Chapitre 6

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Pdv Evie :

Thomas se retourna vers la silhouette qui, derrière lui, s'était jetée sur le grillage. Je la regardai à mon tour, et j'eus l'impression que mon corps se changeait en glace.

Les cheveux blonds de cette fille étaient emmêlés, ses vêtements en lambeaux et son visage déchiqueté. Sa bouche dépourvue de dents poussait d'horribles cris. Mais ce qui me terrifiait le plus dans son apparence était ses yeux, ou plutôt... son absence d'yeux. Ses orbites étaient vides, ne laissant que des trous béants desquels coulaient des larmes de sang.

Ses yeux... elle s'était arraché les yeux !

"Reculez !", cria Minho.

Voyant que je ne bougeais pas, il me tira vers lui pour m'éloigner de la fondue. Mais même en reculant, je ne pouvais détacher mes yeux d'elle.

Lorsque nous étions dans le Labyrinthe, le danger que représentaient les griffeurs nous avait forcés à assister à des scènes terrifiantes, toutes plus horribles les unes que les autres. Et pourtant... rien n'aurait pu nous préparer à ça. Dire que je croyais que la transformation engendrée par la piqûre d'un griffeur était abominable... la transformation que provoquait la Braise était encore mille fois pire. Mille fois pire que la mort, même.

Voilà ce qu'on devenait, une fois frappés par la maladie... je sentis mon cœur se déchirer en pensant à la douleur que devaient éprouver les malheureux qui en étaient victimes. Le pire pour un fondu était certainement lorsqu'il était encore lucide, lorsque la maladie ne lui avait pas encore pris toute sa tête. Parce qu'à ce moment-là, il était encore conscient, parce qu'il pouvait encore se rendre compte de sa souffrance ou du mal qu'il risquait de faire accidentellement autour de lui, et aussi parce qu'il savait déjà ce qui l'attendait, ayant sous les yeux ce qu'il allait devenir.

Je voulais tellement pouvoir sauver tout le monde... c'était pour ça que j'avais autrefois travaillé pour WICKED. Parce que Janson me disait que les recherches que je faisais aideraient à sauver des familles, des vies, sans me dire toutefois le prix qu'il faudrait payer pour y parvenir.

Je ne pouvais cependant pas me résoudre à sacrifier mes proches. Peut-être que c'était égoïste, mais même l'idée d'un potentiel remède ne pouvait me convaincre. Je refusais qu'ils soient soumis à cette torture mentale qu'on subirait si WICKED nous trouvait.

Si je n'étais pas capable de mettre ceux à qui je tenais en danger, j'aurais en revanche été prête à me sacrifier mille fois pour l'humanité. Malheureusement... je savais que je n'étais pas celle qu'il leur fallait.

Mon sang était incapable de les sauver, ou même de ralentir le virus, parce qu'il était déjà incapable de me sauver moi-même si jamais la Braise me frappait.

D'autres cris se joignirent à ceux de la fille. Un homme sortit d'un tonneau en plastique et se dirigea vers nous en crachant du sang. Il était dans un aussi mauvais état que la fille, la seule différence étant que lui avait toujours ses yeux. Minho ramassa une barre en fer et le frappa avec. Le fondu s'effondra, sans cesser de hurler.

"C'est quoi ce truc ?!", s'écria Minho en reculant.

D'autres ombres arrivaient par le fond de la pièce.

"Faut qu'on se casse d'ici ! Vite !", hurlai-je, paniquée. "Si on ne sort pas tout de suite, on va rester coincés avec eux !"

Les blocards n'eurent pas besoin de se l'entendre répéter. On courut vers une pièce adjacente et on ferma la porte, pile au moment où un fondu allait nous attraper. C'était moins une !

Mais notre soulagement fut de courte durée, car les ennuis n'étaient pas terminés. Presque aussitôt, de puissants coups firent trembler la porte. On se précipita aussitôt pour la bloquer, mais malgré nos efforts, on la sentait céder petit à petit.

Mon immortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant