Chapitre 15

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Nous arrivons enfin sur la place principale. Il y a des banderoles de couleurs au- dessus de nos têtes, attachées de part et d'autre sur les bâtiments. Henri se gare dans une ruelle ou il n'y a personne et nous sortons. Nous déambulons dans la rue aux couleurs chatoyantes, côte à côte en regardant les étales et en discutant des choses épicées. J'adore ce qui est épicé mais Henri a plus de mal avec ça. Son épice favorite : le sel. Il a goûté une fois du curry mais sinon, il n'a jamais eu l'occasion de goûter aux autres épices. Dans mon cas, je voue une véritable passion pour le poivre et les plats relevés mais il semble douter de sa résistance pour essayer. Nos pas, nous mènent près d'une fontaine en pierre ou trône des grenouilles sur les rebords qui recrachent de minuscule jet d'eau. Au centre, une plus grande quantité d'eau jaillit dans une jarre tenue par un petit bonhomme en pierre qui rigole. Le paysage semble tiré d'une carte postale. La fontaine fait office de pièce centrale sur la place au sol carrelé en terre cuite, avec toutes ces boutiques autours. Je m'assois sur le rebord rond de la fontaine, le cœur léger comme une plume. C'est un peu curieux d'être détendu mais j'aime ce calme dans mon cœur.

Henri regarde de droite à gauche, visiblement à la recherche de quelque chose, puis soudain, son visage s'illumine, comme s'il avait trouvé l'objet de sa convoitise. Il pose ses yeux sur moi, un sourire aux lèvres.

— Ne bouge pas, je reviens, dit Henri.

Je n'ai pas le temps de répondre quoique ce soit, qu'il traverse déjà la foule, disparaissant de ma vue. Je me demande bien où est ce qu'il va?

Une douce musique attire mon attention. Sur le côté un musicien avec un chapeau, tient une guitare et joue une mélodie rythmée dans sa langue. Petit à petit, les gens forment une nuée autour de lui en tapant dans leurs mains. Deux femmes passent à travers la foule, habillé d'une robe coloré et entamant une danse rythmée sous les acclamations joyeuses. Les pieds des danseuses ne font qu'un avec la musique. Soudain, Henri fend le côté de la foule en leur jetant des regards en biais et réapparaît devant moi avec un paquet dans la main. Il s'assoit à côté de moi, penaud, son précieux paquet entre les mains. Une délicieuse odeur se dégage du paquet.

— C'est, euh... Le Salbut., dit-il.

— C'est vrai, merci ! Lui dis-je.

Son geste me touche, c'est certain.

— Il a l'air délicieux, dis-je doucement en le regardant dans tous les sens.

Le Salbut est une tortilla garnie de laitue, d'avocat, de poulet, de tomate et d'oignon rouge mariné. C'est un plat copieux qui doit réunir beaucoup de famille, ou des amis. Je coupe le Salbut en deux du mieux que je peux et donne la moitié à Henri. Il me regarde surpris mais il finit par le prendre. Je mords à pleine dent, oubliant presque que je ne suis pas seule pour manger sans aucune manière. Je mange avec envie, le goût est intéressant, à la fois épicée et acidulé. En une bouchée, mon morceau est engloutit. Henri mange tranquillement lui, avec classe même, mais tousse par moment. A coup sûr, c'est trop relevé pour lui.

Soudain, son regard croise le mien. Il sourit et récupère l'une des serviettes.

— Tiens, tu as...euh, de la...la, sur la joue, me dit-il.

Je regarde la serviette avec effroi en imaginant ma bouche pleine de sauce rouge autour de la bouche. Oh non la honte ! Je mange comme une cochonne !! Je récupère aussitôt la serviette et essuie en vitesse mes lèvres mais dans ma hâte, un morceau tombe sur ma robe rose, formant une immonde petite tache rouge.

Je pose une main dessus pour la camoufler et me relève de ma place. Je me tourne vers Henri, cherchant une excuse pour m'éclipser et enlever la tâche.

To HimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant