Chapitre 44

90 7 0
                                    



—Vous êtes prêtes pour notre voyage, mesdames? Questionne Charles.

Il regarde ma mère sur sa droite, un sourire charmeur, puis pose ses yeux de mon côté, en face de ma mère, attendant une réponse. Dans un sens, oui je suis prête mais dans l'autre non. Si je indécise c'est uniquement parce que je sais qu'au moment où nous allons quitter cet endroit les choses vont s'accélérer. Alors, il peut me demander la plus belle des choses pendant mon petit déjeuner mais, je ne sais pas quoi lui répondre.

—Mmm, marmonné-je.

Charles pose son thé devant lui, la mine déconfite.

—Ne soyez pas ronchon mademoiselle Weaver, après tout vous vous apprêtez à revoir votre géniteur, dit-il, puis il me regarde amusé : D'ailleurs, je me suis toujours demandé pourquoi vous n'aviez pas grandi avec lui? Une personne dans sa position aurait pu vous offrir une tout autre vie.

Je croque dans mon toast beurré et mâche lentement pour éviter de faire sortir la colère qui gronde dans mon cœur. Cette question est déplacée, presque vexante et s'attaque directement à mes parents. Je regarde ma mère qui secoue la tête, pour me dire de me taire.

—Ça ne vous regarde pas, lui dis-je.

—D'après mon enquête, vous l'auriez rencontrée pour la première fois cette année. C'est assez curieux n'est-ce pas, surtout si, nous comptons le nombre d'années où James et moi, nous connaissons. Il n'a jamais parlé de vous.

Je ravale ma salive. Comment lui expliquer que ma mère a voulu me protéger des gens comme lui, qui pourraient nous nuire.

—J'ai dit...

—J'ai voulu élever Ève loin de tout ça, répond finalement ma mère : Des intrigues politiques et de l'alliance. Je ne voulais pas qu'elle soit mêlée à ce monde.

—Oh, c'est tout à votre honneur Karen. Excusez- moi de le dire ainsi, mais il aurait mieux valu continuer. C'est un monde bien cruel. Il faut constamment se battre pour garder sa place.

Je le fixe avec des éclairs dans les yeux. Ses mots sonnent comme des reproches contre ma mère.

—Elle voulait que je connaisse mon père! Finis-je par dire.

Voilà, c'est sorti, même si ce n'est qu'une partie de la vérité.

—Je me pose quand même la question Karen, pourquoi avoir pris contact avec James Weaver seulement maintenant. Vous auriez pu continuer d'élever Ève seule ?

Ma mère me regarde puis baisse les yeux. La vérité est simple, avec son cancer, elle ne voulait pas que je me retrouve seule au monde, sans soutien. Seule et ... abandonnée. Mes larmes menacent de sortir. Je lui en ai voulu de me l'avoir caché mais, en réalité, elle m'a protégé de tout ça mais Charles n'a pas à le savoir.

Je pose mon poing contre la table et me lève d'un bond.

—Vous êtes vraiment un fouineur...

—Si je voulais communiquer avec vous, je vous l'aurais fait savoir, me coupe Charles : C'est à votre mère que je parle.

Ma mère nous regarde un à un, puis pose son toast sur son assiette blanche et prend son thé entre ses doigts. Puis, elle pose ses doux yeux marron sur Charles. Au fond de ses prunelles, reflets une lueur que j'ai rarement vue : la colère.

—Vous n'avez pas d'enfant Charles? Questionne ma mère.

D'un geste de la tête, il fixe ma mère, surpris puis serre les dents.

To HimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant