L'amant des autres [Terminée]

Chapitre 20 : Maria

Après la déclaration de Grégory, je reste là, sans bouger, bouche bée. Il... Il veut une exclusivité ? Alors qu'il ne m'a même pas touché ? Alors qu'il ne sait même pas comment je suis au lit ? Et puis, nous nous connaissons à peine, même si, au final, il est celui à qui je me suis le plus confié. Il sait que je ne veux pas d'une relation monogame, et lui-même m'a dit ne pas vouloir se mettre en couple.

Il est parti juste après s'être excusé de ce qu'il venait de me dire, me laissant encore plus perplexe que la semaine passée, quand il a quitté ma maison. S'il me veut et refuse de me partager, pourquoi a-t-il appelé Stéphane l'autre soir ? Pourquoi refuser ce que je suis déjà prêt à lui offrir ?

Je suis perdu avec lui. Mais une chose est encore plus étrange. C'est que, tout comme s'agissant de Stéphane, j'ai envie que ce soit possible. Parce que, si je suis honnête avec moi-même, même si j'aime m'envoyer en l'air, faire la bête à deux dos, prendre du bon temps, baiser... Je suis fatigué de devoir toujours donner de moi pour pouvoir dormir contre quelqu'un. Ensuite, si j'ai pu voir comment se comporte Grégory au quotidien, je ne sais pas quel type d'amant il est. Car, certes, je suis las de coucher pour obtenir un câlin, mais dans le cadre d'une relation ça ne serait pas la même chose...

Et en même temps, je ne me vois pas m'engager dans une relation monogame. J'aime trop la liberté de ma façon de vivre, même si je suis parfois contraint de faire plus que ce que j'aurais envie, et comme je le lui ai déjà expliqué plusieurs fois, je crains beaucoup de me retrouver seul.

Alors je fais quoi ? Sans compter qu'il n'y a pas que lui dans ma vie. Il y a aussi Stéphane... Je sais que les autres ne se sentiraient pas délaissés ou blessés si je choisissais de n'être plus qu'à Grégory. Mais mon grand cuivré... Sans compter que, moi non plus, je ne me sentirais pas bien. J'ai besoin de lui dans ma vie.

La cloche a sonné, mais je n'ai pas bougé. Je parcours les couloirs vides jusqu'à la cafétéria, et commande un de leurs mauvais thés, je n'ai pas le courage de boire leur jus de chaussette noir, et ce n'est de toute façon pas de ça dont j'ai envie.

L'heure passe, puis la suivante, et les mêmes réflexions tournent en boucle dans ma tête. Peu à peu, la cafétéria se remplit de gens. La plupart sont des groupes d'amis, mais il y a aussi des couples, et c'est sur eux que mon regard s'attarde. Pourrais-je un jour leur ressembler ? Ne vivre qu'avec un seul compagnon ? J'en doute. J'ai envie de me lever, de leur demander comment ils font pour être certain que l'autre sera là dans le prochain moment difficile, comment ils gèrent les conflits et autres vicissitudes de la vie. N'ont-ils pas peur de se retrouver seul quand l'autre décidera de partir ? L'éloignement professionnel ne les inquiète donc pas ? Et les divorces et autres séparations ?

En un sens, ma situation me garde de la douleur d'une rupture, puisque je ne suis pas en couple. Même s'il est vrai qu'à chaque départ de Stéphane j'ai l'impression de vivre ça. Et ça m'a fait la même chose quand Grégory m'a quitté l'autre soir.

Mais il est vrai qu'à son départ, mon gentil brun a fait en sorte que je ne sois pas seul, que mon cuivré me rejoigne. Mais le contraire se ferait-il également ? Certes, Stéphane a toujours accepté de me partager, mais parce que je ne lui laissais pas le choix. Non que Grégory m'impose de ne plus coucher avec d'autres, mais, en un sens, telle est sa condition pour qu'il me revienne. Alors pourquoi a-t-il appelé Stéphane ?

Je vais m'arracher les cheveux ! Je ne comprends pas comment fonctionne ce mec, et c'est en train de me rendre fou ! Tout était clair pourtant au début : je couche, mais pas en exclusivité, et ça, contre des bras pour me serrer pendant la nuit. Mais il a fallu qu'il m'arrive une merde, et qu'il me garde contre lui sans contrepartie pour que j'en perde la raison.