Chapitre 8.

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Il conduisit en silence jusqu'à une grande et haute tour en verre. Kate tirait sur ses doigts discrètement pour faire le pas sur sa nervosité. Il lui ouvrit la portière et lui tendit sa grande main qu'elle prit timidement pour le suivre à l'intérieur. Son contact était chaud et électrisant. Le silence était une occasion pour elle de dompter toutes ses incertitudes et ses insécurités histoire de voir ce je ne sais quoi que cet homme énigmatique voulait lui montrer. Pour Ricardo, c'était le calme avant une tempête. Il allait lui donner une ultime raison de le comprendre mais aussi de ne plus jamais vouloir le revoir. Son sang semblait s'être évaporé. Le poids de sa future révélation avait déjà laissé un long sillage triste dans son esprit. Son frère s'égorgerait s'il savait ce qu'il était sur le point de faire. C'était trop tôt, c'était trop rapide, mais il sentait au fond de lui que c'était par là qu'il devait commencer. Il y avait peut-être mieux mais il n'y avait probablement pas pire.

La cabine de l'ascenseur était spacieuse mais la carrure de l'homme donnait à Kate l'impression que les parois se rapprochaient pour se resserrer sur son corps. Une énorme tension était en gestation dans l'air. Elle détourna sa tête un court instant pour la rejeter en arrière et tenter de lire en lui. Son odeur puissante et virile atterrit directement dans ses narines. Il lui donnait le vertige. Son profil puissant et charismatique laissait paraître à cet instant quelques fissures d'angoisse. Elle se demandait à quoi il pensait. Il répondit à son regard en abaissant le sien vers elle. Une étincelle s'alluma immédiatement dans ses yeux et d'un coup, le corps de Kate suppliait presque d'être étreint. Il la posséda des yeux durant des longues secondes où elle crut léviter avant que la connexion ne soit brisée par le son de l'ascenseur qui était arrivé à bon port. Il prit sa main pour l'amener jusqu'à l'entrée de l'appartement.
Le vestibule était grand et une légère brise se mouvait doucement avec un parfum très agréable. Les lieux étaient chics et modernes avec une décoration très épurée. Les choses semblaient larges comme pour contenir des armoires à glace.
Le goût majestueux de l'agencement des objets et des couleurs ne pouvaient être niés. C'était un style assez différent de la villa à Malte mais tout aussi beau.

-Peux-tu m'accorder quelques minutes ? Il faut que je me douches dit l'homme en se retournant vers elle, l'arrachant quelque peu de sa contemplation. Elle rencontra son regard clair.

-Je t'en prie dit-elle d'une voix douce et calme.

-Fait comme chez toi surtout. Je reviens.

Il prolongea le contact de sa main dans la sienne, la regardant dans les yeux, le plus longtemps possible avant de la lâcher et de s'en aller vers un couloir à leur droite. Elle regarda sa main moite avant de la refermer en expirant de façon audible. Que diable faisait-elle ici ? Elle se mit à trottiner dans l'appartement, perdue dans ses pensées. Elle regardait chaque détail de l'endroit avec minutie comme si elle cherchait à déceler ce qu'il voulait lui montrer. Une vive sensation dans son ventre la laissait penser avec conviction que même la façon dont les meubles étaient placés racontait quelque chose sur les Maltese. Tout ce mystère était à couper le souffle. Il lui avait dit que c'etait elle qu'il veut mais pourquoi donc ? Pourquoi l'univers semblait tout mettre en œuvre pour qu'ils se croisent et se recroisent de façon inopinée ? Il s'écoula plusieurs minutes de contemplation de l'endroit, durant lesquels, elle tenta d'empêcher son imagination de divaguer.

Elle s'arrêta dans le couloir devant un magnifique tableau qui représentait un paysage au clair de lune. Elle le regardait fixement jusqu'à lire ce qui était écrit en petit caractère en bas à droite: "Carmine"... Était-ce le nom du peintre ou celui du tableau ?

-Il te plait ? Fit une voix derrière elle qu'elle connaissait maintenant sur le bout de doigts.

-Il est magnifique!

Les seigneurs de Malte Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant