Chapitre 3 - Partie 1

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Février 2021

Nous sommes le premier février. Un jour comme les autres. Enfin, en théorie. Je suis le genre de personne qui est capable de se souvenir pendant un mois à l'avance de l'anniversaire de quelqu'un, mais qui le jour-même l'oubliera ou ne s'en souviendra que tard, pourtant, évidemment, cette année, je ne peux me sortir de la tête que c'est celui de Harry. Je me souviens nettement que les années précédentes, évidemment, j'y pensais, mais ça me sortait vite de la tête, j'y repensais plus tard dans la journée, mais voilà. Je ne suis pas habitué à ce que ce genre de pensées reste dans mon esprit toute la journée. C'est donc épuisé que je rentre chez moi, sans avoir pu ne serait-ce qu'essayer de me concentrer sur mes cours de la journée. En m'asseyant enfin dans le canapé après avoir bu deux verres d'eau, j'allume la télé pour regarder un peu l'actualité. Saturne vient se poser sur mes jambes, tranquillement, réclamant des caresses que je lui accorde rapidement. Ce petit chat, nous l'avons retrouvé rôdant en bas de l'immeuble alors qu'il n'était qu'un chaton, nous avons pensé à le laisser, pensant qu'il appartenait sûrement à quelqu'un de l'immeuble ou de la rue, mais au bout de quelques jours à le voir toujours devant notre porte, nous avons préféré l'emmener chez le vétérinaire au cas où. Il n'était pas tatoué et nous avons finalement décidé de l'adopter. C'était pendant notre première année.

Coupant court à mes souvenirs, je me dirige vers ma chambre, attrapant mes cours que je pose sur la table du salon afin de les relire dans le canapé, Saturne de retour sur mes jambes. Alors que j'entamais la deuxième partie de mes révisions, la porte se déverrouille à ma droite et le chat n'attend pas plus longtemps pour sauter de mes genoux. Je souris en voyant Lauria passer la porte et notre chat se frotter contre ses jambes alors qu'elle se baisse pour la caresser.

« Coucou. » me dit-elle en relevant la tête vers moi. « Comment ça va depuis tout à l'heure ?
- Eh bien, ça va, ça va. Et toi ? » je l'interroge, voyant un grand sourire sur ses lèvres.
« Nickel. Dis, ça t'embête si on sort vendredi ? » me demande-t-elle alors que je grimace.
« Désolé, ça va pas être possible, Charlotte vient ce week-end...
- Oh merde, j'avais complètement zappé ! » s'exclame-t-elle, gênée.

Je la rassure doucement, c'est complètement normal qu'elle ait oublié alors que moi-même je n'ai été prévenu que tardivement de la venue de ma petite sœur. À ce sujet, d'ailleurs, je n'ai toujours pas eu de message de ma mère et je ne compte pas la recontacter avant qu'elle ne se soit excusée. Aussi gamin et immature que je puisse être, il y a des limites à ne pas dépasser. Je suis du genre à laisser couler, généralement s'il y a un problème, le lendemain, si la personne fait comme si rien ne s'était passé, je le fais aussi, mais cette fois-ci, non. Je n'y arrive juste pas. Mon amie lâche son sac au pied du canapé et se laisse tomber dedans alors que je suis toujours assis, se retrouvant le dos sur mes jambes alors que les siennes sont installées sur l'accoudoir.

« Sinon, je ne te dérange pas ? T'as pas, juste un peu, l'impression d'être sur moi ? » je lui demande en fronçant les sourcils, un sourire en coin, alors la jeune femme aux cheveux colorés baisse ses yeux vers moi en secouant la tête.
« Je ne vois absolument pas de quoi tu parles ! » rit-elle avant de finalement se relever. En la regardant faire des allers-retours entre le plan de travail et la table basse sans aucune raison, je me doute qu'il y a quelque chose qu'elle n'ose pas dire alors j'essaye de l'y encourager. Elle évite mon regard, souffle discrètement, sûrement pour se donner du courage, et reprends la parole : « Et... Par rapport à son anniversaire, ça va ?.. » me questionne-t-elle à voix basse, comme si elle avait peur de dire un mot de trop. Mais elle me connaît bien. C'est pas pour rien si c'est ma meilleure amie.
« Je fais avec. J'ai pas le choix de toute façon. C'est la vie, et aussi injuste soit-elle, c'est comme ça et je peux rien y faire. Alors je me contente de vivre, je peux faire que ça de toute façon. On a pas le choix, on est là, on peut pas faire autrement. Alors je fais. Je déteste la vie parce qu'elle m'enlève toujours les gens qui comptent et je peux jamais rien faire pour les retenir. Donc c'est tout. » je lui réponds sincèrement, n'ayant pas le cœur à cacher ce que je ressens aujourd'hui. Je suis assez honnête en temps normal, mais aujourd'hui, en sachant que je ne peux même pas être auprès de lui...
« Louis... Est-ce qu'au moins tu vis vraiment ?.. » murmure-t-elle, presque comme si elle se le demandait, n'attendant pas de réponse.

Le temps d'avancer [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant