Chapitre 1

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Décembre 2020

« Louuuu ! » M'appelle une voix depuis l'escalier, se rapprochant.

Je n'ai pas le temps de fermer la porte d'entrée qu'une tornade blonde se jette sur moi. Je maintiens à bout de bras Charlotte, ma petite sœur qui s'est accrochée à moi, me faisant perdre l'équilibre. Je manque de peu de tomber, mais parviens par je ne sais quel miracle à tenir sur mes jambes. Je sers fort ma petite sœur contre moi, ravie d'enfin pouvoir la tenir dans mes bras après tous ces mois passés loin de ma famille. Je la repose délicatement tout en observant le décor familier de l'entrée après être rentré et avoir refermé la porte pour empêcher le froid d'entrer. Rien n'a bougé, le mur face à la porte est toujours blanc, malgré les nombreuses plaintes de ma mère qui souhaiterait le faire changer de couleur. Le petit meuble à droite de la porte est toujours en bois clair, il sert à priori toujours de vide-poche : il suffit de jeter un coup d'œil aux clés qui traînent dessus, sans compter les innombrables papiers contenant sûrement des enveloppes non ouvertes, des tickets de caisse qui n'ont miraculeusement pas terminé au fond des sacs de course.

« Lottie, comment tu vas ? » J'interroge ma sœur en me posant mon regard sur elle. « Tu as encore grandi ou c'est moi ? » Je demande en fronçant les sourcils. Enfin, je n'oublie pas que chaque fois que je la vois, j'ai l'impression qu'elle a grandi, mais quand même.
« Non, non, toujours la même taille ! » s'exclame-t-elle avant de me demander comme moi, je vais.
« Tout va bien, moi, tu sais, je vais toujours en cours, je suis toujours dans la même coloc', enfin, pas grand chose de nouveau. »

Elle hoche la tête alors que je m'avance vers le salon, ma valise roulant derrière moi. Je redécouvre la cuisine qui elle, a changé, ma mère l'a refaite et je pense qu'elle a bien fait. C'est plus moderne, les placards noirs, le plan de travail en bois, l'évier blanc, je vois qu'elle a aussi changé certains objets, par exemple sa vieille bouilloire qu'elle a certainement dû remplacer, la machine a café n'est plus la même non plus. Le carrelage blanc au sol semble ne jamais être entièrement propre à cause des traces de pas laissées par nos chaussures que, même dix ans après avoir emménagé ici, nous n'avons pas pris l'habitude de retirer en entrant. On avance enfin dans le salon et je remarque immédiatement que la disposition des meubles a changé. Ce sont toujours les mêmes, mais la télé qui était contre le mur à gauche de la porte est maintenant contre le mur en face, le canapé face à lui. Un autre meuble s'est installé à l'ancien emplacement de la télévision, je vois que les cadres recouvrant les murs sont enfin remplis de photos, depuis le temps qu'on entend parler de ces fameuses photos que notre mère voulait mettre !

D'ailleurs, en parlant d'elle, ma mère est installée dans le canapé, commençant à se tourner vers nous en nous entendant arriver. Elle regardait une émission que je n'apprécie pas particulièrement, mais ça tombe bien, ce n'est pas moi qui la regarde. Elle se lève et vient à notre rencontre, m'embrassant sur les deux joues avant de me sourire, ravie de m'avoir à la maison pour les vacances.

« Alors, Lou, comment vas-tu ? » me demande-t-elle en gardant ses deux mains sur mes joues, encadrant mon visage. « Oh, aussi, ce soir, j'ai réservé au resto. On ira tous les cinq, avec Fizzie et Mark.
- Pas de soucis. Je vais bien, j'ai des partiels à la rentrée, je vais devoir bosser mais ça devrait le faire. C'est quand, ton bac blanc, Lottie ?
- Vers février, je crois. » m'apprend ma sœur.

Pour Félicité, ce n'est que dans deux ans, elle a le temps, elle n'entrera qu'en première l'an prochain. Quoi que, et encore, elle passera l'épreuve anticipée de français, en fin d'année, donc bon... Je ne me fais pas trop de soucis pour elle, mais on ne sait jamais. Je me souviens que pour le français, j'étais passé tout juste avec dix à l'oral et dix à l'écrit. Je n'étais pas fier de moi et je ne comprenais pas que mes parents veuillent fêter ça, mais bon.

Le temps d'avancer [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant