Chapitre 41

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Charles recule d'un pas, croise les bras dans son dos et me fixe de toute sa hauteur. Ses yeux, posés sur moi, sont froids, remplis d'un air de défis au fond de ses prunelles. Pourtant, même s'il me toise de toute sa hauteur, je n'ai pas peur de lui. Je le devrais sans doute, mais ce n'est pas le cas, au contraire, à cet instant, je suis en colère, énervé contre lui comme jamais.

Calme-toi, sortir ta colère ne fera qu'empirer les choses pour tout le monde.

J'inspire en gonflant mes poumons le plus possible, pour me calmer, mais ce geste est vain. La chaleur s'insinue dans mon corps comme une traînée de poudre. Nous sommes loin de la dernière fois où je l'ai vu. À l'époque, je n'avais pas conscience de quel homme il était. Il m'a berné, avec ses cheveux châtains clairs coiffés en arrière et ses yeux bleus d'un loch. Son apparence qui semblait distinguer, mais qui, en réalité, abritait un monstre capable de tuer, capable de la pire des choses pour arriver à son but.

—Karen est d'agréable compagnie, dit-il simplement : depuis qu'elle est ici, nous passons toutes nos soirées ensemble. Elle est très heureuse d'être ici.

Bah, voyons !

Je secoue la tête, plus par ironie que par négation. C'est impossible que ma mère soit bien avec lui, avec ce... Monstre.

—Vous l'avez privé de sa fille, je ne pense pas qu'elle soit heureuse d'être avec vous, lui repondé-je dans le même ton.

—Pourtant, c'est le cas, elle a montré un intérêt pour ma cause. Elle est très complaisante, je dois dire.

Ma mère, complaisante ?

—Vous mentez comme un arracheur de dents, ma mère n'est pas du genre a se laisser faire ni à accepter des idées qu'elle n'adhère pas ! C'est une humaniste, elle croit en l'être humain et à la liberté, le choix, la protection de chaque vie sur terre.

—Oh, vraiment ? Puis Charles prend un air sadique : alors, elle a changé d'avis au moment où nous avons parlé de toi. Il faut dire que je lui ai proposé que tu te joignes à nous.

Maman, tu dois être morte d'inquiétude, d'angoisse et dans ton état, c'est la dernière chose qu'il te faut. Tu dois garder le moral, sinon....

—Vous lui avez fait du chantage, c'est ....digne de vous, lui lancé-je.

—Peut-être, n'oublions pas que la fin justifie les moyens. Enfin bref, mes hommes ne t'ont pas trouvé et nous savons maintenant pourquoi.

J'inspire et serre les poings contre moi. Il avait prévu de m'enlever aussi. Henri avait raison, Charles voulait se servir de nous pour faire flancher mon père. La colère s'insinue dans mon esprit, lentement, mais sûrement. C'est un salop !

—Où est-elle ? Dis-je en serrant les dents : où est ma mère ?

Il s'approche de moi, un sourire charmeur, accroché à sa face de chien.

—Elle profite de mon invitation, le temps qu'il faudra. Ou le temps, que Madame Brown m'accordera.

Ces mots me font mal comme un coup de poignard. Un feu se propage en moi comme une traînée de lave. Le temps ! La seule chose avec laquelle je ne peux pas jouer. Avec ma mère, le temps est compté. Ma colère augmente, cet homme m'a privé des moments avec elle !

Soudain, ma vue se brouille et un voile se fait autour de moi, comme de la brume. Je fixe Charles avec mon regard empli d'une haine que je n'avais jamais ressenti, puis mes bras, s'agitent d'eux même, comme un astéroïde attiré par l'atmosphère d'une planète. Ma main vole et s'abat avec force sur sa joue.

To HimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant