Les seigneurs de Malte Tome 1

Chapitre 17.

De légères respirations saccadées se faisaient entendre à bas volume tandis qu'il courait sur le tapis roulant. Il se dépensait en suivant le rythme de la musique dans ses oreilles, réfléchissant. Il descendit de l'engin, estimant avoir assez couru puis se dirigea vers les altères. Les larges baies vitrées laissaient voir que le soleil éclairait déjà la ville. A en regarder les rayons luminosité, l'étoile semblait briller de toute sa chaleur. Les jours passaient sans réellement se ressembler. Plus ils partageaient des moments ensemble et plus ils devenaient complices. Ils avaient découverts qu'ils étaient casaniers tout les deux et aussi amoureux de la lecture. C'était un plaisir de se regarder, de débattre, d'apprendre l'un de l'autre et de se rapprocher. C'était donc ça "tisser des liens" elle s'ouvrait et il s'ouvrait aussi. Au risque de tout détruire d'une minute à l'autre. Au risque d'être rattrapé par ses vieux fantômes que la hauteur de ce gratte-ciel semblait avoir noyé. Il était difficile pour deux entités écartelées de tenter de former un tout mais ce n'était défaut d'essayer. Ils n'avaient rien à perdre mais comme tout à y laisser. Il s'empêchait de se dire que c'était cela donc, être heureux mais son air un peu plus détendu, sa légère tendance à relâcher le contrôle quelques secondes, lui faisait comprendre qu'il y avait quelque chose de nouveau, quelque chose de bien.

Il avait néanmoins une légère amertume qui lui nouait le ventre lorsqu'il pensait au passé de Kate. Une petite routine s'installait entre eux et de ce fait, elle lui parlait un peu plus. Elle avait commencé à se raconter à lui et donc lui confier quelques bribes de son histoire. Elle avait été brisée de multiples façons, le divorce de ses parents et les relations amoureuses désastreuses l'avaient comme achevées. Elle s'était renfermé. Il comprenait mieux certaines de ses réactions épidermiques maintenant : elle mourrait de peur et elle était complètement écartelée de l'intérieur. C'était à n'y pas croire qu'un être aussi méritant d'amour puisse crever de l'intérieur parce qu'elle n'en trouvait pas un à sa taille. N'en trouvant donc aucun qui pouvait lui faire comprendre à quel point elle est merveilleuse. Jusqu'à perdre espoir. Il avait découvert en la personne de cette femme une amie, une conseillère et une donneuse d'énergie. Ses petites crises, son insolence et ses petites moues lui plaisaient. C'était beau de vivre avec elle. La voir être elle tout simplement. Et si c'était beau alors qu'elle était encore brisée, il se promettait de la voir briller lorsqu'elle se sentirait mieux dans sa peau. Commençait-il à se projeter ? Peut-être bien.

Il déposa ses altères, s'épongea le front puis but de grandes gorgées d'eau fraiche. C'en était assez pour le sport. Entre se livrer au plaisir et soulever des poids, il pouvait affirmer qu'il était en pleine forme. Un sourire à tendance concupiscente naquit sur ses lèvres. Il récupera son portable et appela Alessandro. Ce dernier décrocha au bout de trois coups de sonnerie.

-Lesso ? Everything okay ? Demanda-t-il à son frère avec une voix enjouée.

-Oh fais pas ton américain répondit Alessandro, le visage encore enfoui dans son oreiller.

-Don't you like my english ?

-Ricardo ? Dit son frère prestement. Un son se fit entendre alors qu'il s'asseyait sur son lit. Est-ce que tu as... Dio! Tu l'as fait enfoiré !

Ricardo se dit pendant une seconde que plusieurs choses n'avaient pas été roses dans sa vie mais qu'il avait décidément le meilleur ami du monde. Comment avait-il su ? Il se demanda s'il avait la voix d'un homme comblé.

-Un peu de tenue Alessandro fit-il en faisant semblant d'être offusqué, s'asseyant sur un banc. Et je ne vois pas de quoi tu me parles reprit-il.

-Fin bref fit Alessandro en riant. Comment ça se passe ?

-Je crois que je suis dans ce que vous les jeunes vous appelez actuellement un couple fit Ricardo en feignant une voix de vieil homme.

Il entendit Alessandro sourire à l'autre bout du fil. Ce dernier était heureux de voir son frère être de si bonne humeur.