Les seigneurs de Malte Tome 1

Chapitre 19.

Le soleil se faisait de plus en plus doux au fil des heures de la journée et le vent qui se rafraîchissait soufflait dans une légère symphonie apaisante sur la terrasse. On entendait au loin comme un doux murmure le son des voitures et de la civilisation hyper active. Blottis l'un contre l'autre, Ricardo et Katriella savouraient un bonheur d'un calme rafraichissant. C'était le moment type de la perfection. Aucun nuage sombre à l'horizon. Le temps passait lentement et Katriella commençait à ressentir le besoin, l'envie d'en avoir plus. Elle voulait qu'il s'ouvre à elle, qu'il se dévoile, qu'il lui donne presque une partie du poids qu'il semblait porter à longueur de temps. Elle voulait comme plonger dans l'océan qu'il était quoi qu'immense à vue d'œil.

Sa tête élégamment posée sur son torse, écoutant son cœur de guerrier battre à un rythme régulier, sa main posée sur son ventre, elle s'apprêtait à entamer une conversation qui risquait quelque peu de le crisper mais il le fallait. Elle avait besoin de comprendre. Il y avait beaucoup trop de zones d'ombres dans l'histoire et la personne de cet homme.

-Ricardo ? Elle l'appela en décrivant des cercles imaginaires sur son torse avec son index.

-Oui chérie

La voix de l'homme était calme, détendue, douce.

-Est-ce qu'un jour tu vas me raconter ?

-Quoi exactement ? Demanda l'homme, ses sourcils se fronçant légèrement pour accuser son interrogation.

-Ta vie. Ce qu'il s'est passé laissa-t-elle tomber comme si la suite évidente devait investir dans l'air pour qu'il s'en imprègne.

-Que veux-tu savoir exactement ? Demanda l'homme en tentant de ralentir la crispation de son corps.

Elle était dans ses bras, elle commençait à le connaître. Il était quasiment sûr qu'elle avait pu prévoir chacune de ses réactions avant qu'elle n'ouvre la bouche pour le questionner. Le calme qu'elle affichait lui en assura.

-Je veux tout savoir de toi lui dit-elle alors qu'il se redressa, desserrant leurs corps ce qui donna à la jeune femme une sensation de froid.

"Il n'y a plus aucune raison pour que tu te caches de moi" elle pensa en le détaillant des yeux.

-Bien dit l'homme en affichant une mine vaincue. Je ne sais pas trop par où commencer.

-Essaie par le début peut-être. Comment c'était avant que tu ne devienne patron de la mafia ?

Elle demanda cela en avançant une de ses petites mains vers la sienne. Son regard était teinté d'une interrogation critique. Elle se demandait si elle pouvait le toucher. S'il accepterait son contact à ce moment précis. Il prit sa main et embrassa son poignet avant d'entrelacer leurs doigts ensemble. Il ne la voulait pas anxieuse ni troublée. Il savait qu'elle avait besoin de savoir, que c'était le seul moyen pour faire grandir leur amitié. Il devait lui faire confiance, lui montrer que sa présence valait bien de raconter ses sombres secrets.

Elle voyait bien comment son intérieur se débattait avant qu'il n'ose ouvrir la bouche. C'était dur pour lui. Il prit une lourde inspiration avant de commencer.

-Mon père nous a toujours surentraînés mon frère et moi. Il ne nous a jamais démontré une once d'affection. Je ne peux me souvenir d'une seule fois où nous avons passé un moment de complicité avec lui. Nous n'étions que des robots qu'il programmait pour être un jour à la tête de l'organisation. Plus nous grandissions et plus les épreuves devenaient difficiles. Il nous mettait dans des situations où nous ne savions pas quoi faire et nous poussait à apprendre sur le tas. Nous ne devions jamais nous dénoncer, jamais nous tourner le dos et toujours nous soutenir. C'était un personnage très peu compréhensible : entre la loyauté aigue et l'extrême cruauté.