Chapitre 7 : Stéphane et Maria

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Le grand cuivré en avait assez de ses cours en alternance. Certes, travailler en même temps qu'il étudiait lui permettait d'avoir un revenu, sans compter que son patron envisageait déjà de l'engager après son diplôme, mais, son employeur se trouvant à une centaine de kilomètres, les semaines où il travaillait, il n'était pas proche de l'université, et était donc loin de son noiraud préféré. Et encore, préféré était-il un euphémisme. Il n'attendait qu'un mot de Joeffrey pour ne se consacrer qu'à lui.

Mais il doutait que le jeune homme le prononce un jour. Il avait beau tout faire pour se rendre disponible pour lui, il avait ses impératifs : les cours, sa famille, son travail, et, accessoirement, ses heures de sommeil.

Il n'avait jamais compris l'appétit de son ami pour le sexe. Certes, comme la majorité des gens, il trouvait cette activité plaisante, mais pas au point de la pratiquer tous les soirs. Or, pour son noiraud, ça semblait indissociable de l'arrivée de la nuit. Pourtant, Stéphane avait adoré dormir juste à ses côtés l'autre nuit, en le gardant dans ses bras. Il avait même lutté contre le sommeil pour profiter de ce moment juste tendre, sans sexe. Cette nuit là, il avait même repéré les vestiges de ses morsures du début de semaine sur sa peau fine.

Oui, il avait passé une nuit magique, et il ne regrettait pas d'avoir fait le trajet pour le réconforter, malgré sa fatigue. Même si, au matin, il ne s'était pas privé du plaisir d'être en lui.


Mais cette semaine, il lui serait impossible de réitérer, que ce soit avec ou sans sexe. Son patron l'avait invité à dîner avec les autres collaborateurs de l'agence de presse le samedi soir, et il n'avait pas pu refuser.

Alors, en cette triste soirée de vendredi passée seul, il griffonnait quelques mots. Pas pour un article ou des cours. Non, juste les pensées qui lui venaient sur Joeffrey, sur ses grands yeux verts qu'il cachait derrière ses lunettes aux verres rose en cœur, sur la façon dont ils brillaient quand il lui faisait l'amour, sur ses cheveux ébouriffés à n'importe quel moment et qui semblaient n'être jamais coiffés, mais qui étaient pourtant d'une extrême douceur, sur la finesse de son corps pâle, si réceptif aux caresses et aux baisers... Il lui arrivait souvent de noircir des pages entières sur le noiraud.


Son téléphone vibra, et il leva les yeux au ciel en découvrant un message de sa collègue, apprentie comme lui, qui lui courrait après. Le message n'avait-il pas été clair quand il lui avait laissé voir la photo de Joeffrey à moitié nu, qui servait de fond d'écran à son portable ? Les filles, très peu pour lui ! Pourtant celle-ci ne semblait pas vouloir comprendre. Et, tout ce que le jeune homme espérait, c'était qu'on ne l'obligerait pas à s'installer à ses côtés au dîner de demain soir.

De Maria : Cc bo gosse ! Tu fait koi ce soir ?

Déjà, il fallait qu'on lui explique : comment une fille incapable de faire une phrase sans fautes pouvait-elle avoir intégré une agence de presse ? Ecrire en abrégé, ok, mais on n'était plus à l'époque de leurs parents, où le nombre de caractère des messages était compté, et les smartphones avaient à présent des correcteurs pas trop mauvais...

De Stéphane : Je bosse mes cours.

De Maria : Tu veut pas venir boir un vert ?

De Stéphane : Je bosse mes cours.

De Maria : Fo te détendre oci !

De Stéphane : Je n'ai pas envie de planter mon année.

Il devait l'admettre, il prenait un malin plaisir à s'exprimer sans la moindre faute pour mettre en exergue ses erreurs à elle.

De Maria : Je pouré passé pr t'aidé à te détendre pdt que tu bosse... On m'a di ke g une super teknik !

L'amant des autres [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant