LE TOURNANT DE MA VIE

CHAPITRE 31 : CRISE D'ANGOISSE

J'ouvre les yeux et la première chose que je vois est juste magnifique. Dryss est à mes côtés, son visage d'ange encore endormi. Je me permets de remettre une mèche de cheveux qui tombe sur son front, derrière son oreille. J'ai un sourire niais, mais je m'en fiche puisque je suis quelqu'un de comblé. Je me dis que je vivrais finalement cette scène bien plus souvent que ce que j'imaginais il y a encore quelques jours. Je n'en reviens toujours pas de ce que j'ai fait la veille. Embrasser mon binôme à pleine bouche devant toutes les caméras en direct, mais surtout, assumer entièrement ma relation avec lui lors des interviews, était de la pure folie. Je m'attends à recevoir incessamment sous peu, les foudres de Milana, me tomber dessus. Je m'y prépare psychologiquement puisque je sais que ce qui en découlera sera pire qu'une explosion mettant fin à la vie sur Terre. J'ai été un lâche, une fois de plus avec ma femme, en faisant toutes ces démarches dans son dos, que ce soit lui informer de ma relation ou bien la demande de divorce. Elle a dû apprendre tout ça hier en regardant la télévision. Et si ce n'est pas le cas, les réseaux sociaux s'en chargeront. Mais d'un autre côté, je me sens fier. Fier pour Dryss. Fier pour nous deux. Cet homme ne mérite pas d'être caché, il doit briller, car c'est une véritable perle rare, je l'ai toujours dit. Puis c'est moi qu'il aime et c'est réciproque. Comment aurai-je pu le voir dans les bras d'un autre ? Je n'aurai jamais supporté ça ! J'ai le droit, moi aussi, à la sérénité et au bonheur d'être en couple... Maintenant, j'espère que l'avocat que j'ai contacté va pouvoir rompre ce maudit contrat pour que ma famille soit en sécurité pour toujours.

Mon portable n'arrête pas de vibrer, mon corps se crispe et Dryss commence à émerger doucement. Il s'étire comme un petit chaton sortant de sa sieste. Il redresse son visage de porcelaine vers moi et dépose ses lèvres sur les miennes tout en resserrant sa poigne sur ma taille.

- Tu crois que c'est ta femme ?

- Mon ex-femme, rectifiai-je, et oui, tu veux que ce soit qui ? J'ai avoué en direct l'avoir trompé avec toi et, pour ne pas faire les choses à moitié, j'ai annoncé notre divorce, dis en fixant le plafond. Maintenant, que j'y pense, c'était indélicat de ma part de faire ces annonces de cette manière. Enfin, je ne regrette rien, mais je veux dire par là que j'aurai dû lui en parler avant de m'exprimer devant les caméras.

- Oui, ce n'est pas faux !

Là, il ne me rassure pas du tout, je suis terrifié des retombées que ça aura sur moi.

Dryss se lève pour se préparer tandis que j'écoute tous les messages vocaux que Milana m'a laissés. Je reste sans voix. Mon portable me glisse des mains et tombe lourdement contre le sol. Mon compagnon revient précipitamment de la salle de bain avec sa brosse à dents dans la bouche. Je regarde mon cellulaire avec des yeux vides d'émotion. En fait, la seule émotion qui en ressort, c'est de la terreur. Je suis tendu comme jamais et le fait que mon bien-aimé me voit comme ça, me détruit. Mes faiblesses ne regardent que moi, je n'aime pas les exposer pourtant, je sais que mon hyper-sensibilité ne joue jamais en ma faveur.

- Qu'est-ce qu'il se passe, Daël ? essaie-t-il de dire.

Je ne réponds pas. Les paroles de la femme qui partageait ma vie, me tournent en boucle dans la tête. C'est horrible ! Je sens deux mains agripper mes genoux et je relève enfin la tête pour apercevoir mon compagnon agenouillé devant moi, du dentifrice autour de la bouche et sa brosse à dents sortir de celle-ci.

- Qu'est-ce que t'a dit Milana ?

Je lui montre du doigt mon cellulaire qui est au sol. Il le récupère. Je compose le numéro de ma boite vocale et lui tends. Il préfère mettre le haut-parleur. Les mots de mon ex-femme sont durs et fermes, tout en étant rempli de haine. Elle est complètement hystérique. Elle me menace et me traite de tous les noms comme à son habitude. Sans oublier de me rappeler qu'un contrat pouvait mettre en péril la vie de ma famille et que si je ne revenais pas, elle se ferait une joie de le mettre à exécution. Le regard de mon acolyte s'assombrit de rage, mais son visage fait ressortir de la tristesse.