Chapitre 12

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Mardi, 15h, voilà 2 jours que je suis arrivée dans ma maison d'enfance et je n'en peux déjà plus. Du coup je me suis échappée chez mémé Colette mais elle yoyotte un max aujourd'hui. Apparemment ce n'est pas quelques gouttes qu'elle a mis dans son café à midi mais bien plusieurs bouchons. Tentative d'échappement avortée. Si je ne savais pas que Thomas arrivait demain, je crois que je serais déjà rentrée sur Paris.

Vous savez quand on quitte le domicile familial pour prendre son indépendance, on acquiert un nouveau rythme, rarement compatible avec l'ancien. C'est totalement le problème ici. Ça et le fait que maman est en couple avec Bertrand depuis 4 ans, ce qui veut dire obligation de mettre un pyjama pour descendre boire en pleine nuit, interdiction de baisser son pantalon dans le salon pour aller plus vite faire pipi, ... Euhh je suis vraiment faite pour la coloc moi ? Impossible de donner raison à Thomas, donc pas le choix.

Je décide donc d'aller me promener un peu le long de la mer, l'air me fait du bien, la pluie me rafraichit. Voilà longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi sereine. En fait je crois même que ça date de l'époque où j'étais en couple avec Alex Berges. Non, je ne dois pas penser à lui, ça me gâcherait ma sérénité. Vous savez, j'ai beaucoup réfléchi depuis que j'ai eu Thomas au téléphone, et Alex est souvent revenu dans mes pensées. Il revenait déjà de temps en temps depuis toutes ses années mais depuis vendredi, c'est bien plus que de temps en temps. Ouche ouche je secoue les mains dans tous les sens pour évacuer ces pensées. Ça ne fonctionne pas, c'est même pire qu'avant. Pourquoi quand on veut éviter de penser à quelque chose, on ne fait que penser à ça ? Je décide donc de chanter une chanson et évidemment quoi de mieux qu'un petit Beyonce ?

« All the single ladies, all the single ladies
All the single ladies
Now put your hands up »

Parfaitement de circonstance. Je commence même à faire la choré. A cette heure-ci la jetée est déserte. Enfin presque...

- Salut étrangère

- Thomas, dis-je en lui sautant au cou, mais tu ne devais pas arriver demain ?

- Ah tiens, on est déçu de me voir si tôt à ce que je vois Mademoiselle rabat-joie ?

- Tu sais très bien que non.

- Je me doutais que tu ne survivrais pas jusqu'à demain sans moi.

- Présomptueux.

- Réaliste.

Je ne réponds pas, je déteste avouer que j'ai tort, même à demi, et comme la miss mauvaise-foi en moi est à court de répartie, je préfère changer de sujet.

- Alors bon voyage ?

- Tu changes de sujet !

- Toi aussi, tu ne me réponds pas.

- Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ?

- Me laisser dormir chez tes parents cette nuit pour m'éviter médusa ?

- Nouveau surnom pour ta mère ?

- Je crois que si je me fais fusiller une fois de plus par son regard bionique, je vais me changer en pierre, ce qui priverait l'humanité de mon ironie et de ma personnalité sans pareille. Alors agent Toto, acceptez-vous la mission de maintenir intègre Noémie Dupin ici présente, et ce même si vous deviez vous-même vous transformer en pierre ?

- D'accord pour cette nuit. Maintenant va te changer, je t'emmène au resto.

- Du coup si je te fais la surprise de venir te chercher avant de partir, je vais te trouver tout nu sur une fille sur le canapé de tes parents ? Apparemment c'est ça que ça veut dire de nos jours quand on se fait inviter.

- Irrécupérable. Rendez-vous au portail à 19h30.

Les 3 jours suivants passent tellement vite. Nous croisons quelques anciens camarades de classe, dont Elsa et Enzo, qui clairement doivent espérer inventer un jour une machine à remonter le temps pour récupérer leur corps du lycée, pourtant pas très fameux à l'époque déjà. On organise un Noël avant l'heure avec nos parents et mémé Colette. On voit bien dans les yeux des voisins, qui nous regardent décorer les extérieurs, qu'ils sont à deux doigts d'appeler les urgences psychiatriques. Au cours du repas, mémé Colette décide de nous raconter le jour où elle s'est envoyée en l'air avec son professeur de mathématiques. Maman et moi sommes habituées, Thomas également car je lui répétais toujours la dernière histoire de mémé. S'agissant des parents de Thomas et de Bertrand, c'est par contre une tout autre affaire. Nous voyons l'horreur s'agrandir sur leurs visages au fur et à mesure que Colette avance dans son récit.

Vendredi soir arrive, nous optons pour une dernière soirée pyjama avec Thomas. Comme Ninon lui manque, je décide de l'intégrer en visio et c'est avec mon téléphone entre nos oreillers, montrant Ninon endormie, que nous plongeons également dans le sommeil. C'est pas mal ça pour dormir à 3 en maximisant la place, astuce à retenir !

Le lendemain, nous rentrons, moi à Paris, Thomas à Toulouse.

« Merci Ninon »
« De rien Nono, tu le mérites »

Putain de BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant