Chapitre 18

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Pdv Minho :

Cette affirmation eut le mérite de me surprendre. Et à voir l'expression d'Evie, je n'étais pas le seul.

Janson la regardait à présent avec une émotion indéchiffrable. Encore une chose qui me surprenait car jamais je n'aurais pensé voir autre chose que du mépris et de l'arrogance sur son visage. Il y avait un changement dans son ton, aussi. Sa voix tremblait légèrement, son ton était devenu comme... nostalgique ? Et cette fois, je sentais que ce n'était pas un piège pour essayer de nous attendrir, ni une émotion feinte. C'était sincère.

"Moi aussi, j'ai aimé. Un amour qui m'a consumé entièrement. Mais je l'ai perdu par ta faute."

"Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire ?"

"Je pense toujours que tu ne mérites pas de le savoir. Mais tu l'apprendras forcément un jour ou l'autre, autant que ce soit maintenant. Alors ouvre grand tes oreilles et écoute, parce que je ne me répèterai pas."

Evie ne répondit pas. Prenant ce silence pour un accord, Janson poursuivit :

"Le grand amour dont je te parlais à l'instant, c'était ta mère... Adaline Atez, Della comme j'aimais l'appeler. Elle était une scientifique qui dévouait son existence à soigner les maladies et à aider les autres. Je l'ai toujours admirée, nous sommes tombés amoureux, puis nous nous sommes mariés... on vivait heureux jusqu'à ce qu'elle..." Il s'interrompit.

"Jusqu'à ce qu'elle meurt ?", termina Evie d'une voix tremblante. Je pouvais la sentir retenir son souffle. Comme si elle redoutait ce qu'elle allait entendre. "Mais en quoi c'est de ma faute ? Je ne l'ai jamais connue."

Je commençais à comprendre. Et Evie était elle aussi en train de réaliser, c'est juste qu'elle ne pouvait pas croire à cette idée. Petit à petit, les pièces du puzzle commençaient à s'assembler dans nos esprits.

"Un jour, elle est tombée enceinte de toi... il y a eu des complications. Je voulais un enfant, mais pas au prix de la vie de Della. Alors je l'ai suppliée plusieurs fois d'avorter, pour qu'elle ne prenne pas de risques. Elle a refusé. Elle m'a rassuré, elle disait que tout irait bien... mais elle a accouché, et elle en est morte ! Voilà la raison de ma haine envers toi ! Tu m'as arraché la seule personne au monde qui comptait à mes yeux !"

Evie eut un hoquet mêlé d'un sanglot. À mesure que Janson dévoilait cette histoire, le choc et l'horreur se faisaient de plus en plus forts sur son visage. Les yeux emplis de larmes, elle gémit :

"J'ai tué ma propre mère... non, c'est pas possible..."

"Oh que si ça l'est ! Il faut croire que c'est ta malédiction, vu le nombre de mort qu'il y a eu par la suite, durant l'expérience du Labyrinthe ! Avant de mourir, ta mère t'a donné ton nom... elle t'a appelé Evie, car ça signifie source de vie. Elle rêvait que tu sauves des vies plus tard, que tu dévoues ta vie aux autres comme elle l'avait fait de son vivant. Pourtant... ton prénom a beau signifier source de vie, tu ne sembles faire qu'apporter la mort sur ton passage."

Jusqu'ici, je n'étais pas intervenu. J'avais écouté, sans rien dire. Mais là, je ne pouvais pas laisser Janson dire des choses pareilles, et je pouvais encore moins laisser Evie y croire.

"C'est faux ! N'écoute surtout pas ces conneries, Vi ! C'est pas de ta faute, tout ça, t'y es pour rien ! Ni pour la mort de ta mère, ni pour nos amis ! Au contraire, tu as toujours essayé de nous protéger !" Je continuai, m'adressant cette fois à Janson : "Vous dites n'importe quoi ! Evie n'a pas demandé à naître ! Alors d'accord, vous souffrez, et je comprends que depuis la mort d'Adaline vous ayez mal mais..."

"Mal ? Oh non, je n'ai pas mal... tu ne peux pas imaginer une seconde le calvaire que je vis. C'est comme si on m'éventrait un peu plus jour après jour et que je perdais mes tripes sur le sol... je ne comprends pas comment personne n'a pu voir tout ce sang..."

Mon immortelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant