1h plus tard, nous sommes sur la route avec une voiture qu'Henri à louer auprès de la réceptionniste de notre hôtel pour nous conduire chez Emilio. La résidence où il vivait avec sa famille n'est pas très loin, à Chichimila, à 20-30 min de l'hôtel. Mais, plus nous nous éloignons de la ville et plus j'ai des doutes sur l'adresse. Les maisons se font rares, laissant place à la végétation verdoyante du pays. En tout cas, si c'est la bonne adresse, ça fait peu de voisins.
Soudain, Henri met le clignotant pour dépasser un homme qui porte un gros sac sur le dos. Il y a un groupe de chèvres aux longs poils à ses côtés, nous forçant à ralentir. J'observe la scène et me tourne vers Henri.
—Euh, tu es sûr qu'il habite là ? On est à la campagne, c'est assez reculé. Pourtant c'est un ... enfin c'était un politicien. Il a de l'argent à la base.
—Oui mais sa femme est de la région alors ils habitent principalement ici, avec sa famille. Ah, on y est, regarde !
Henri tourne sur la gauche et avance sur un chemin de terre, entouré par des arbres, jusqu'à un portail en bois avec un interphone sur le côté. Henri coupe le contact et détache sa ceinture. Il pose ses coudes sur le volant, dévoilant les muscles de ses bras, et observe la maison. Je m'attarde quelques secondes sur ses bras saillants avant de suivre son regard à travers le pare-brise, pour regarder la maison à l'allure de fantôme. Elle est grande mais semble modeste, terne et reflète bien le deuil. Je mords l'ongle de mon doigt, nerveuse. J'ai peur que nous soyons mal accueillis par la famille de cet homme. Après tout, Emilio est mort et sa famille ne doit pas avoir envie que des inconnues viennent fouiller dans sa vie et ses affaires. J'espère qu'ils accepteront la visite d'Henri vu qu'ils l'ont déjà vu.
Soudain, une personne ouvre la porte d'entrée, les bras chargés d'un carton mais dès qu'il nous voit, il recule et referme la porte d'un geste sec. Je me tourne vers Henri, pas très surpris de son accueil.
—Il n'a pas l'air content de nous voir, dis-je : On fait quoi, s'ils n'ont pas envie de nous voir ?
—Je vais leur demander, on sera vite fixés, me répond Henri.
Henri baisse la vitre et appuie sur l'interphone, signale son nom et demande à rencontrer la maîtresse de maison. Il se passe quelques secondes sans bruit avant qu'on lui dise d'attendre. Henri sort de la voiture et s'approche du portail. Quelques minutes plus tard, un domestique vient à sa rencontre, ils discutent quelques instants puis Henri revient vers moi, pose les coudes sur la fenêtre ouverte.
—Elle va me recevoir mais j'aimerai que tu attendes ici. Il vaut mieux éviter de donner une explication sur qui tu es.
Henri guette ma réaction. Je grimace un peu, je voulais aider et ne pas rester dans la voiture mais je crois qu'il a raison. Inutile de donner mon identité.
—Ouais.
Henri me regarde attentivement, plongeant ses yeux bleus dans les miens puis descend vers ma bouche :
—Sinon, je peux lui dire que tu es ma femme mais je ne pense pas qu'ils seront d'humeur à se réjouir pour nous avec les circonstances.
Je fixe Henri en secouant la tête.
—Ça, c'est certain. Je vais rester ici, vas-y.
Il me fait un clin d'œil avec un « ça marche » et rentre dans la maison. J'attends dans la voiture, en fermant les yeux. Au bout de 20 minutes, des gouttes de pluie sur la vitre attire mon attention. Je regarde le ciel qui se noircit, le temps change. Devant ce ciel sombre, une pensée me traverse. Est-ce que ma mère voit aussi ce ciel ? ou est-elle enfermée dans une pièce sans voir le jour ? Soudain, une boule d'angoisse se forme dans ma gorge. J'espère qu'il la traite bien. Qu'elle est soignée correctement. Charles est un soldat mais, il n'a aucune raison de maltraiter ma mère, de l'enfermer dans une cellule humide et froide sans soins appropriés. Pourtant, je ne sais pas s'il est capable de bonté envers une malade. Je pose une main sur mon cœur pour faire chasser cette angoisse quand Henri apparaît dans mon champ de vision. Il sort sous une pluie devenue torrentielle et court jusqu'à la voiture. Il s'assoit et remet le contact.
VOUS LISEZ
To Him
RomanceCertaine personne sont-elles destinées à se rencontrer, à tomber amoureuse ? Personnellement, je ne sais pas. Je suis plutôt terre-a-terre dans mon genre. À vouloir une vie calme, tranquille et bien ranger Finalement, c'est un combat de chaque insta...