CHAPITRE 24 : PREMIER CONTACT

39 6 0
                                    

Dryss et moi sommes apparues proches du bureau de Jessy, après avoir fait le tour du lac. Nous avons pris notre temps, pour retrouver un visage, un minimum, potable, c'est-à-dire qu'il ne soit pas rouge vif, et atténue nos yeux boursouflés. J'avoue que nous avons aussi profité de ce moment à deux. Tout au long de cette balade, il m'a tenu la main. Je n'ai pas eu peur parce que cette étendue d'eau, fait partie du lieu de tournage donc personne de l'extérieur ne peut s'y introduire. Ça m'a fait un bien fou de pouvoir être aussi libre, le temps d'une simple promenade. Nous avons rejoint Jessy dans l'établissement scolaire vers midi. Notre producteur avait été prévenu par mon compagnon de scène en amont.


Le tournage avance bien, très bien même. Gabriel a besoin de vivre au grand jour son histoire d'amour, il en a marre de se cacher et d'entendre son compagnon rigoler face aux insultes et aux méchancetés que ses amis peuvent dire sur lui. Il comprend le choix de l'homme qu'il aime néanmoins, il est temps qu'il s'assume, qu'il fasse face à tout ça et qu'il soit dans le même camp que lui. Il souffre énormément de la situation bien que les week-ends qu'ils passaient en amoureux étaient exceptionnels, il ne peut pas se résoudre à vivre une vie cachée. Il aime plus que tout Nathanaël, mais pas au point de perdre sa liberté. Lors d'un de ces fameux week-ends, le ton monte entre les deux hommes. Gaby craque littéralement, il laisse enfin entrevoir ces faiblesses face à cette situation qui le ronge entièrement de l'intérieur. Nath comprend son point de vue, il comprend sa rage, mais la peur qu'il a en lui est bien plus forte et prend le dessus. L'efféminé lui laisse quelques mois pour choisir s'il veut continuer avec lui et s'assumer complètement au grand jour ou bien rester caché et le perdre. De ce fait, le châtain prend ses distances avec son petit ami refusant certains de leurs week-ends si précieux aux yeux de son compagnon. Étant donné que c'est le seul moyen d'être libre en tant que couple et de vivre pleinement cet amour. Le brun se rend compte qu'il perdait petit à petit l'homme qu'il aimait et qu'il ne pouvait pas envisager une rupture avec lui.

༺༻

Jessy met fin à notre longue journée de tournage, vers vingt-deux heures. Et oui, nous avons eu des séquences nocturnes à filmer. Notre producteur avait prévu des sandwichs aux pâtés donc nous n'avons pas à nous faire à manger. C'est déjà ça ! Nous passons le bas de la porte de notre caravane, je la referme à clef, tire le rideau avant de me jeter au cou de Dryss en le plaquant contre la porte de la salle de bain. Je lui agrippe le visage et l'embrasse ardemment. Mes paupières se ferment automatiquement pour profiter pleinement de ce moment. Il ne tarde pas à laisser tomber ces barrières, pour que nos langues s'entrechoquent entre elles. Ses mains se baladent sur mes hanches, me ramenant un peu plus contre lui. Il me chamboule complètement, rien qu'en m'embrassant, je m'envole dans une autre stratosphère. Je ne pense plus à rien, mis à part à l'instant présent, à ce moment qui s'enflamme entre lui et moi. J'ai cette sensation de chaleur comme si un feu s'était déclenché en cercle autour de nous. Mon cœur tambourine dans ma cage thoracique, j'ai l'impression qu'il veut s'en aller très loin. Ma respiration n'est pas mieux, je manque d'air, mais je ne m'asphyxie pas puisqu'il est mon oxygène. Nos langues continuent de se caresser dans un tourbillon de sensation forte. Mon corps réagit, drôlement vite, face à ce baiser électrique, au point que des frissons remontent le long de ma colonne vertébrale faisant tressauter mon enveloppe corporelle. Mes doigts jouent avec ces mèches de cheveux qui retombent sur sa nuque, je lui tire un peu plus à chaque caresse que nos langues se prodiguent. Mon intérieur explose telle une pluie de météorites qui s'abat sur Terre. Je sens ses mains qui s'agrippent à mon tee-shirt et le remontent légèrement pour les faire passer en dessous. Le contact de sa peau sur la mienne me coupe le souffle quelques secondes avant de soupirer de plaisir. Je sens son sourire s'étirer de satisfaction sur son visage. Étrangement, j'ai besoin de me défaire de ce jean qui me serre atrocement, pour la deuxième fois de la journée, me faisant mal. Je lâche son visage pour empoigner ses mains, sans détacher nos lèvres. Je l'attire dans le couloir qui nous sert également de cuisine. Je m'arrête un peu avant la porte de chambre en interrompant volontairement notre baiser. Je colle mon front sur son double, plongeant mes yeux dans les siens avant de les fermer.

LE TOURNANT DE MA VIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant