LE TOURNANT DE MA VIE

CHAPITRE 33 : LA MAISON DE L'ENFER

Depuis mes révélations, il y a deux jours, j'angoisse énormément. Je prie en silence pour que Milana ne soit pas chez moi. Même si je suis complémentent athée, j'espère qu'une puissance surhumaine puisse entendre ce simple souhait pour pouvoir juste récupérer mes affaires en paix sans tomber sur elle, sans tomber sur la tempête qu'elle peut être. Je ne dors plus, j'ai un appétit au ralenti. Mon comportement inquiète énormément Dryss. En fait, nous sommes tous les deux anxieux pour la journée de demain. Eh oui, c'est aujourd'hui que nous repartons, nous allons faire à peu près neuf heures de route et nous ferons une pause pour la nuit sur Melun. Et demain, il nous restera trois heures pour aller jusqu'à chez lui, puis nous aurons deux heures pour retourner chez moi et enfin deux heures pour repartir chez lui. Tout ça fait beaucoup de route, mais bon, nous n'avons pas trop le choix. Comme on dit : plus vite fait, plus vite tranquille.

Je ne dors pas. Comment pourrai-je m'endormir alors que je retourne une fois encore dans la maison de l'enfer de mon plein gré ? Suis-je totalement dégénéré ? Dryss a essayé de m'en dissuader en me proposant plusieurs alternatives telles que porter plainte. Mais contre quoi ? Je n'ai aucune trace, aucune preuve. Puis, je n'irai pas porter plainte, le fait de dire à des hommes ou des femmes de l'ordre, que moi, Daël Drisse, je me fais maltraité par ma femme. Ils vont me rire au nez. C'est hors de question, je n'étalerais pas ma vie comme ça. Puis, ça risque de finir dans les médias et tout le monde saura l'homme pitoyable que je suis. Ma carrière est une grande partie de ma vie. Si je n'ai plus ça, comment survivrai-je dans le monde qui m'entoure ? Il m'a également proposé de racheter des vêtements, des chaussures ainsi que tous mes instruments de musique. Mais une fois de plus, il y a beaucoup de choses que j'ai, auxquelles je tiens. Comme ma première guitare, puisque c'est mon frère qui me l'a acheté ou bien des tenues que je portais lors de mes différents tournages, ce sont des souvenirs que je ne veux pas perdre. JAMAIS ! Tout comme mes albums photos, les choses que mes trois petits monstres m'ont fait. Je retourne dans la gueule du loup pour récupérer les choses auxquelles je tiens.

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Dryss me suit, en voiture depuis deux heures. Tout le long de la route, j'ai mis la musique à fond en chantant à tue-tête. J'avais besoin de me vider la cervelle, de me détendre, même si dans le fond, je sais que ça ne me déstresse pas. Disons que ça m'empêche, juste, de réfléchir au pire qui pourrait m'arriver dans quelques heures. J'ai écouté principalement les chansons de « Musical Clash » pour me donner de la force. Je décide d'emmener mon compagnon dans mon havre de paix, c'est-à-dire au Lac du Héron, à une quinzaine de minutes de chez moi. Je n'ai jamais amené personne là-bas, mais lui, c'est différent. Je veux partager avec l'homme que j'aime, cet endroit qui m'inspire et me permet de divaguer à ma guise. Nous nous garons et je le rejoins. Nous marchons quelques minutes avant d'atteindre mon coin de paradis, en retrait de tous les regards. Les signes sont de sortie et flottent au milieu du lac. Le ciel est légèrement grisonnant. À croire que le ciel est à l'effigie du moment que je risque de passer.

- C'est ici que je viens quand j'ai besoin de me reconnecter à la nature, de me ressourcer.

Je m'installe sur les rochers et en le tirant par le bras afin de l'embarquer pour qu'il prenne place à mes côtés. Les rochers ne sont pas très confortables mais ça fera l'affaire. Une petite brise nous caresse le visage, les feuilles des arbres se froissent. J'observe Dryss qui regarde l'horizon avec des yeux pétillants de mille feux.

- C'est magnifique ! s'émeut-il mais je peux ressentir que ça ne va pas.

- C'est pas loin de chez moi, si c'est ça qui te tracasse, lui informais-je tout en tournant le visage vers lui, un sourire nerveux sur les lèvres. Je viens de t'envoyer mon adresse par message comme promis. Bon, je vais y aller !