Chapitre 9

133 5 6
                                    

Pdv Minho :

En entendant ces mots, je regardai Evie, surpris. Je ne pensais pas qu'elle me parlerait de son passé. Enfin, je me doutais qu'elle le ferait un jour, mais pas qu'elle serait prête aujourd'hui. En tous cas, je me sentais touché qu'elle m'en parle à moi. J'étais le premier à qui elle se confiait, ce qui était une marque de confiance.

"Vas-y, je t'écoute.", répondis-je aussitôt.

Evie se détacha doucement de mon étreinte et vint s'asseoir devant moi pour me parler en face. La jeune fille prit une inspiration, et débuta son récit :

"Tu connais déjà une partie de mon histoire, mais autant reprendre depuis le début... je suis née à WICKED, organisation créée un an avant ma naissance, avant même l'apparition de la Braise, et j'y ai vécu pendant dix-sept ans, aux côtés des scientifiques et de mon très cher père..."

Elle grimaça. Dire à voix haute que Janson était son père devait lui être encore difficile, ce que je comprenais. Même à entendre, ça sonnait faux.

"Je n'ai jamais connu ma mère.", poursuivit Evie. "Je ne sais même pas ce qu'elle est devenue, d'ailleurs. Janson refusait de m'en parler. Tout ce que je sais d'elle, c'est qu'elle s'appelait Adaline, qu'elle est morte dans des circonstances que je ne connais pas et que j'étais son portrait craché, physiquement et en personnalité. Mais même si je ne l'ai jamais connue... son absence m'a toujours fait mal. J'ai toujours senti comme un vide dans mon existence. J'aurais vraiment aimé la connaître..."

"Pourquoi Janson ne voulait pas te parler de ta mère ?"

"Je ne sais pas... peut-être que ça le faisait trop souffrir. Je pense qu'il l'aimait, et que sa mort l'a détruit.. seulement, il avait l'air d'oublier qu'il n'était pas le seul à souffrir. Moi aussi, j'ai souffert. Ma mère n'a pas été la seule personne à manquer dans ma vie... mon père aussi manquait. Enfin, il était vivant, il était présent, mais il n'était pas là pour moi. Il ne m'a jamais aimée... la haine que j'ai vue dans ses yeux lorsqu'on est arrivés à WICKED ne venait pas de mon imagination : je la voyais au quotidien, quand je vivais avec lui. Ce que je comprends pas, c'est pourquoi. Je ne pense pas avoir fait quoi que ce soit pour mériter un tel ressentiment."

Moi, je comprenais encore moins. Je ne comprenais vraiment pas comment un père pouvait ne pas aimer sa propre fille. Qui plus est, une fille comme Evie !

Avant de faire sa connaissance, jamais je n'avais rencontré quelqu'un comme elle. Au Bloc, j'avais connu beaucoup de personnes formidables, aimantes et possédant un grand cœur. Mais celui d'Evie était de loin le plus pur de tous.

Le regard de la belle brune s'assombrit de tristesse lorsqu'elle ajouta :

"Je l'aimais, moi, pourtant... il était la seule famille qu'il me restait. Il faut croire que parfois, les liens du sang ne suffisent pas à avoir des relations. Sans mère, sans amis, entourée d'un père qui semblait n'éprouver pour moi que du mépris et de scientifiques qui ne m'ont jamais porté grand intérêt, j'ai vécu dans la solitude pendant des années..." Elle me regarda dans les yeux et sourit. "Et c'est là que tu es apparu dans ma vie."

"Comme j'aimerais pouvoir me souvenir...", soupirai-je. Dire qu'Evie et moi avions un passé en commun, tous les deux, et que je ne pouvais même pas me rappeler... des moments que nous avions partagés, sans doute perdus à jamais pour moi maintenant. Je me dis finalement que ce n'était pas grave, parce que nous allions recommencer et nous créer de nouveaux souvenirs.

"Moi aussi, j'aimerais que tu te souviennes...", répondit Evie avec regret. "Pas de tout, parce que tu avais aussi de mauvais souvenirs qu'il vaut mieux que tu oublies, mais au moins des bons moments que tu as vécus."

Mon immortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant