Chapitre 17

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Je m'allonge sur mon lit de camp et ferme les yeux, épuisée par cette journée. Entre notre fuite de Valladolid a ici, le serpent et maintenant ces gens ici. Je crois que mon cœur est sur le point d'exploser. Un serpent a essayé de me mordre et moi, j'ai hurlé comme une possédée. J'ai eu peur, très peur même. Je souffle d'agacement. Je ne me croyais pas si fragile. Je pensais que le cancer de ma mère m'avait rendu incassable mais en fait, non. Un serpent a réussi à me remettre en question. Je suis encore capable d'avoir peur. Je sais aussi que sans les hommes d'Henri, le serpent m'aurait mordu et peut-être même tué.

Je me tourne sur mon lit de camp et met les mains sous ma tête en guise d'oreiller mais je n'arrive pas à dormir jusqu'au pays des songes. Mes pensées ne semblent pas d'accord. Un autre point m'a prise par surprise. La relation d'Henri et ses "hommes" me laisse dans le doute. Ils n'ont pas l'air méchant, ça c'est certain mais leur situation est bizarre pour moi. C'est un peu comme des militaires sans uniforme. Pourtant, Henri ne pourrait pas employer des soldats de l'armée pour l'aider? Maintenant que j'y pense, mon père m'avait dit qu'il y avait une rumeur sur Henri et si je me souviens bien, il m'avait parlé d'un désaccord avec son père sur la manière utilisée pour faire régner la paix. "Les guerres ne sont rien d'autre que l'expression de la politique". Le père d'Henri voulait une paix sans violence, plus politique, comme mon père, mais quel est le point de vue d'Henri?

Je fronce les sourcils, sans comprendre ma déduction. Si Henri n'est pas pour une paix sans violence, alors quel est son but? Depuis notre départ de Londres, je sais qu'il a un secret. Est-ce que je m'en rapproche finalement?

Je secoue la tête​ d'agacement. Aucune pensée ne sera cohérente tant que je n'aurais pas clarifié les choses avec Henri. Je pousse les pans de l'ouverture et me glisse à l'extérieur. Le camp est en ébullition et se remplit d'autres tentes, de tables et de chaises pliantes. Un petit feu commence à prendre forme au centre. Ils ne sont pas là depuis longtemps et pourtant l'installation est à la perfection. Un groupe s'approche dans ma direction, je me glisse sur le côté, au milieu d'autres tente pour ne pas être vue. Je dois trouver Henri !

—Monsieur Henri, j'ai trouvé l'appareil, dit un homme à quelques mètres de moi.

Je me tourne vers la voix mais il me passe aussitôt devant. Il tient dans ses bras chargés un appareil noir avec des fils torsadé et un casque. Il ne semble pas m'avoir vu mais je sais au moins ou peut se trouver Henri. Il ouvre la tente et se glisse sur le côté. Je me mets devant la tente et écoute d'une oreille discrète.

—Elle était dans le camion avec le répéteur.

—Très bien, pose-la sur la table, dit Henri : Oh fait, Abdul, Eve est installé?

Je soulève légèrement le pan de la toile de tente pour écouter davantage. Au centre se trouve une table avec un appareil avec un autre plus petit à côté. On dirait des appareils d'écoute, comme dans les films policiers. Rachid est installé sur une chaise, dos à moi et prend un casque dans les mains.

—Oui, mais il lui faudrait des couvertures pour supporter la nuit. Les nuits sont fraîches ici et un orage se prépare.

—Je m'en occupe, en attendant, allume le canal 12, dit Henri.

Aussitôt, je me décale sur le côté de la tente en évitant le pic planté dans le sol. Il vaut mieux ne pas être surpris en plein délit d'écoute.

—Tenez Monsieur Henri, les couvertures sont chaudes. Est ce qu'elle sait pour nous? Demande Rachid.

—Non, je ne lui ai pas dit, répond Henri : C'est une lourde responsabilité de le savoir et j'ai peur de lui faire peur.

To HimOù les histoires vivent. Découvrez maintenant