Chapitre 14 : Besoins et envies

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Grégory passe toute sa semaine à mes côtés. Ça faisait des années que je ne m'étais pas reposé à ce point. Pas depuis Thomas. C'est bon d'être juste en confiance, dans des bras qui ne cherchent pas à vous posséder. Bien que, la situation serait différente, j'apprécierai aussi qu'il soit un peu moins sage. Mais pour l'instant, il est ce dont j'ai besoin.


Cependant, le weekend approche, et je le vois répondre à des SMS avec un sourire goguenard, qui m'annonce qu'il a des plans plus intéressants pour lui que de baby-sitter un mec avec qui il ne baise même pas. Je ne peux pas le lui reprocher, mais j'avoue que je suis assez égoïste pour espérer le garder rien que pour moi.

D'autant que mon côté peu réceptif de cette semaine, et mes paroles que Stéphane a répétées, hors contexte, à mes autres amants, les ont fait fuir.


Je n'ai donc personne d'autre vers qui me tourner, et, comme à leur habitude, mes parents ne sont passés à la maison qu'en coup de vent, profitant que je sois en cours pour ne pas avoir à me croiser. Se rendent-ils compte de la solitude dans laquelle ils me laissent ? Ne comprennent-ils pas que j'ai besoin d'eux pour traverser cette nouvelle épreuve ? Mais encore faudrait-il qu'un seul d'entre nous ait achevé l'épreuve précédente, notre deuil. De ce que j'en ai lu, je dirais que mes parents n'en sont pas à l'acceptation, ils sont encore à la résignation, ce qui les empêchent de voir en moi un avenir pour notre famille. Quant à moi, si j'ai passé cette étape, et que je pense avoir même attint celle de la reconstruction, je suis encore incapable de me projeter seul dans mon avenir. A chaque fois, ma réflexion est la même : je vais être seul, comment puis-je y pallier ?


Alors, en ce vendredi soir, tandis que Grégory prend une douche après sa séance de sport, je me dis que celui qui sera le plus à même de comprendre que je n'ai pas envie de sexe pour l'instant, c'est encore Antoine. Alors je tape quelques lignes en espérant une réponse.

De Joeffrey : Salut Antoine. J'aurais besoin de compagnie ce weekend. Tu aurais du temps à me consacrer ?

De Antoine : Salut poussin. Désolé, mais j'ai prévu de passer le weekend avec Teiva. Puis ton message m'étonne : t'es déjà prêt à te faire prendre ? Tu veux pas attendre encore un peu ?

Je serre les dents. Ainsi, à ses yeux, ma demande est liée au sexe. Il n'est, à ses yeux, pas possible de passer me voir pour un simple moment câlin.

De Joeffrey : Je demandais du temps et un câlin. Pas du sexe ! Passe un bon weekend avec Teiva. Je suppose qu'avec lui, tu n'as pas besoin de lubrifiant qui détend !


De rage, je jette mon portable sur le canapé.

_ Joeffrey ? Un problème, mec ?

_ Tu avais raison en fait... » ricane-je en détournant le regard pour ne pas lui laisser voir que mes yeux brillent des larmes que j'essaie d'en chasser.

_ A quel sujet ?

_ Quand tu disais que mes amants ne me voyait que comme un dévidoir.

_ J'ai jamais dit ça... Pensé, à la limite...

_ Ça ne change rien. Tu avais raison.

_ Allez, raconte ! » s'installe-t-il dans le canapé en m'ouvrant ses bras.

Mais je ne viens pas contre lui. J'ai l'impression de profiter de sa gentillesse. Au fil de la semaine, je me suis rendu compte que Grégory ne m'avait, la première fois, pas parlé de façon directe et un peu trop crue à mon goût pour me blesser ou quoi que ce soit du même genre, mais parce que c'est ainsi qu'il s'exprime et agit. Il ne cherche pas à réfléchir aux conséquences, et dit les choses comme il les pense. En un sens, cette compréhension m'a mis encore plus mal de l'avoir repoussé. C'est un mec bien, et je me sers de lui. Mais je ne veux pas continuer.

L'amant des autres [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant