! Ma voix intérieure s'enflamme contre moi. Il observe ce qui l'entoure puis tombe sur mes yeux qui le fixent. Ses joues deviennent instantanément rouges. Il remarque également qu'il se trouve dans mes bras, la sensation de culpabilité le fait reculer d'un coup. Le simple fait de dormir dans les bras d'un autre homme, même s'il ne s'était rien passé, pour lui, c'était une trahison envers Bill. Il a l'air affolé comme un animal coincé devant un véhicule prêt à se faire percuter. Je suis très surpris de sa réaction. Dans le fond, ça me fait horriblement souffrir. Nous n'avions rien fait de mal, nous nous sommes juste retrouvés. Il se précipite pour sortir du lit en prenant ces affaires et part se réfugier dans la salle de bain, me laissant seul dans l'incertitude. Après avoir repris mes esprits, je m'habille dans la chambre puis je prépare le petit-déjeuner. Je fais chauffer deux chocolats chauds et je tartine des pains au lait de confiture. Quand il ressort de son refuge, il est habillé et toujours autant déstabilisé. Je lui fais signe de me rejoindre et manger. Personne n'ose parler. Je le fixe, mais lui, il fuit du regard.