Chapitre 6 : A la bibliothèque

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Une mauvaise nuit pour finir la semaine de cours, un weekend pourri parce que je n'arrive pas à chasser le coup de blues que la façon de me parler de ce Grégory m'a mis... Le paradis sur terre en somme ! Surtout qu'une fois de plus, je n'avais personne pour me prendre dans ses bras hier soir, ce qui fait que je démarre une nouvelle semaine en étant en piteux état.

Mais il devait être écrit que, peu importe mon weekend, ma semaine démarrerait mal : mes chéris ne sont pas là pour notre briefing de début de semaine, la machine à café de la cafétéria est en panne, et le cours qui devait occuper ma matinée est annulé, le professeur étant absent. Certes, le dernier point n'est pas le plus désagréable, mais vu que je n'avais que ce cours ce matin, je n'ai pas grand-chose d'autre dans mon sac, et encore moins de quoi m'avancer dans mes devoirs à rendre.

Dépité, je soupire et me rends à la bibliothèque. Au moins là-bas trouverais-je assez de calme pour reposer mon esprit, à défaut de mon corps.


A peine la porte passée, me sens-je apaisé par l'ambiance qui se dégage de cet endroit aux allures historiques. On entend quelques chuchotements, lesquels se marient avec le bruit léger des pages tournées ou des stylos grattant le papier. De la salle d'études en mezzanine, tombent quelques mots un peu plus forts, mais aussi le son spécifique de doigts courant sur des claviers d'ordinateurs. Et puis, il y a cette odeur que je retrouve souvent sur la peau de Stéphane : celle des livres sur les étagères, le parfum du papier et de l'encre, mêlé à celui des rayonnages de bois parfois poussiéreux.

Après une discrète salutation à la gardienne des lieux, je pose mon sac à une table avec ma veste, et parcours les allées à la recherche d'un quelconque ouvrage sur l'histoire des rues de mon quartier préféré de Londres : Notting Hill.

Mais, si je trouve sans souci un magnifique livre sur les rues colorées, celui que je vois attablé un peu plus loin me fait revoir mon itinéraire de retour via un grand détour. Derrière son ordinateur le brun à la tenue de sport semble concentré sur ce qu'il fait. Et ça m'arrange. Ainsi, je ne vais pas être obligé de lui adresser la parole.

Pourtant, j'ai du mal à détacher mon regard de lui. Quand il m'a abordé l'autre jour, je l'ai trouvé gentil au début. Et puis, pour une fois qu'un garçon ne faisait pas semblant de s'intéresser à moi pour me mettre dans son lit, mais jouait cartes sur table... Non pas que les ronds de jambe me dérangent, mais la franchise du ''tu voudrais pas coucher avec moi'' sortit dès le départ est plus agréable que de se rendre compte que votre interlocuteur vous pose des questions sans en écouter les réponses, en attendant ce qu'il estime être le minimum social pour, de toute façon, vous poser cette question. J'avais donc trouvé sa façon de faire rafraîchissante. Sans compter que Grégory est loin d'être désagréable à regarder.


Le fracas de livres et classeurs tombant au sol, accompagné du geignement de leur utilisateur, attire pendant un instant l'attention de toute la bibliothèque, y compris Grégory et moi, avant que chacun ne se remette à ce qu'il faisait... Ou presque, puisque, quand je reporte mon regard sur lui, les yeux bleu-gris du brun sont braqués sur moi. Zut ! Il m'a vu.

Je fais volte-face et, d'un pas pressé, j'emprunte le détour que j'avais cartographié pour l'éviter. Mais cette journée ne doit pas être la mienne : je m'engage dans un rayon étroit, et, alors que je vais arriver au bout, il apparaît devant moi. Il occupe l'allée de telle façon que, malgré mon petit gabarit, je ne peux pas passer à côté de lui sans le bousculer. Note à moi-même : toujours emprunter des rayons larges !

_ Laisse-moi passer. » ne prends-je même pas la peine de lui dire bonjour.

Pourquoi devrais-je être poli avec un garçon qui m'a parlé d'une telle façon ?

L'amant des autres [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant