Chapitre 2 - Partie 2

276 24 25
                                    

Janvier 2021

Les cours ont repris. J'essaye de m'intéresser au maximum à ce que nous apprenons, mais si à force de travailler ma mémoire je retiens plus ou moins facilement mes cours, les différentes notions et le vocabulaire parfois compliqué à comprendre, ce n'est pas pour autant que je suis épanoui en cours. Lauria est à mes côtés, presque à s'endormir sur son pc, je ne sais pas ce qu'elle a fait hier soir, mais elle aurait peut-être dû songer au fait que nous avions cours aujourd'hui... La voyant à deux doigts de s'effondrer sur son clavier, je lui donne un léger coup de coude entre deux mots tapés sur mon ordinateur. Et j'ai plutôt intérêt à prendre le cours comme il faut si Lauria veut les utiliser plus tard puisque je pense qu'il n'est pas utile de préciser que si l'exploit que son pc soit allumé et que son fichier soit ouvert est en effet réalisé, elle n'a pas pris en note la moindre phrase prononcé par le professeur qui s'exprime quelques mètres devant nous tout en nous montrant quelques schémas sur son diaporama.

« Lau, réveille-toi. Tu dormiras à la pause. » je lui dis, la faisant sursauter. Elle me sourit mais je vois bien les cernes qui ornent ses yeux. Elle a bien tenté de les camoufler avec du maquillage, mais elles étaient trop marquées pour qu'elle réussisse à tout cacher en si peu de temps. Effectivement, si elle manque de s'endormir actuellement alors qu'il n'est que dix heures trente et que nous finissons à dix-sept heures, mademoiselle s'est aussi levée en retard et si je n'avais pas frappé à sa porte à huit heures trente parce que j'étais étonné de ne pas l'avoir encore croisée, elle dormirait sûrement encore à l'heure qu'il est.
« Pardon, ouais, excuse, je suis éclatée. En rentrant je dors. » m'annonce-t-elle, et elle a de a la chance que nous soyons vendredi et qu'elle puisse se reposer ce soir, si nous avions cours, elle aurait encore dû bosser.
« C'est pour toi que je te réveille, tu es celle qui veut vraiment avoir ton année. » je lui rappelle, avant qu'elle ne me dise qu'elle ne s'inquiète pas trop, qu'elle bossera juste un peu plus et récupérera mes cours.

Je soupire, exaspéré, mais je ne peux pas dire que je ne suis pas habitué. Lorsque notre matinée se termine aux alentours de midi, nous sortons de l'université pour manger puisque Lauria ne veut pas manger là-bas. Elle me demande où est-ce que je souhaite déjeuner, mais je n'ai pas faim. Je lui réponds qu'elle peut manger où est-ce qu'elle veut, mais en voyant qu'elle s'apprête à relever, je rajoute que je n'ai pas faim. Je mangerai plus tard. Je sens son regard sur moi, mais me contente de marcher dans la même direction qu'elle. On arrive au niveau d'une petite boulangerie qui propose des sandwichs, elle vient régulièrement ici et c'est vrai que moi aussi. J'aime bien leurs sandwichs comme leurs pâtisseries, ou leurs viennoiseries donc généralement, si j'ai quelque chose à acheter, je le fais ici.

« Bonjour ! » nous accueille la vendeuse, son sourire habituel collé aux lèvres. « Oh, comment allez-vous, tous les deux ? Ça fait un moment qu'on ne vous a plus vu ! Vous avez passé de bonnes fêtes ? » nous demande-t-elle avant de nous demander ce que nous prenons.
« Tout va bien, la reprise est un peu dure, mais il faut bien ! Mes vacances se sont bien passées, mais je n'ai pas bougé, je suis restée à Paris, Louis m'a laissée toute seule comme une pauvre malheureuse... » explique à sa manière Lauria en faisant une petite moue faussement boudeuse avant d'ajouter qu'elle prendra le même sandwich que d'habitude, accompagné de deux cookies. Elle n'en prend habituellement qu'un, mais je me contente de répondre à mon tour à la vendeuse.
« Elle exagère, je suis partie une semaine et demi dans ma famille ! » je souris en levant les yeux au ciel, un sourire amusé sur les lèvres. « Mais ça s'est très bien passé. Et vous ? Votre mari et vos enfants, tout le monde va bien ?
- Oh, oui, tout le monde va bien, je vous remercie. Mon mari est toujours de l'autre côté de la boulangerie, à vérifier que tout soit fait bien correctement, il se donne tellement à cœur depuis qu'on a ouvert, je suis ravie de le voir comme ça. » nous confie-t-elle, un sourire attendri illuminant son visage. « Tenez ! » dit-elle à Lauria en lui tendant ce qu'elle a demandé avant de lui donner le coût de sa commande qu'elle avait déjà entre ses doigts. Mon amie lui tend son dû et nous la saluons pour repartir. Contrairement à Harry, j'ai toujours eu du mal à garder les prénoms en mémoire. C'est quelque chose que je suis incapable de retenir. Donc personne ne sera étonné d'apprendre que même depuis les nombreux mois que je suis à Paris, que j'ai découvert cette boulangerie, que j'y viens et que je discute avec cette vendeuse ou sa collègue, je ne connais absolument pas leurs noms. Elles me l'ont sûrement déjà dit, j'en suis même certain, si je demandais à Lauria, elle me donnerait au moins l'un des deux, mais à quoi bon ? Je les aurai oublié demain.

Le temps d'avancer [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant