CHAPITRE 23 : LE CONTRAT

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Mon corps est inerte sur ce banc aussi froid que de la glace. Il est seulement réchauffé par cette couverture que Jessy m'a apportée plus tôt. Je suis comme paralysé. Je ne sens plus mes orteils, ni mes doigts. Tous mes membres sont engourdis. J'ai tellement froid, mais je m'en contrefiche parce que ça me fait ressentir des sensations. Je me sens vivant grâce à la douleur que me procure l'air frais depuis plus d'une heure maintenant. J'entends, au loin, des bribes de conversation entre Dryss et Jessy, alors je décide de tendre l'oreille difficilement étant toujours à moitié endormie. Est-ce qu'un rêve ?

- Salut, Jessy, tu sais où est Daël ? demande-t-il.

- Euh... oui ! Il a mis son réveil trop tôt et s'en est rendu compte une fois arrivé ici, s'amuse-t-il.

Le rouquin a vraiment cru à l'excuse que je lui avait donné.

- Ça ne m'étonne pas de lui ! affirme le châtain.

Ils continuent à discuter un peu avant que le jeune producteur parte en direction du banc où je me suis endormi de nouveau.

- Attends, je vais le chercher, il s'est endormi sur un banc, il rigole toujours plus.


Je sens mon bras être secoué à nouveau. Quand j'ouvre les yeux, je vois Jessy. Encore lui ! Je regarde autour de moi ne comprenant pas ce que je fais avec une couverture sur un banc. Puis, je réalise petit à petit ce qu'il s'était passé, ce que j'avais fait ce matin très tôt. Mon corps a repris un peu de ses forces grâce à ces quelques heures de sommeil où j'ai réussi à dormir profondément. Je me mets en position assise puis mon dos craque tout en m'étirant. Je suis tout courbaturé. Quelle idée de dormir sur un banc en pierre ? Franchement ! J'aurai dû accepter l'invitation de Jessy.

- Daël, on doit aller vers l'établissement scolaire pour le tournage. Dryss y est déjà, il nous attend, affirme-t-il, la voix posée.

Une boule se forme dans mon ventre. Je ne sais pas s'il a lu ma lettre ou pas. Je ne sais pas comment il va réagir. En plus de ça, notre rouquin nous avait bien fait comprendre qu'il voulait qu'on redevienne uni comme avant ce satané week-end.


Quand j'arrive dans l'établissement scolaire, je me dirige vers la salle où nous nous habillons et maquillons. J'ouvre la porte et tombe, nez à nez, avec Dryss qui se change. Je vais vers mon portemanteau et m'habille avec les vêtements que la costumière m'a déposés pour la séquence. Quand le personnel part, je me dirige vers la porte et m'arrête soudainement. Je me retourne vers mon acolyte qui ne m'a pas adressé une parole, ni même un regard.

- Dryss, tu... tu as lu ma... ma lettre ? bégayai-je n'étant pas sur de moi, j'ose à peine le regarder.

Il reste devant moi, droit comme un militaire au garde-à-vous. Il est stoïque, le visage fermé, sans émotions. Je sens le sol se dérober sous mes pieds. J'ai l'impression de faire une chute de plusieurs centaines de mètres avant de m'écraser contre le bitume. Je vois son regard noir me fixer.

- D'accord ! fis-je, déçu.

Je baisse les yeux. Je ne perds pas une minute, me retourne et avance de nouveau vers la porte. Je n'arrive plus à retenir les ruisseaux qui débordent de mes yeux. Mon cœur est une fois de plus broyé. Mais à quoi je m'attendais en faisant cette lettre puisque l'issue reste la même ? Je pose ma main sur la poignée de portes, actionne la clinche. Dryss m'empoigne le bras pour me retenir.

- Attends Daël !

Je reste figé, sur place, dans l'encadrement de la porte. Même avec la plus grande volonté du monde, mes jambes n'avancent plus. Elles sont comme paralysé. Il pense peut-être que j'allais répondre, il attend quelque chose de moi. De ce fait, un silence s'installe avant qu'il ne reprenne la parole.

LE TOURNANT DE MA VIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant