15 Juin 2021

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« 15 Juin 2021,

Harry,

Je voulais écrire hier, mais les mots ne venaient pas. Non, je suis en train de me trouver des excuses. Je ne voulais pas écrire hier puisque j'avais peur de te donner ce carnet et que repousser le moment où j'écrirais cela revenait à repousser le moment où je te le donnerais. Je sais que je t'avais dit que tu aurais l'occasion de lire ces pages dès le soir-même, mais la force m'a manqué.

Tout d'abord, il fallait que tu saches que je t'aime. Je ne t'ai pas répondu hier. Mais je t'aime. Encore. Un jour, j'ai lu quelque chose. Ce n'était pas formulé comme ça, je ne me souviens pas des termes exacts. Mais cela disait plus ou moins que la présence ne remplaçait pas l'absence. En lisant les quelques mots, j'ai pensé à toi. Et récemment, j'y ai repensé. Je ne sais pas si ton retour battra un jour ton fantôme. Il m'arrive encore de faire des cauchemars dans lesquels tu n'es pas là. Des cauchemars dans lesquels tu es là un instant, et tu disparais la seconde suivante. C'est l'un de ces cauchemars qui a déclenché mes pleurs quand nous étions au parc hier. Depuis que tu es rentré, mes songes se résument à te voir près de moi, mais éloignés, puis finalement disparu. La seule fois où j'ai bien dormi, c'est le premier soir, quand j'étais contre toi. C'est bête, hein. Il y a deux ans, tu aurais probablement été plus susceptible de me dire ça que l'inverse. Tu faisais des insomnies. Je ne sais pas si tu en fais encore. Mais quand nous étions encore au lycée, tu m'avais dit un jour que tu ne réussissais pas à dormir seul. Moi c'était l'inverse. Je ne savais pas dormir avec quelqu'un. Dès lors que je n'étais pas seul dans la pièce, j'étais incapable de dormir correctement. Aujourd'hui, c'est le contraire. Je ne supporte pas l'absence et mes nuits sont rarement complètes ou reposantes. Ton souvenir qui s'invite dans mes rêves et s'efface dès que mes paupières s'ouvrent est insupportable et me brisait un peu plus chaque jour. Ces derniers temps, ça allait un peu mieux. Je dormais. Dans les premiers mois, je ne dormais pas. En Novembre, j'ai fait un malaise en cours. Je n'avais pas dormi plus de quatre heures en quatre jours, et je ne mangeais presque rien. Je sais que Lauria s'inquiète que je ne mange pas beaucoup depuis quelques semaines. Mais avec les examens, les rattrapages, j'avais du mal à avaler quoi que ce soit.

Bref, c'est pas le sujet.

Tu m'as parlé de ce garçon que j'ai vu. Il me semble en avoir déjà parlé, mais c'était peut-être avec Lauria, mes sœurs ou j'ai juste imaginé en avoir parlé parce que je voulais te le dire. Toujours est-il que ce gars, il n'est rien. Et c'est justement ça qui a fait que ça n'a pas duré. Je ne suis même pas sûr de l'avoir vu plus d'une fois. Je le comparais tant à toi que ça en devenait malsain. Je crois que dès la première sortie, ou quelques jours après, je lui ai dit que ce ne serait pas possible. Parce que j'étais encore trop attaché à toi. Parce que mes sentiments étaient encore là. Et que c'était toi que je voulais, que j'attendais encore.

Je ne voulais pas, je ne pouvais pas faire autrement que de t'attendre. Je me suis rattaché à ton ombre, mais j'avais besoin de ça. Sûrement que si tu n'étais pas rentré aujourd'hui, je ne mentirai pas, j'aurais fini par refaire ma vie. À cette étape de notre vie, je trouve ça bizarre de le dire comme ça. Mais j'aurais rencontré d'autres personnes et peut-être que quelqu'un aurait fini par réellement retenir mon attention, m'aurait attiré et que j'aurais développé de l'affection pour lui. Je ne sais pas si mes sentiments pour toi auraient disparu, ils se seraient peut-être cachés, effacés pour laisser de la place à quelqu'un d'autre, mais est-ce que j'aurais pu ressentir ce mot, amour, que je n'ai jamais pu définir que par ce que je ressens pour toi ? J'en doute.

Mais maintenant que je prends le temps de réfléchir, malgré tout le malheur que m'a apporté ton départ, le mal-être que j'ai vécu, j'ai découvert d'autres parties de moi que je ne pouvais pas découvrir avec toi. Pour l'instant, tu pense peut-être que c'est prématuré pour moi de dire ça, que je ne peux pas avoir de recul sur une si courte période, mais c'est comme ça, il y a des réflexions qu'on se fait parfois, des choses dont on s'aperçoit parfois. Je ne dis pas que je me rends compte de tout ce que tu m'as apporté, de tout ce que ton départ m'a apporté en dehors de ma douleur, mais je sais déjà que même si je ne m'en suis pas rendu compte sur le moment, je suis peut-être plus fort que ce que j'ai pu pensé pendant longtemps, parce que je ne voyais pas la vie sans toi, je me pensais incapable de vivre sans toi et j'étais peut-être trop dépendant. Trop attaché. Je suis sûrement toujours aussi attaché, mais aujourd'hui, je relativise et même si je t'aime, que j'aimerais être auprès de toi à chaque instant, je peux survivre et apprendre à vivre différemment. Évidemment que je te veux toujours dans ma vie. J'espère que tu n'as pas mal interprété mes propos, la seule chose que j'essaye de te dire c'est qu'en grandissant, j'ai compris qu'on ne pouvait juste pas dépendre de quelqu'un indéfiniment. Je ne veux pas d'une vie sans toi, c'est une certitude, mais je pense que nous avons besoin de garder une part d'indépendance, que nous devons sortir, voir du monde. Évidemment, si nous décidons de nous remettre ensemble, passer du temps à deux sera important. Enfin, même sans ça, j'aime passer du temps juste avec toi. Mais ce que je cherche à dire, c'est qu'à trop dépendre de l'autre, un jour ou l'autre nous nous serions conduits seuls à notre perte.

Je m'étonne moi-même d'être capable de dire tout ça, que ton départ n'a pas apporté que du négatif, moi qui ne voyais que ça jusqu'aujourd'hui.

J'espère que tu comprendras ce que je dis, mais pour répondre à ce que tu m'as dit, je t'aime et je veux de toi dans ma vie. J'ai besoin de toi dans ma vie. (J'ai l'impression de contredire tout ce que je viens de dire, mais il y a des contradictions que nous seuls pouvons comprendre et celle là est sûrement l'une d'entre elles donc ne me demande pas de t'expliquer, je n'y arriverai pas.)

Et avant de terminer cette lettre qui est beaucoup trop longue, je viens de remarquer que j'appelle ça des lettres alors que j'écris dans un carnet, mais c'est pas bien grave. Pour reprendre ce que j'allais dire, sache que si tu as besoin, je serai toujours là. Tu es une personne incroyable, Harry et j'aimerais que tu n'en doutes jamais. Tu as dû partir, certes. Mais tu avais tes raisons. Je t'en ai voulu. Longtemps. Encore aujourd'hui il m'arrive de t'en vouloir, je crois. Mais peu importe les gens qui peuvent t'en vouloir, tu avais besoin de partir. Tu me l'as dit. Je ne sais pas encore précisément pourquoi, mais tu en avais besoin. Alors... Ne culpabilise pas de t'être sauvé. Puisque même si je ne comprends pas tout, qu'il y aura sûrement toujours des inconnues pour moi, lorsqu'un poids est trop lourd à porter, il faut parfois savoir lâcher et penser à soi, se sauver soi-même. On m'a dit un jour, « sauve toi, toi-même avant de sauver les autres ». Parce que c'est vrai. Si tu ne te sauves pas d'abord, comment veux-tu sauver les autres ?

Je t'aime.

Louis. »

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Bonsoir ! Comment allez-vous ?

Je devais poster hier mais j'ai oublié...

Bref, voici le chapitre d'hier, du coup ! Il faut que je réécrive un passage d'un des chapitres mais bref.

Passez une bonne soirée !

Prenez soin de vous, ayez confiance en vous et n'oubliez pas que vous êtes importants.

S.

Le temps d'avancer [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant