L'amant des autres [Terminée]

Chapitre 19 : Déclaration

Le weekend avait été plus que compliqué pour Grégory. Pour ne plus penser au noiraud et à ses fines lèvres douces dansant sur les siennes, il avait espéré passer son temps avec sa sœur ou son père, mais ce dernier était en déplacement, et la jeune fille dormait chez une amie. Alors, pour s'occuper le corps et l'esprit, et occuper son lit et ses bras, il avait voulu se tourner vers son petit blond, qui devait l'avoir débloqué puisqu'il apparaissait à nouveau dans ses contacts, mais en arrivant sur l'application, la seule idée de serrer le corps d'un autre contre lui, lui avait retourné l'estomac, et il était resté seul à ruminer. Et ses moments de sommeil n'avaient pas été plus reposants : il s'était réveillé nombre de fois à la recherche du corps fin et chaud.

Pourtant, il ne l'avait pas rappelé. Juste après son départ, il avait réussi à joindre Stéphane, récupérant son numéro auprès d'Antoine, avec qui il s'entendait plutôt bien, et il savait que le grand cuivré serait réceptif aux avances du plus petit. Non que ce ne fût pas son cas, se retenir de lui sauter dessus quand il l'avait embrassé avait mobilisé tout son sang-froid, mais, les derniers jours passés à ses côtés, et en particulier après l'annonce de son remplacement, il avait dû se rendre à l'évidence : Joeffrey n'était plus un simple objet de désir à ses yeux ; sinon, pourquoi aurait-il réagit ainsi ?

Il ne mentait pas au noiraud, quand il lui disait ne pas être prêt. Car il ne l'était pas. Il n'était pas prêt à assumer ce qu'il ressentait et qui grandissait à chacun instant passé à ses côtés. Il n'était pas prêt non plus pour ce qu'il s'était mis à espérer pour eux deux, pour leurs deux cœurs solitaires. De toute façon, il avait posé la question à Joeffrey, et sa réponse avait été claire : il ne voulait pas se mettre en couple. Alors il lui avait donné la même réponse quand il lui avait retourné sa question. C'était moins douloureux ainsi. A ce moment là, il avait eu l'impression de se retrouver dans la situation du petit blond, quand celui-ci lui réclamait une relation de couple et que lui n'était prêt à lui accorder que du sexe.

Résultat, quand les lèvres chaudes et douces du plus petit s'étaient posées sur les siennes, tout en sachant qu'il ne souhaitait pas que ça aille plus loin que du sexe, il avait eu l'impression d'un poignard qu'il lui aurait enfoncé dans le cœur. Et il était parti. L'avoir contre lui une nuit de plus, ne pas pouvoir le toucher comme il en avait envie sans finir par se trahir, c'était trop dur. Peut-être était-il lâche, mais il ne doutait pas que Joeffrey, remis de sa mésaventure sur le parking de la boîte de nuit, trouverait à nouveau, auprès de ses habituels partenaires, le réconfort nocturne dont il avait besoin.

Le lundi matin, il fit en sorte d'arriver parmi les derniers à l'université, espérant ainsi ne pas avoir à subir le spectacle du noiraud riant dans les bras du cuivré. Mais, si son stratagème fut efficace une première fois, il ne put le remettre en œuvre à la récréation, et, en sortant de sa salle, il tomba nez à nez avec celui qu'il cherchait à éviter.

Assis sur le muret face à la porte, les bras croisés sur son petit torse, les yeux bien moins rieurs qu'à son habitude, il était clair qu'il l'attendait. Dans sa bouche, le brun retint un claquement de langue, et essaya de se composer une expression avant de se mettre devant lui.

_ Salut, mec.

_ Salut, Greg... Ecoute, je voulais m'excuser, pour vendredi soir. Je n'aurais pas dû te sauter dessus. Tu ne voulais pas, et j'ai insisté plus que lourdement... En fait, je me suis comporté comme j'ai horreur qu'on se comporte avec moi. Alors, voilà. Je suis désolé, Greg, et j'espère que tu me pardonneras.

Le plus grand mis un instant à comprendre ce qui se passait. Il s'attendait à ce que Joeffrey lui reproche son départ, qu'il lui demande des explications, qu'il évoque l'arrivée de Stéphane... Mais pas qu'il s'excuse pour ce qui n'était à ses yeux qu'un baiser, même si celui-ci l'avait chamboulé.