CHAPITRE 9 : LA CRISE

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Trois jours s'étaient écoulés dans une ambiance silencieuse comme dans un centre accueillant des personnes sourdes et muettes et encore même dans ce genre d'endroit, il y a plus de bruits. Dryss et moi, ne nous parlons plus sauf dans nos répliques. Il me fuit comme la peste, mais dormant dans la même chambre que lui, c'est devenue très compliquée. Dans notre lit, j'ai décidé de tourner mon dos au mur pour lui faire face, mais face à moi le paysage se trouve être le côté verso de son corps. J'en ai gros sur la patate, mon cœur se brise chaque jour un peu plus. Je ne comprends pas, je ne déchiffre pas le comportement de mon ami. Enfin, si nous sommes toujours amis. Souvent, face à ce dos, mes larmes dégoulinent en silence. Son corps semble agiter de spasmes, comme si des démons le hantait lui aussi. Mais ça doit être mon imagination, pourquoi se sentirait-il mal alors que c'est lui qui me fuit ?

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Sur la route pour rejoindre le tournage, je fixe toujours mon partenaire de jeu qui marche devant moi à une vive allure. En le regardant, mes yeux se remplissent de larmes puis l'angoisse envahit tout mon corps qui se met à trembler. Ma respiration devient très difficile. Plus je m'enfonce dans le chemin, plus je suffoque. Et oui, voici ma première crise d'angoisse depuis que je suis arrivé. J'essaie de lutter contre mes émotions qui sont de véritables monstres maléfiques. Mes jambes flageolent. Ne résistant plus à mon poids, je me laisse tomber au sol dans un bruit sourd.


Dryss se retourne, affolé de me voir par terre, il se précipite vers moi pour m'aider. Il me retourne telle une crêpe pour ne plus être à plat ventre et manger la poussière. Il remarque mes yeux remplis de larmes et mon corps qui grelotte. Pourtant, il ne fait pas froid. J'inspire et expire au rythme que mon camarade me donne pour me calmer. Ce qui, étrangement, fonctionne. C'est lui qui m'a mis dans cet état et c'est lui qui arrive à me relaxer. Je cligne, à plusieurs reprises, des yeux. Ma vision, qui s'était troublée, redevient normale et je tombe sur ses océans larmoyants. Je n'en revient pas, lui aussi, il pleure. À cet instant, il me prend dans ses bras sans la moindre explication, sans le moindre mot, sans la moindre hésitation. J'aurais aimé rester contre son corps réconfortant, mais c'est trop pour moi. Sous le coup de la colère, je le repousse brutalement ce qui le fait basculer sur ses fesses. Je continue de le fixer durement, je veux des réponses, des explications.

- Pourquoi as-tu fait ça ? Pourquoi tu me repousses ? crie-t-il.

Abusé ! C'est l'hôpital qui se fout de la charité. Il vient de dire que je le repoussais alors que c'est tout le contraire ? Il est sérieux ? Il veut que je sorte de mes gonds ou quoi ? Je vais littéralement exploser. C'est hors de question que lui aussi me rejette la faute dessus alors que je n'y suis pour rien.

- C'est une blague ? C'est toi qui, depuis le premier jour, et devenu silencieux et me fuis, m'enflammai-je.

Dryss doit savoir que j'ai raison puisqu'il se lève inopinément en pleurs et se met à courir vers notre logement. Je me sens mal. J'ai l'impression d'être tellement nul. Est-ce que je venais d'aller trop loin avec lui ? Certainement ! Pourtant, je n'ai dit que la vérité. Je me lève non pas sans mal et me mets à courir derrière lui malgré la faiblesse de mon corps.


J'arrive trop tard, il s'est enfermé dans la caravane. Alors, je tambourine la porte le suppliant de m'ouvrir. Je l'entends hurler à travers les parois. Au bout de quelques minutes où je suis complètement perdu ne sachant plus quoi faire pour qu'il m'ouvre cette satané porte, je me rappelle avoir laissé la fenêtre de notre chambre ouverte pour aérer la pièce et par chance personne ne l'avait fermer. Je me faufile difficilement par cette ouverture. Pourquoi faut-il que cette fenêtre soit si haute ? Une fois dans la chambre, j'ouvre la porte et je me retrouve stoïque, face à la scène qui se déroule sous mes yeux. Dryss est au plus mal. Il est à bout de nerf. Ses yeux sont devenus des cascades. Il a tellement honte de lui et de son comportement qu'il explose tout ce qu'il lui passe sous la main, il fait valdinguer des affaires partout dans la pièce. Je me dépêche de retrouver mes esprits. Puis, je me précipite vers lui et je le plaque violemment sur l'une des banquettes. Je m'assois à califourchon sur lui et lui bloque fermement ses bras pour qu'il ne puisse plus bouger, ni même me faire du mal sans le vouloir.

LE TOURNANT DE MA VIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant