Chapitre 3 : Les amants de Grégory

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Sa sœur avait traîné à se préparer ce vendredi matin, et il était en retard. Pourtant Grégory s'en moquait. De toute façon, ce cours-là, il en connaissait déjà la teneur pour l'avoir étudié en amont de son côté. Il fallait dire que les sciences techniques, et en particulier la programmation informatique, il maîtrisait depuis ses quinze ans, alors ce cours ne lui manquerait pas.

Il en profita donc pour se poser dans l'atrium vide de ses élèves, et sortit son smartphone pour filer sur le chat où il trouvait ses amants d'une nuit. Il échangea un moment avec l'un de ceux qu'il avait déjà eut dans son lit, essayant d'organiser une entrevue dans le weekend, mais ses efforts pour éviter tout terme vulgaire, ou perçu comme tel, furent vains. Son correspondant refusait de coucher à nouveau avec lui, si lui-même refusait de s'engager un minimum. Or, s'il y avait bien une chose qui lui hérissait les poils, c'était d'entendre parler d'engagement. Et pourquoi ne lui demandait-il pas de l'épouser, tant qu'il y était ? Pour la valeur qu'avait le serment de fidélité et de soutien mutuel...

En faisant claquer sa langue, il quitta l'application, se promettant d'y revenir dès qu'un de ses autres plans cul répondrait à sa proposition. De toute façon, la cloche allait bientôt sonner, et il ne voulait pas prendre le risque qu'on puisse lire par-dessus son épaule.


Dans les couloirs, les étudiants allaient et venaient, certains pressés, d'autres errant sans but. Lui ne pensait qu'à une chose : aller passer la récréation dans sa prochaine salle afin d'avoir la place qu'il souhaitait. Au dernier cours, il s'était retrouvé derrière le rétroprojecteur, et avait dû recopier les notes de son voisin, l'écran lui étant caché par l'appareil. Et ça, c'était la première, mais aussi la dernière fois. Que ceux qui n'étaient là que pour passer le temps occupent la place, lui, il voulait étudier dans de bonnes conditions.

Mais s'il avait à la base prévu de se rendre à ce cours sans escale, un rire provenant d'une autre salle attira son attention, et il y glissa un regard avant de grincer des dents. Souriant comme toujours, Joeffrey caressait du regard et du bout des doigts les pectoraux d'un autre jeune homme, lequel, perché sur une chaise au milieu de chevalets avec un drap couvrant le bas de son corps nu, semblait apprécier les attentions du noiraud.

_ C'est toujours tellement dommage qu'on ne nous laisse pas dessiner les modèles en entier. » minaudait ce dernier.

_ Je pense que ça peut s'arranger, si nos emplois du temps sont compatibles.

_ Que dirais-tu de poser pour moi... disons, ce soir ?

_ Juste poser ?

_ Tu me le demandes vraiment ? » s'approcha le noiraud.

Grégory n'avait pas besoin d'en voir plus. Il se doutait bien de comment allait finir cette discussion entre le modèle et l'aspirant artiste. En grognant, il se détourna et marcha d'un pas vif jusqu'à sa salle, bousculant d'autres étudiants au passage sans prendre la peine de s'en excuser, et, parvenu à sa destination, il attira sur lui l'attention des premiers arrivés en jetant son sac au pied d'une table, ce qui manqua de faire basculer la chaise. Il prit place sans leur adresser un mot, bras croisés et visage crispé.


Le cours fut compliqué à suivre pour le jeune homme qui ne parvenait ni à calmer sa main tremblante, ni sa jambe qui semblait jouer au yo-yo, secouant sa table. En quittant la salle, il s'interrogea sur la nécessité d'un déjeuner face à une bonne course à pied pour se défouler. Après tout, il portait déjà la bonne tenue... Après un rapide passage à son casier pour y échanger son sac de cours et celui de sport et y déposer son sweat, il quitta l'université, et rejoignit le stade voisin pour courir en paix.

L'amant des autres [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant