Chapitre 12

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—Les baleines de l'espace ? Tu te fiches de moi, la ! Dis-je à Henri en le regardant de côté.

—Mais si je t'assure, les baleines de l'espace existent ! Me répond Henri le sourire aux lèvres.

Je le regarde en biais, guettant son expression de visage pour savoir s'il me dit la vérité. Je suis assise à côté de lui dans l'avion qui nous mène au Mexique, ou il m'a laissé le côté hublot pour que j'admire la vue. Nous sommes parties tôt ce matin. Je n'ai rien dit à personne pour ce voyage. Hier soir, j'ai fait un sac rempli de quelques affaires et je me suis éclipsé dans la nuit pour rejoindre Henri dans le parc. J'ai un pincement au cœur en repensant à hier soir. Mon père ne m'a plus adressé la parole et je n'ai pas cherché non plus à faire le premier pas.

—Je suis sûr que c'est faux! C'est probablement une histoire que tu as tirée d'un conte pour enfants.

—Mais, non. Tous ceux qui prennent l'avion le savent, continue-t-il.

Oui, mais, moi, je n'ai jamais pris l'avion. En fait, avec le cancer de ma mère, je n'ai pas beaucoup voyagé non plus. Pourtant, quand il a décollé et que j'ai aperçu ce paysage magnifique, j'ai eu envie de partager ça avec elle. Alors, je me suis fait la promesse que même avec son Cancer, nous pouvions faire des choses et remplir nos têtes de millions de souvenirs.

—Henri, je n'ai pas 4 ans à croire à ...ce genre d'histoire, dis-je.

Je croise les mains qui commence à être légèrement moite, je ne suis absolument pas à l'aise avec ce sujet. C'est totalement impossible, elles ne peuvent pas exister. J'ai la phobie des baleines depuis mon enfance.

—Et pourtant, ce ne sont pas des histoires ! Henri croise les jambes, pose un bras sur mon dossier et me chuchote : On peut même entendre des chants de baleine jusqu'au fond de l'espace !

Je le regarde droit dans les yeux, son visage est proche du mien. Je tourne vivement la tête en direction du hublot, quittant son regard hypnotique. Je ne sais plus si c'est la proximité d'Henri ou les baleines qui me donne si chaud.

—Et...elles mangent quoi, tes baleines de l'espace ? Parce que l'espace est ...vide.

Il prend quelques instants pour me répondre, sans bouger son bras sur le dossier de mon siege.

—Des astéroïdes ! Tu sais combien frôle la terre chaque jour ? Pourtant, nous ne sommes pas bombardés ! C'est grâce aux baleines de l'espace qui nous protègent.

Une boule se forme dans mon estomac. Et si, elles existaient ? Quelle horreur ! Je n'ose même plus regarder le hublot. Elles peuvent apparaître à tout moment.

—Et si tu regardes par le hublot, tu peux apercevoir un bout de queue dans le ciel. Il pointe son doigt vers un gros nuage et chuchote à mon oreille : Peut-être qu'elle se cache là !

Mon visage se colore d'une teinte rosée. J'étais contente d'être près du hublot pour admirer la vue mais je le regrette amèrement maintenant. Non, je ne regarderai pas ! Je dois changer de place avec lui ! Finis d'être agglutinés contre la vitre avec des Wouaaaaaaaaaaah ! Que c'est beau tous ces nuages avec ce rose. Entre les baleines et Henri qui est amusé par ma réaction, mon cœur n'arrête pas de s'affoler.

Pourtant, nous bavardions si bien au début du vol. Il me posait des questions sur les choses que je n'aime pas et celles dont j'ai peur. Je regrette de lui avoir parlé de ma phobie des baleines parce qu'à partir de là, il a commencé à m'expliquer en long et en large la vie des baleines dans l'espace. Ce que je suis absolument contre ! J'ai une peur bleue des baleines et de leurs grandes bouches qui peuvent me manger à tout moment ! Je n'aurais JAMAIS dû lui révéler cette info !

To HimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant