Chapitre 19

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Henri est debout face à moi, les bras le long de son torse nu, une expression sur le visage à la fois triste et désolée. Je pose une main sur mon estomac qui commence à me brûler. J'ai peur et je redoute les mots qu'il peut prononcer mais je veux les entendre, les comprendre et savoir pourquoi on en est arrivé là. Est-il responsable de l'enlèvement de ma mère?

—Oui, admet-il : C'était mon plan de départ. Il fait un pas en avant : Mais je ne savais pas qu'il s'en prendrait à ta mère, ça je te le jure.

Mon cœur me brûle et soudain un vide m'envahit, suivis d'un point chaud comme le feu. Je secoue la tête et inspire-le plus d'air possible pour calmer la colère qui monte en moi. La nouvelle est dure à encaisser.

—Pourtant, c'est noté sur la feuille que tu t'es servie de son enlèvement, lui dis-je en montrant la feuille.

—C'est uniquement parce que nous le surveillons depuis un moment, dès qu'il a enlevé ta mère, nous avons ...suivis son chemin jusqu'au Mexique mais avant ça, je ne savais pas où il se trouvait.

Je pouffe de rire, d'un rire jaune. J'ai l'impression qu'il s'est servi de moi, et de ma mère. Moi qui croyais avoir trouvé un ami en qui je pouvais avoir confiance et ... aimé. Depuis le début, tout est calculé et manipulé avec soin, comme un pion sur un échiquier.

—Tu t'es servie de nous. La réception chez Franck Holler, dis-je à voix haute : En y réfléchissant même l'accident était une opportunité pour toi ! Tu as pu t'en servir comme excuse ?

—Non, me coupe-t-il : Enfin, si, j'avais déjà prévu d'y aller mais quand toi, tu y es allé, ce soir-là, je ne suis venue que pour te protéger, rien d'autre.

Je croise les bras sur ma poitrine, comme un étau pour calmer les battements de mon cœur. Je me sens mal, comme si quelque chose en moi voulait sortir. Henri s'approche de moi, le bras devant lui pour le poser sur mon avant-bras mais je recule. S'il y a quelques minutes, j'aurais eu envie de ce contact, là maintenant, je n'en veux pas.

—Eve, je suis désolé, me dit doucement Henri : Mais il faut que tu me crois.

Je pose mes yeux dans les siens. Ces yeux à qui j'ai donné ma confiance, ma vie et celle de ma mère et soudain, j'ai un doute. Est-ce que je me suis trompé?

—Tu es désolé ? Tu m'as menti, lui dis-je d'un ton rude.

—Je sais et je suis désolé mais je dois détruire les projets de Charles Déplaire, me répond -il.

—Pfff...Détruire ? Et moi dans tout ça, ma mère ? Tu t'es servie de nous comme des marionnettes, quitte à ce qu'on meurt !

Soudain, les yeux d'Henri se font durs et il s'approche de moi. Pourtant, un instant, je lis de la peine dans ses yeux, comme si je l'avais blessé.

—Non, évidemment que non ! Je reconnais m'être servie de l'enlèvement de ta mère mais tu dois me croire, à aucun moment je t'aurais blessé. Je n'ai pas voulu tout ça, je ne pensais pas que Charles s'en prendrait directement à ta mère. Quand il a essayé avec Martine au centre commercial, je pensais que son attaque était ciblée sur ton père mais...

—Mais il n'a pas réussi, à la place, il...

Un éclair de lucidité se fait dans mon esprit, ma rencontre avec Henri, son intéressement pour moi, un chemin bien fait jusqu'à Charles. Les pensées défilent dans mon esprit, Charles qui sympathise avec ma mère, tandis qu'Henri observe de loin le moment opportun. Je suis contrarié et puis non, je suis franchement en colère de tout ça. Ma mère est en danger et je ne peux pas le tolérer!

To HimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant