CHAPITRE 35 : LE DÉBUT D'UN RENOUVEAU

35 6 0
                                    

Tout le long de mon récit personnel, mes larmes ne cessent de dégouliner le long de mes joues pour se réfugier dans le creux de mon cou. Je suis trempé et inondé par mon chagrin. Au début, Dryss a essayé de les récupérer une à une, mais c'est vite devenu compliqué alors il m'a tenu la main pour me soutenir. Sa présence m'a donné le courage de continuer à témoigner sur le cauchemar réel que j'ai vécu jusqu'à hier. Je sais que c'est loin d'être fini ! J'ai du mal à m'imaginer que tout cet enfer soit terminé ! Je remarque que le visage des deux Capitaines qui se trouvent en face de moi, se dégradent et se ferment au fur et à mesure que je conte mon histoire. Je ne vois pas de haine, ni de dégoût, ils sont juste chamboulés voire même terrorisés par mon vécu. Ce que les policiers m'ont dit en arrivant dans ma chambre d'hôpital, mais également la chaleur qui émane la main de Dryss me font pousser des ailes. Dans ma tête, j'ai cette envie que Milana soit enfermée pour ne plus faire de mal à personne. De ce fait, je livre mon histoire dans les moindres détails, les moindres fragments même les plus répugnants et les plus ignobles de ma vie. Il y a quelques jours, à mon compagnon, je lui ai donné seulement les grandes lignes, mais cette fois-ci, sa présence me pousse à dire toute la vérité. Les deux policiers sont complètement bouleversés par mon récit, qu'ils ont dû faire appel à leur supérieur hiérarchique : le Commandant Gauthier. Ce dernier s'est pointé au bout d'une demi-heure de narration et heureusement que le Capitaine Morel a commencé à expliquer le début de ma situation puis j'ai repris le relai, là où je m'étais arrêté. Je sens Dryss se crisper à mes côtés sous certaines paroles que je prononce. J'ai la tête baissée et ne regarde personne. J'ai tellement honte de ce que j'ai laissé me faire, de ce que j'ai subi, de l'homme pitoyable que je suis. Je le dis souvent, mais c'est vrai. Du moins, c'est ce que je ressens. Je déteste me voir en victime, mais c'est bien réel, dans cette histoire, je suis la victime. Mon petit ami doit tomber des nues, être complètement estomaqué par la situation dans laquelle j'étais, il y a encore quelques jours. Je sens en lui de la rage. Non pas contre moi, mais contre celle qui m'a fait tout ce mal.


Puis, je raconte, aux forces de l'ordre ce qu'il s'est passé le jour où ils sont venus me sortir de cette maison de l'horreur. Au bout de trois heures trente où tout le monde m'a laissé exposer les faits, entre deux sanglots et mes moments de mutisme, sans que personne ne me coupe la parole, un silence s'installe. Un trop long silence à mon goût. Je laisse couler quelques minutes avant de relever les yeux vers les quatre personnes qui se trouvent dans ma chambre. Le policier le plus grand est maintenant assis sur une chaise, sa tête plongée dans ses mains. J'ai l'impression qu'il renifle. Le plus petit est debout à ses côtés, sa main posée sur l'épaule de son collègue. Il a les yeux bouffis et son teint est très pâle, complètement transparent comme s'il venait de voir un fantôme. Leur supérieur essaie de faire bonne figure, mais je vois bien que quelque chose le tracasse, le perturbe. Mon histoire apparemment. Il prend soin de prendre des notes de tout mon récit.


Mes yeux se tournent en dernier, vers l'homme que j'aime. Son être est entièrement détruit, il ne reste plus que sa carapace qui le tient debout. Je pense qu'il est intérieurement vide. Ses yeux sont dans les nuages. Un pincement au cœur se fait ressentir dans ma cage thoracique. Va-t-il me repousser après tout ce qu'il a appris sur moi aujourd'hui ? Va-t-il m'en vouloir ? Est-il écœuré par moi et ma personne ? C'est une certitude ! Je ne comprends toujours pas pourquoi sa main tient toujours la mienne. Je le fixe avec espoir quand soudain, ses océans larmoyants se redressent sur moi. Il me lâche la main et mon monde s'effondre totalement. Je vais le perdre. Je vais perdre la seule que j'aime d'un amour indescriptible. Il se redresse et me prend dans ses bras. Sur le coup, je suis abasourdi, je ne comprends pas. Puis, il m'embrasse. Le soulagement se fait ressentir dans tout mon être. Mon âme flotte dans une bulle de bonheur. Il est là ! Il est présent ! Il me soutient et c'est tout ce qu'il compte pour moi. Les trois policiers prennent ma déposition, m'informent qu'un photographe de la PTS viendra prendre des clichés des dégâts qu'a encaissés mon corps pour appuyer mon dossier. Je leur demande de me laisser du temps afin de réfléchir vis-à-vis de la médiatisation de mon histoire. J'ai besoin de temps de réflexion, mais aussi d'avoir du temps pour moi. Je viens de sortir de l'enfer alors j'aimerais d'abord me remettre sur pied puis penser un peu à moi et à la situation. Le problème, c'est que ma maison sera mise sous scellés, de ce fait les paparazzis se donneront à cœur joie pour m'inventer une vie complètement surréaliste comme à leurs habitudes. Je dois vite prendre une décision...

LE TOURNANT DE MA VIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant