Chapitre 15

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Lundi, 7h15, Ben débarque sur mon lit pour un réveil en fanfare à base de corne de brume et d'hurlements de singe. Je vais le tuer. Première étape, acheter une perruque blonde, qui me permettra de me faire passer pour une de ses ex, des bâches et une scie. Deuxième étape, j'hésite encore entre la pelle et la mort aux rats. Bon, plan à peaufiner, j'y reviendrai à la prochaine crasse et en attendant je me contente de verser la moitié du pot de sel dans son café. 5 minutes plus tard, Julien devient le dommage collatéral de cette matinée, il était en face de Ben lorsque celui-ci a violemment craché tout son café.

- NOEMIEEEEEE, hurle Ben en me courant après dans tout l'appartement.

- Oui, dis-je au bout de 30 secondes de tours de table, au bord de l'agonie.

Décidément le sport et moi ça fait 2. Il va me falloir une autre technique pour l'amadouer. Cils battants, je commence à glisser mon index dans ma bouche et caresse doucement mon ventre avec mon autre main. Je pense que c'est gagné, jusqu'à ce qu'il me saute dessus et me traîne jusqu'à la salle de bain ou j'ai droit à une douche froide. Mon T-Shirt est trempé, mes tétons sont armés.

- Ahhhh douce vision matinale.

- Ben pas avec les colocs, hurle Julien depuis le salon.

- Je regarde seulement le menu, lui répond Ben

- Alors mon petit, tu es plutôt arsenic ou ciguë ? je lui demande finalement.

- Devrais-je te faire goûter mon café demain matin ?

- Si tu n'as pas peur que je crache dedans, niark niark niark niark niark.

Je maitrise bien le rire machiavélique.

Ben me laisse me préparer tranquillement en me rappelant tout de même que mon réveil sonnait depuis une demi-heure déjà avant qu'il ne s'en mêle. A sa décharge, il m'a évité un retard, mais je fais comme si de rien n'était et surtout je ne le remercie pas, ma réputation est en jeu.

J'arrive finalement à l'heure au travail. Ma journée se passe super bien. Monsieur Portier n'est pas là, j'ai de la chance, car qui dit absence du boss, dit max de pauses à la machine à café et donc max de potins. Je vous rappelle que je déteste le café. Mais j'adore les potins, et ma nouvelle copine Christelle est décidément la fille qu'il faut connaître pour s'adonner à cette activité. Mais surtout, bonus à cette absence, je ne vais pas subir ses regards lubriques et allusions cochonnes toute la journée.

Je ne dis rien car il n'est pas dangereux. Juste vraiment très - très - très – lourd. Vous savez du genre à faire tomber exprès son stylo pour que je me penche pour le ramasser. S'il croit que je ne le vois pas reluquer. J'avoue j'ai un cul d'enfer, Ben me l'a encore dit ce matin quand je suis partie. Je l'entretiens grâce au chocolat et à mère nature, qui dans sa clémence me laisse juste la bonne quantité de réserves aux bons endroits (fesses et seins, combo gagnant).

Je ne vais pas épiloguer plus que ça sur ma merveilleuse vie. A la coloc c'est parfait, l'ambiance est au beau fixe, j'ai même réussi à faire avaler un laxatif à Ben hier soir avant qu'il ne parte pour sa garde. Et mon boulot, il est génial, ça fait 2 ans que j'y suis et je compte bien y rester jusqu'à ma retraite (dans 40 ans, mais il faut savoir se fixer des objectifs dans la vie) ! Mes collègues sont super, j'adore ce que je fais, et visiblement je le fais bien si j'en crois les réactions, et même mon obsédé de patron ne me dérange pas. Au fond c'est flatteur et comme un gros nounours, il ne ferait pas de mal à une mouche.

- Noémie ?

- J'arrive monsieur Portier, dis-je en me précipitant dans son bureau.
Vous avez besoin de quelque-chose ? je lui demande avec un grand sourire.

- Asseyez-vous, me dit-il, tout en fermant la porte à clé, ce que je n'ai pas vu.

C'est ma première erreur.

Il s'installe sur le canapé situé au fond du bureau, un dossier à la main et me fait signe de le rejoindre, ce que je fais.

C'est ma deuxième erreur.

Il se rapproche de moi pour mieux me montrer je pense, et je le laisse faire, mon attention focalisée sur le contenu de ses mains.

C'est ma troisième et dernière erreur.

J'ai à peine le temps de jeter un œil qu'il est déjà sur moi. Non. Non. Non, non non, non, non, non. Bordel je fais quoi ?

- Monsieur Portier lâchez-moi, dis-je en essayant de le repousser sans grand succès, il doit faire au moins 40kg de plus que moi.

- Chutttttttt, me murmure-t-il à l'oreille. Tu veux garder ton poste ? Alors sois sage, ajoute-t-il en glissant une main sous ma robe.

Je dois me dégager. Il est trop lourd. Sa main se rapproche dangereusement de mon entre-jambe. Il la retire. Alors c'était juste une blague ? De très mauvais goût soit dit en passant.

Je commence à me relever, quand il m'attrape de plus belle et me retourne face contre le canapé. Sa main reprend là où elle s'était arrêtée. Ma culotte fait barrière mais ça ne dure pas. D'un geste il me l'arrache. Ses doigts sont maintenant au niveau de mon entrée. Je sens son souffle à mon oreille. Alors dans un geste de dernier recours, je bascule le plus violemment possible ma tête en direction de ce souffle.

- Putain salope

Il me lâche en portant une main à sa bouche, d'où s'écoule un peu de sang. Je saute du canapé. Je fonce jusqu'à la porte que je déverrouille. Je suis sauvée.

Je me dépêche maintenant de récupérer mes affaires à mon bureau et je quitte le bâtiment sans me retourner.

L'appartement est vide. Une douche salvatrice est nécessaire. Deux heures plus tard, mes idées sont au clair. Je ne peux plus remettre un pied à mon travail. Je rédige donc ma lettre de démission que j'envoie en recommandé. Je n'ai plus qu'à chercher un nouveau boulot. Je voudrais porter plainte, mais c'est sa parole contre la mienne, et le monde du travail est très/trop petit. Je ravale ma fierté et remets mon masque de Noémiss joie de vivre, connasse au grand cœur. Un jour je raconterai cette histoire à mes amis, mais pour l'instant je ne peux pas. 

Putain de BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant