Chapitre 3 - Partie 2

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Février 2021

Ce ne sont plus des larmes qui coulent le long de ma joue, ce sont des torrents. Tant que je lisais les derniers mots en bas de chaque lettre de Harry, je savais qu'il pensait vraiment à moi, que j'avais toujours la même place dans son cœur, mais en cessant d'écrire qu'il m'aime à la fin de chacune de ses lettres, c'est comme si, du moins, dans mon esprit, il tournait la page. Comme si, après m'avoir autorisé à passer à autre chose, il se le permettait à son tour. Sauf que je ne veux pas, je ne veux pas qu'il m'oublie, je ne veux pas qu'il cesse de m'aimer, que son amour pour moi disparaisse. Et ce qui me tue, c'est qu'il le fait pour une connerie. Le seul jour où je suis sorti avec quelqu'un, autre que Lauria, je veux dire, c'est... Certes, il y a une fois, cette fameuse fois, où j'ai essayé de sortir avec quelqu'un. Lauria m'avait poussé à accepter un rendez-vous. Je l'ai fait, mais je n'avais pas réussi à sortir Harry de mes pensées. Je comparais sans cesse cette personne avec Harry donc ça n'a jamais rien donné. Je l'ai recroisé en cours, nous nous saluons si on s'aperçoit, mais ça s'arrête là.

Donc en soit, si, Harry avait toutes les raisons de penser ça et... Bordel mais pourquoi j'ai fait ça ? Il faut que je clarifie les choses, que je lui explique mais je ne peux pas. Je pleure presque de rage tant cette situation m'étouffe. D'autant plus que lorsque je relis cette dernière lettre que j'ai sur moi, je me rends compte de l'importance des trois mots « je t'aime » que je n'ai jamais réussi à prononcer à voix haute.

Je prends mon portable pour vérifier l'heure bien qu'actuellement, dans mon état, être à l'heure pour les cours est la dernière de mes préoccupations. Je remarque un message de ma mère qui acquiesce simplement. Je ne l'ai pas eu au téléphone depuis l'autre soir et je dois avouer que ça fait bizarre. Tout cela me fait d'ailleurs penser que je n'ai pas appelé Anne cette semaine. Je me promets de l'appeler dans la semaine et sors finalement complètement de mon lit. Je me traîne sous la douche, mais suis rapidement sorti de mes pensées lorsque des coups se font entendre contre la porte. Je reprends soudainement conscience de ce qui m'entoure, de l'eau qui ruisselle sur ma peau pour venir s'échouer dans le bac de la douche.

« Oui ? » j'interroge en coupant l'eau, m'apprêtant à sortir de la cabine de douche. Mais ma voix est tremblante et je sais que Lauria n'est pas dupe.
« Lou, tout va bien ? » me demande Lauria, dont l'inquiétude se ressent dans son ton.
« Oui, oui. » je réponds en tentant d'être convaincant alors que je sais pertinemment que je ne le suis pas. Elle me connaît par cœur et ma voix ne trompe personne. Je n'ai jamais réussi à mentir. Il me semble avoir un jour entendu ma mère me dire que certains acteurs savent jouer des rôles mais lorsqu'il s'agit de leur vie privée, ils ne savent pas le faire et je ne suis pas étonné, il y a toujours une différence entre jouer un rôle écrit à l'avance qu'on doit interpréter et en jouer un que l'on invente. Encore faut-il savoir en inventer un. Et c'est définitivement quelque chose que je ne sais pas faire.
« Louis... Qu'est-ce qu'il y a ?.. » me questionne ma meilleure amie de l'autre côté de la porte alors que je me sèche rapidement avant d'enfiler mes vêtements.
« On en parlera ce soir, on va être en retard. » je lui dis. « Mais ne t'inquiète pas, vraiment, ça ira. » je lui murmure en la serrant contre moi. C'est quelque chose que je n'ai jamais compris, le fait que je ne sois pas tactile, mais ça vient tout seul avec Lauria. C'est la seule de mes proches avec qui je me laisse complètement aller. Je m'étais un peu plus permis d'enlacer mes amis, ma famille, lorsque je me suis mis avec Harry, il m'a beaucoup aidé de ce côté-là, mais c'est comme si en partant, il avait emmené tous les pas que j'avais réussi à faire avec lui.

La semaine est passée vite, mais à un rythme épuisant. Je devrais être habitué depuis l'an passé, mais ce n'est pas le cas. Je profite d'être seul dans ma voiture pour envoyer un message à Anne, pour prendre des nouvelles. Je n'en ai pris que très peu depuis que je suis rentré. J'ai une réponse dans la minute, elle me propose de l'appeler, me décrochant un sourire. Je vérifie l'heure, histoire de ne pas rater l'heure à quelle ma sœur va sortir de la gare mais voyant que j'ai encore une bonne vingtaine de minutes à attendre... C'est ainsi que quelques secondes plus tard, je me retrouve à discuter avec Anne, prenant des nouvelles de tout le monde. Nous restons de longues minutes à parler, moi de mes cours, elle de ses journées, de Gemma qui leur rend régulièrement visite, de Robin qui est toujours là quand elle craque. Aux alentours de vingt heures cinquante, je lui dis que je vais la laisser. Charlotte arrivera d'ici quelques minutes.

Le temps d'avancer [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant