Le temps d'avancer [L.S]

18 Octobre 2020

« 18 Octobre 2020

Louis,

J'aimerais que tu sois avec moi pour voir les arbres se colorer de mille couleurs. Je sais que tu as toujours adoré l'automne, tu m'en as parlé à tellement de reprises... Tu sais d'ailleurs que c'est toi qui m'as fait aimer cette saison ? Je la trouvais sans intérêt, certains végétaux meurent, les arbres sont nus, ce n'est que le cycle de la vie, mais je ne trouvais aucun intérêt à l'automne avant de te rencontrer. C'est toi qui m'a fait découvrir sa beauté à travers sa mélancolie.

On n'est qu'en octobre, mais je stresse déjà pour mes partiels. Je crois que les profs autant que mes amis ont dû me répéter d'innombrables fois les dates, mais je ne les ai pas retenues. Tu es toujours dans tes études de droit ? La dernière fois que je t'ai vu, tu hésitais à arrêter et changer de filière pour partir vers de l'économie ou la psychologie. Tu te moques sûrement de mon avis, et je peux me tromper, mais je pense que tu devrais changer de filière et partir pour la psychologie si tu n'as pas encore abandonné le droit et que ce serait dans tes projets. Tu as toujours été tellement passionné par la psychologie, tu as toujours voulu aider les autres, essayer de les comprendre, je me souviens pendant les cours de SES, ça arrivait que tu t'ennuies en économie, mais la sociologie, je me souviens qu'en terminale, tu te mettais au premier rang uniquement pendant les cours de socio. En éco, on se mettait derrière, tu t'en moquais.

Je me suis toujours demandé s'il y avait une raison qui te poussait à vouloir aider et comprendre les gens. J'étais en train de me dire que je regrettais, dans ces moments-là, que tu ne puisses pas me répondre, mais en réalité, il ne passe pas un jour sans que je ne manque de prendre mon téléphone et de composer ton numéro. Je l'ai fait une fois, composer ton numéro, et j'ai failli lancer l'appel, mais j'ai juste éteint mon téléphone.

Je suis tellement désolé, si tu savais, de te laisser comme ça, sans pouvoir me répondre, tu dois être en colère contre moi et tu en as tous les droits.

Je sais que je ne parle jamais de ma famille, mais si je dois être complètement honnête, je n'y arrive pas, je ne peux pas. C'est trop dur. Je pense à eux tout le temps, je ne sais pas s'il connaissent la raison qui m'a poussé à couper les ponts avec tout le monde, peut-être qu'ils ont deviné, peut-être pas et je ne le saurai pas avant de revenir, mais c'est dur. Trop dur. Mais j'espère qu'ils vont tous bien et qu'ils sont heureux, même loin de moi. Je pense que même s'ils devinent la raison je ne sais pas s'ils pourront vraiment comprendre mon besoin de m'échapper et de me recentrer sur moi.

Je n'arrête pas de m'excuser, j'ai l'impression. Et je le ferai encore et encore, mais j'ai vraiment besoin de me concentrer sur moi, en ce moment. Je me suis tellement concentré sur tout le monde autour de moi, je me suis tellement effacé que j'en étais arrivé à un point où je ne savais même pas ce que je voulais.

Lors de la dernière discussion que j'ai eu avec quelqu'un du groupe de Valence, c'était Lauria, elle m'a demandé, pendant cette dernière discussion, ce que je voulais. Ce dont j'avais envie. Et c'est là que j'ai réalisé que je n'en avais aucune idée. Elle m'a demandé ce que moi, je voulais, ce dont moi, j'avais envie et je ne savais pas. Je n'en avais pas la moindre idée. Alors elle m'a dit de, pour une fois, faire ce dont moi, j'avais envie, sans me préoccuper de ce que les gens penseraient et j'ai ressenti ce même besoin que je ressens depuis maintenant deux ans, de couper les ponts avec tout le monde. Alors je l'ai fait. Dernièrement, j'hésite à la recontacter.

Je repense juste à une dernière chose. Mes parents. Eux qui, dès que je leur racontais quelque chose, faisaient un lien avec eux. Eux qui m'ont dit, le jour où je leur ai dit que j'avais tellement ce besoin d'indépendance et de ne pas avoir d'accroche que je serais capable de partir, qu'ils me comprenaient parce qu'ils avaient ressenti la même chose... Mais je me demande, ont-il seulement compris à quel point ce besoin est vital pour moi ? Ont-il compris que c'est en parti ce besoin qui m'a poussé à couper les ponts avec tout le monde alors même que je suis à l'autre bout du monde ? Aujourd'hui, peuvent-il seulement comprendre ?

Tu me manques, vraiment. Je suis à deux doigts de réserver un billet d'avion pour revenir mais je ne le ferai pas, c'est trop tôt pour moi. Je t'aime.

Harry. »

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Bonsoir ! Comment allez-vous ?

Quelques jours d'avance, c'est vrai, mais passons.

Qu'avez-vous pensé de cette lettre ? :)

Une chose positive de votre journée ?

Prenez soin de vous, ayez confiance en vous et n'oubliez pas que vous êtes importants.

S.