Chapitre 12 : Thomas

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Je laisse Grégory sur le pas de sa porte. J'espère que son père ne sera pas trop fâché contre lui. Pour ma part, je ne sais pas ce que j'aurais fait s'il n'était pas venu à mon secours. Et je pense que la nuit aurait été bien plus mauvaise s'il n'était pas resté. Sans compter que c'était agréable de juste dormir dans les bras d'un mec, sans qu'il cherche plus loin.

Mais à présent, j'ai un autre problème : l'hôpital où on m'a amené cette nuit est celui où travaille mon père, et je ne suis pas naïf au point de croire que personne n'aura fait le lien entre mon nom et le sien. De même, la police ayant pris ma déposition, il est presque certain que cette histoire parviendra aux oreilles du cabinet d'avocats où travaille ma mère.

Donc, pas le choix : il faut que je leur parle de ma mésaventure avant qu'ils ne l'apprennent de la bouche de quelqu'un d'autre.


Une fois chez moi, je n'essaye même pas de joindre l'un ou l'autre, et j'envoie un message qui devrait les faire réagir.

De Joeffrey : Bonjour à tous les deux. Il m'est arrivé un truc. J'ai besoin de vous en parler. Vos compétences professionnelles sont toutes deux nécessaires. Rappelez-moi svp.

On a beau être dimanche, je ne me fais pas d'illusions. Aucun des deux ne sera disponible avant un moment.


Pourtant, la sonnerie de mon portable retentit et je me jette sur l'appareil, surpris, mais heureux.

De Stéphane : Salut Joe. J'ai eu un souci, et je ne pourrais pas être là ce soir. On reporte à demain ? Bisous !

Je relis le message plusieurs fois. J'ai l'impression que c'est une mauvaise blague. Moi qui espérais déjà que mes parents se rappellent que j'existe. Et puis, ce message... Il ne peut pas me faire ça. Pas aujourd'hui. J'ai besoin de dormir cette nuit. Il m'avait promis d'être là...

Bien sûr, il ignore ce qui s'est passé, mais il sait que j'ai besoin d'avoir quelqu'un à mes côtés.

Je tremble à l'idée de la nuit qui m'attend, puis des réminiscences de ma soirée d'hier me reviennent, et me mettent encore plus mal. Alors j'abandonne le salon et vais me réfugier dans ma chambre, dans mon lit.

Là un parfum que je ne reconnais pas tout de suite me chatouille les narines, et en découvrant qu'il provient de l'oreiller voisin du mien, je souris un peu, attrape le coussin, et remercie les parfumeurs de créer des fragrances qui tiennent si longtemps sur les tissus. Roulé en boule, la tête plongée dans l'oreiller qui sent mon sauveur, j'essaye de retrouver mon calme, quand la sonnerie d'un appel en visio me fait sursauter.

_ Papa... Maman...

_ Joe ! Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu vas bien ? Tu es à l'hôpital ? » s'inquiète mon père.

_ Ne dis pas de bêtise, Henri, tu vois bien qu'il est dans sa chambre ! Qu'y avait-il de si urgent ?

_ Je me suis fait agresser. C'est assez urgent pour toi, Maman ?

_ ...

_ Tu n'as rien ? Qu'est-ce qui s'est passé ? » répète-t-il.

_ Je... Je suis sorti. Hier soir. Avec des amis. J'ai rencontré un garçon. Il... Il avait l'air gentil, mais... Quand j'ai dit non... il a essayé de me...

Je détourne le visage, fermant fort les yeux pour essayer de chasser les images qui me reviennent.

_ Un autre garçon... de mon université... est intervenu. Il... Il m'a sauvé. » souris-je en relevant les yeux.

L'amant des autres [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant