Chapitre 25

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Pdv Evie :

Donc, non seulement Thomas et moi étions pris en otage, mais j'étais en plus à deux doigts de crever ou, pire encore, de me transformer en fondue. Comment la situation pouvait-elle être encore pire ?

La voix que j'entendis juste après m'être posé cette question se chargea d'y répondre :

"Tu sais à quoi je compare cet endroit, Thomas ?"

Janson. Je ne l'avais même pas remarqué jusque-là. Il était debout, devant la fenêtre, à regarder au loin. Teresa était là, elle aussi. Debout derrière une table, elle semblait travailler avec un sérum. Sûrement le sang de Thomas, puisqu'il était le remède.

Devant l'absence de réponse de Thomas, mon géniteur répondit à sa place :

"À des canots de sauvetage. Le monde entier peut sombrer... nous ne sommes pas obligés de couler avec lui."

"Très intéressant... et toi, tu sais à quoi je te compare ?", crachai-je.

Janson m'ignora et demanda à Teresa :

"Combien de temps encore ?"

"J'ai presque fini."

"Pourquoi vous nous tuez pas ?", voulut savoir Thomas.

"Te tuer ? On n'a aucune raison de faire ça. Au contraire, nous allons prendre bien soin de toi. Tu auras la vie sauve... et en échange, on va te demander de sauver la vie au reste du monde. Ou plutôt, à ceux qu'on aura choisi de sauver. Parce que je crains qu'il n'y en ait pas assez pour tout le monde. Le temps des choix difficiles a sonné. Le virus Braise va s'éteindre de lui-même. La question est de savoir qui des habitants de ce monde aura le droit de vivre dans l'autre. Grâce à toi, nous allons pouvoir faire notre sélection."

"Vous allez me laisser la vie sauve...", murmura Thomas. "Et pour Evie ? Qu'est-ce que vous allez faire d'elle ?"

"Evie ? C'était notre plan B, en quelque sorte. Pour une non-immune, elle a une résistance étonnante à la Braise. Elle peut l'attraper, mais aussi y échapper si la quantité du virus n'est pas trop importante. Tout ça grâce à une opération que nous avons pratiqué sur elle. Pour te la faire courte, si pour une raison ou pour une autre, ton sang ne s'avère pas suffisant, nous aurons toujours la possibilité de lui refaire l'opération que nous avons tenté il y a des années, afin de voir si nous pouvons transformer des non-immunes en immunes. Si ton sang marche bel et bien... nous n'aurons aucune raison de la garder, donc je crains qu'elle ne survive pas longtemps. Je n'aurai même pas besoin de me salir les mains pour la tuer : la Braise se chargera de terminer le travail."

Même avec tout ce que je savais déjà sur Janson, j'étais sidérée de ce que je venais d'entendre. J'avais envie de vomir, et en même temps de me jeter sur cet enfoiré pour l'étriper. Un rire étranglé m'échappa.

"Ah... il est beau, le sauveur de l'humanité ! C'est l'image que tu te plais à renvoyer au monde... mais je sais très bien ce qui se cache sous ton masque. La vérité... c'est qu'en plus d'être un monstre, tu es et tu seras toujours une épave ! Et je jure sur ma vie que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te faire couler comme telle !"

L'espace d'un instant, il sembla que ma tirade avait ébranlé Janson. Mais il se reprit rapidement et sourit d'un air moqueur.

"Tu sais que tu serais beaucoup plus crédible si tu ne ressemblais pas à un cadavre ambulant ?"

"Tout vaut mieux que de te ressembler, à toi."

Comme pour donner raison à Janson, je me remis à tousser, crachant une nouvelle fois du sang. Thomas me regarda avec inquiétude. Sans y prêter attention, l'homme prit le sérum des mains de Teresa.

Mon immortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant